Après l’Union des magistrats sénégalais (Ums) qui a sorti un communiqué pour dénoncer l’attitude de Me Abdoulaye Babou, c’est l’Ordre des avocats qui entre en jeu. Me Papa Laïty Ndiaye et ses confrères du Conseil de l’Ordre ont considéré que les faits sont d’une gravité à ne pas négliger. Du coup, ils ont ouvert une procédure en entendant d’abord le confrère concerné. Me Babou a été auditionné avant-hier par le secrétaire général du Conseil de l’Ordre. Le rapporteur va prendre en charge l’enquête avant que le bâtonnier ne décide de la suite à donner.
Le bâtonnier de l’Ordre des avocats ne veut pas fermer les yeux face à la situation qui prévaut actuellement entre le procureur de Diourbel et Me Abdoulaye Babou. Me Papa Laïty Ndiaye, qui estime que la situation est très sérieuse et que le trouble à l’ordre public est bien réel, a pris les choses en main. Il a décidé d’ouvrir une enquête pour en savoir plus sur les tenants de cette affaire avant de prendre une quelconque décision. En fait, le Conseil a ouvert une procédure d’urgence étant donné la gravité des faits. Ainsi, un rapporteur a été désigné par Me Papa Laïty Ndiaye et ses confrères. Avant-hier déjà, Me Babou a été entendu sur la question par le secrétaire général de l’Ordre. Le rapporteur va enquêter sur cette affaire, en auditionnant l’avocat concerné, les témoins et si besoin le magistrat concerné, après avoir eu l’aval de son supérieur. C’est à la suite de cela qu’il remettra ses conclusions au bâtonnier qui donnera une suite au dossier.
S’agissant de la saisine, une source proche de l’affaire explique que c’est le bâtonnier qui s’est autosaisi. «Sur les questions disciplinaires, le bâtonnier a un pouvoir d’auto-saisine du Conseil de l’Ordre. Avant même de parler de qualification pénale, il y a d’abord la question disciplinaire. En fait, sur les questions disciplinaires, le bâtonnier peut être saisi soit par une plainte d’un particulier, soit, lorsque les faits ont une connotation pénale, par le Parquet général ou bien il peut se saisir lui-même. Et dans le cas d’espèce, il a instruit l’affaire», nous souffle notre interlocuteur. Mais, dans un premier temps, pour plus de prudence, l’Ordre a décidé d’abord d’instruire l’affaire, d’entendre le confrère pour savoir exactement ce qui s’est passé, avant de décider de toute sanction. Le bâtonnier peut classer sans suite comme il peut saisir le Conseil de discipline. «Dans la procédure disciplinaire, la décision prise par le bâtonnier peut être contestée par le Procureur général. Parce que la décision est communiquée au Procureur général qui a un droit d’appel. Parce que dans l’Etat, il y a les organes administratifs à caractère juridictionnel comme le Conseil de discipline du Conseil de l’Ordre, de l’Université etc. Ces organes peuvent prendre des décisions qui ont un caractère juridictionnel et il y a des voies de recours. Le Procureur général qui représente la société peut faire un recours contre ces décisions», explique notre interlocuteur.
Rappelons que Me Abdoulaye Babou avait eu un échange houleux avec le procureur de Diourbel lors d’un procès sur un litige foncier. L’avocat dira plus tard que le représentant du parquet a tenu des propos malveillants à l’endroit de Serigne Touba.
Alassane DRAME