Le vol de munitions perpétré à l’armurerie de l’armée sise à Ouakam est très suivi par le gouvernement mauritanien. Hier, à la suite de la réunion du Conseil des ministres, un communiqué a été sorti, mais pour minimiser l’affaire. Selon une source très au fait de cette affaire, Nouakchott estime que les munitions «étaient destinées à l’association de tir à la cible traditionnelle». Une explication qui ne convainc pas tout le monde.
L’affaire du vol des munitions à l’armurerie de l’armée sénégalaise sise à la base militaire de Ouakam est loin d’être une banale affaire de vol, quoi que l’armée, par le biais de son service de communication, tente de faire preuve de circonspection. La justice sénégalaise qui veut tirer au clair cette affaire a même ouvert une information. Selon nos sources, cette affaire semble d’autant plus sérieuse qu’elle semble tourner autour de trois axes : le Sénégal, la Mauritanie et le Mali. Principal pays de destination cité, Nouakchott est aussi dans une logique de minimiser et d’étouffer l’affaire. Nos sources nous soufflent que le gouvernement mauritanien, à la suite de la réunion du Conseil des ministres du jeudi dernier, a fait un communiqué en ce sens pour dire que «les munitions confisquées étaient destinées à l’association de tir à la cible traditionnelle».
Nouakchott parle de projectiles de type 16lml 7,62 utilisés pour le tir classique
Le nouveau gouvernement du général Mohamed Ould Ghazwani veut ainsi ôter tout doute sur une quelconque possibilité d’acte terroriste ou d’appui à une communauté mue par la rébellion. Les autorités mauritaniennes ont, par ailleurs, annoncé dans leur communiqué avoir identifié la source des munitions saisies dans une voiture en provenance du Sénégal et même la personne censée les recevoir. Elles estimeraient la valeur de la quantité de munitions saisie à 1,5 million d’ouguiyas (environ 2,3 millions Cfa). Nouakchott parle plutôt de projectiles de type 16lml 7,62 qui sont utilisés pour le tir classique.
Seulement, cette explication ne convainc pas tout le monde. Les sceptiques considèrent que le Président contesté Ghazwani joue faux et tente d’armer des groupes. La semaine dernière, un accord de paix a été signé à Nouakchott en présence du ministre de l’Intérieur. Ainsi, sur convocation des autorités mauritaniennes, les responsables de groupes armés de la Plateforme pro-gouvernemental (de la communauté arabe-maure des Oulad Yche) et de l’ex-rébellion (de la communauté arabe-maure des Tourmouz) s’étaient engagés à Nouakchott à faire baisser la tension. Ils ont à cet effet signé un cessez-le-feu incluant une démilitarisation de la zone de la localité malienne du Lerneb près de la frontière mauritanienne.
Selon tous les spécialistes, la paix au Mali devrait passer par la Mauritanie. Cependant, notre source soupçonne qu’il y a un double jeu mené par Mohamed Ould Ghazwani dans le conflit malien. D’ailleurs, les Mauritaniens opposés au Président Ghazwani ne sont pas convaincus par le communiqué du Conseil des ministres.
Rappelons que des munitions ont été volées à la base militaire de Ouakam avec la complicité présumée d’un militaire qui est actuellement en fuite. L’information judiciaire ouverte par le parquet permettra certainement de tirer l’affaire au clair.
Alassane DRAME