Selon une analyse préliminaire de l’Organisation mondiale de la santé (Oms) sur la situation du coronavirus dans 28 pays d’Afrique, les hommes sont plus touchés que les femmes par le Covid-19. Si l’on se base sur les données épidémiologiques du coronavirus fournies, les femmes atteintes de la maladie représentent 41% en général. Par contre, les mesures d’endiguement de la pandémie ont d’énormes conséquences sur les femmes, qui sont sujettes de violences domestiques avec le confinement. L'Oms a aussi relevé une hausse des décès maternels, mais aussi d'importantes conséquences économiques.
Le coronavirus continue de sévir en Afrique et dans plusieurs parties du monde. Les contaminations et les décès s’enchaînent chaque jour. L’Organisation mondiale de la santé (Oms) qui suit l’évolution du virus dans cette zone de très près à fait un constat : il y a plus de victimes masculines que féminines du Covid-19. A en croire Dr Moeti, Directrice du Bureau régional de l'Oms pour l'Afrique, les femmes représentent une proportion légèrement inférieure à celle des hommes en termes d'infections et de décès causés par le Covid-19. «L’analyse, basée sur des données épidémiologiques du Covid-19 prenant en compte le genre et fournies par les pays, révèle que les femmes comptent pour environ 41% des cas de Covid-19, mais avec des variations allant de 31% au Niger à 57% en Afrique du Sud», lit-on dans l’analyse préliminaire de l'Oms sur la situation du Covid-19.
Dans la plupart des pays, déclare Dr Moeti, les femmes sont un peu moins susceptibles de décéder du Covid-19 que les hommes. «Par exemple, en Côte d’Ivoire, le taux de létalité est de 0,4% pour les femmes contre 0,5% pour les hommes, tandis qu’en République démocratique du Congo il est de 2,2% pour les femmes et de 2,7% pour les hommes, et aux Seychelles de 0,1% et de 0,5%», explique la Directrice régionale de l’Oms pour l’Afrique.
C’est un phénomène inexplicable pour le moment, puisque les femmes, représentant la plus grande partie du personnel de santé, sont les plus exposées au risque d’infection. «En Afrique, plus de 95.000 travailleurs de la santé ont été infectés par le Covid-19. Aux Seychelles, les femmes représentent 71% des infections du personnel de santé, 64% en Eswatini, 55% en Côte d'Ivoire et 54% au Sénégal», informe Dr Moeti. Pour résoudre cette énigme, l’Organisation mondiale de la sante prévoit de faire davantage d’analyses pour déterminer les facteurs derrière les disparités en termes d’infections entre les femmes et les hommes, même si certaines études ont suggéré que des facteurs biologiques, comportementaux et sociaux peuvent être responsables de ces différences. Il y a aussi d’autres études qui soutiennent, selon l’Oms, que les hommes sont considérablement plus susceptibles de souffrir d’effets sévères du Covid-19 et d’avoir des conditions préexistantes, ce qui explique le taux de mortalité légèrement inférieur constaté chez les femmes.
Néanmoins, avec le Covid-19, on note une hausse des décès maternels, des violences domestiques faites aux femmes…
A côté de cette résistance contre le virus constatée chez la femme, l’Organisation mondiale de la santé a relevé des vulnérabilités chez la femme dues aux conséquences du Covid-19. «Les répercussions de la pandémie de Covid-19 sur les femmes et les filles ont été profondes, laissant nombre d’entre elles aux prises avec des risques exacerbés pour leur santé et leur sécurité», a déclaré Dr Matshidiso Moeti, Directrice régionale de l’OMS pour l’Afrique», souligne le rapport partiel de l’Oms. A cause des difficultés d’accès aux services sanitaires, 10 sur 22 pays ont enregistré une hausse de décès maternels, notée essentiellement au Comores, Mali, Sénégal et en Afrique du Sud entre février et juillet 2020, si l’on compare cette période avec la même en 2019. On note aussi dans 9 de ces 22 pays, une baisse du nombre de naissances dans les structures de santé et une hausse des complications dues aux avortements.
L’autre revers de la médaille, c’est que les violences faites aux femmes et particulièrement les violences domestiques ont augmenté dans plusieurs pays, alors que les préoccupations sécuritaires, sanitaires et financières ont généré des tensions et des contraintes qui ont été aggravées par la promiscuité résultant du confinement. Ensuite, les conséquences économiques du Covid-19 sont venues se greffer aux problèmes que les femmes rencontrent depuis la déclaration de la pandémie en Afrique. «Les travailleurs informels, dont la plupart sont des femmes, comptent pour plus de 90% de la main-d’œuvre en Afrique subsaharienne, d’après la Banque mondiale. Les emplois du secteur informel ont été particulièrement touchés par la pandémie», renseigne Dr Moeti.
Ndèye Khady DIOUF