Alors que la pandémie à coronavirus continue de tuer dans notre pays, affectant au plus sérieux notre économie, certains ne sont plus en mesure de croiser les bras, au risque de subir le pire. Parmi ceux-ci, les acteurs de la musique. Afin de sortir de cette situation, la Coalition des acteurs de la musique a adressé hier, une lettre ouverte au président de la République. Dans sa note, la Coalition, qui juge insuffisante l’aide apportée par le gouvernement dans le cadre du fonds Force Covid-19, exprime sa détresse face à sa situation, demandant plus de considération et d’écoute.
La Coalition des acteurs de la musique est à bout. Tellement à bout qu’elle a écrit une lettre ouverte au chef de l’Etat du Sénégal. Dans la missive, rendue publique, elle informe que les artistes et auxiliaires des métiers de la musique ne savent plus à quel saint se vouer et n’ont d’autre alternative que de se tourner vers son protecteur consacré par la Constitution sénégalaise.
Ceci dit, après avoir salué les efforts que déployés par l’État pour le secteur de la musique, les signataires de la lettre dont Daniel Gomes et Didier Awadi attirent l’attention du chef de l’État. «Monsieur le Président de la République, saviez-vous qu'à ce jour aucune redevance pour copie privée n'a été reversée aux ayants droit malgré le travail accompli par la commission suite à la signature des décrets d’application ? Que la Mutuelle de santé des artistes ne saurait endiguer, à elle seule, toute la misère des artistes et autres professionnels de notre secteur informel ?».
1,5 milliard alloué à 11.816 artistes et auxiliaires, soit 127.148 F Cfa par personne après 4 mois d’inactivité
Ce n’est pas tout. Didier Awadi et Cie révèlent : «savez-vous que sur les 3 milliards alloués à la culture, 50% de cette somme était destinée à 11.816 artistes et auxiliaires de notre sous-secteur, représentant un appui moyen de 127.148 F Cfa par personne après 4 mois d’inactivité ; soit l’équivalent d’un cachet moyen de 1059 F Cfa par jour et par travailleur du spectacle vivant ? », questionnent-ils.
«certains artistes en sont à tendre la main pour la dépense quotidienne»
Et de poursuivre : «que pendant que vous vous apprêtez à proposer un texte de loi sur le statut de l’artiste, notre calvaire est prolongé de 3 mois, portant ainsi à 8 mois l’arrêt de nos activités professionnelles, sans concertation et considération pour les travailleurs que nous sommes ? Que nous sommes perçus, à travers la communication gouvernementale, comme les responsables des malheurs qui frappent le Sénégal au point d'en être stigmatisés ? Que certains artistes et autres professionnels de la culture, qui ont fait la fierté et la joie de la population sénégalaise, en sont à tendre la main pour la dépense quotidienne ? Que des artistes et autres professionnels de la culture sont menacés d’expulsion pour défaut de paiement de loyers depuis mars 2020 ?»
Avant de préciser, à l’endroit du chef de l’État, qu’à ce rythme, le monde des arts amorce une lente agonie et il sera très difficile de les sauver. En effet, estiment-ils, quel que soit le remède, il sera trop tard pour les arts et les artistes. «Nous voulons retrouver notre dignité. Nous avons toujours été disponibles quand l’Etat avait besoin de nous pour défendre de grandes campagnes de sensibilisation nationale. Aujourd’hui, l’Etat doit se rendre disponible pour nous défendre en commençant par nous écouter : nous écouter non pas jouer et chanter car les cœurs ne sont pas à la fête, mais nous écouter proposer des solutions de sortie de crise pour notre secteur», notent-ils encore dans la lettre aussi signé par Khalilou Cissé de la Coalition des instrumentistes de musique du Sénégal, Moustapha Goudiaby de l’Association des managers et agents d’artistes ou encore de Rokhaya Daba Sarr d’Africa Fête.
Sidy Djimby NDAO