Elles sont huit femmes reporters, dont trois mariées, en l’occurrence Coumba Dia, Soda Thiam et Aby Diallo de la Rts qui figurent dans le lot des journalistes sénégalais qui ont fait le déplacement au Caire pour la couverture de la 32e édition de la Can 2019. Si elles sont ici, c'est parce qu'elles sont compétentes dans ce qu'elles font et non pour servir de figurantes ou pour créer une parité sur quoi que ce soit. Entre gérer la vie conjugale à distance, le stress du métier, ces femmes mariées se confient. Les célibataires aussi.
Ils sont au total 73 journalistes sénégalais à avoir effectué le déplacement en Égypte pour la couverture de la 32e édition de la Can. Dans ce lot, figurent 8 femmes reporters sportives, dont trois femmes mariées qui sont obligées de gérer leur vie conjugale et surtout le stress, la fatigue et l’environnement ultra-masculin qui règne autour de la Tanière des journalistes et de la Can. Mais, il semble ces femmes reporters sportives s’adaptent à toutes sortes de situations. En tout cas, elles sont convaincues des missions nobles attachées au sport. Au point de partager le même idéal que les hommes qu’elles côtoient tous les jours dans ce métier.
Coumba Dia, gradins.net : «On se fait bousculer en zone mixte, mais on ne se laisse pas faire»
Coumba Dia est catégoorique. Administratrice du site gradins.net, elle reconnaît d’emblée que ce n’est pas facile de gérer sa vie de couple et le travail, mais elle est tombée sur un époux compréhensif qui l’épaule beaucoup. «C’est même mon mari qui a choisi le nom de mon site. Ce n’est pas parfois évident, mais à mon niveau, je dis alhamdoulilah», assure la présidente de la Commission féminine de l’Anps. Une femme dans un monde d'hommes, ça attire forcément les convoitises. Coumba Dia a souvent été draguée dans les stades ou en taxi, mais elle sait remettre les choses à leur place. «Oui, cela peut arriver qu’on nous drague, mais il suffit juste de recadrer la personne et tout rentre dans l’ordre», déclare Mme Niang, convaincue que c’est une chance et une expérience nouvelle de couvrir une compétition comme la Can. En tant que femme mariée, la cohabitation avec les hommes ne leur pose aucun problème. «On gère, ce sont nos frères», sourit-elle. Pourtant, elle éprouve parfois des difficultés dans la quête de l’information, puisqu’elles sont souvent bousculées en zone mixte lors des matchs. «On se fait parfois bousculer par les hommes en zone mixte, mais on ne se laisse pas faire. Ce n’est pas un problème. Avant tout, je suis une journaliste sportive. C’est un métier que j’ai choisi parmi tant d’autres. Je suis obligée de faire avec et ne pas me plaindre», affirme Coumba Dia qui a eu à couvrir le Mondial 2018.
Soda Thiam, Rfm : «c’est dur en tant que femme mariée, mais nous sommes guidées par notre passion»
L’amour qu’elle porte pour ce métier est au-dessus de tout. Raison pour laquelle elle arrive à surmonter tous les problèmes. Aussi, Soda Thiam de la Rfm ne se plaint pas. «On connait le terrain, on a des flairs de reportage, d’autant plus que pour cette édition, la fédération nous a facilité le travail avec l’interview des joueurs à chaque fin de séance», explique-t-elle. Mais sa famille lui manque beaucoup. «C’est la première fois que je reste des semaines loin de mon mari et de ma fille. Ils me manquent beaucoup, mais il faut faire avec», ajoute Soda Thiam, qui a aussi eu à couvrir une Coupe du monde de basketball et une Can de Beach Soccer. «C’est un peu dur en tant que femme mariée et en tant que mère, mais nous sommes guidées par notre passion. On se bat aussi pour nos auditeurs», a poursuivi la journaliste de la Rfm, qui n’échappe pas non plus aux avances de certaines hommes en dehors de l’hôtel réservé à la presse. «Ici, les gens savent que je suis mariée, donc ce n’est pas un problème. Mais c’est à l’extérieur qu’on est confrontée à ce genre de problème», explique-t-elle. Soda Thiam de révéler une anecdote. «Alors que j’étais tranquillement assisse dans un taxi, un gars a roulé jusqu’à ma hauteur. Il a fait signe de la main, j’ai souri, il a ensuite écrit sur un bout de papier son numéro de téléphone qu’il a voulu glisser dans notre voiture, mais je l’ai ignoré. Il a ensuite roulé à vive allure pour rattraper notre voiture et me filer son numéro et cela m’a beaucoup amusée», assène Soda, souvent confondue à une femme arabe.
Aby Diallo Rts (radio) : «c’est difficile, mais c’est mon mari qui me motive»
Elle, c’est la doyenne des femmes reporters sportives, pour avoir eu la chance de couvrir trois Can. Aby Diallo de la Rts (Radio) vit sa première compétition internationale en tant que femme mariée. «C’est une nouvelle expérience pour moi, contrairement aux autres Can. Maintenant, il y a le ménage, le mari, la famille. Malgré la distance, il faut trouver un temps libre pour mon époux, qui vraiment m’aide beaucoup, car il est dans le milieu», déclare la journaliste de la Rts. «Mon mari me facilite la tâche et me pousse à me surpasser dans tous les domaines», ajoute Aby Diallo, qui a aussi a été victime des avances de quelques hommes dans son travail. «Les hommes ne font pas souvent la différence entre une femme mariée et une célibataire, mais c’est à toi de savoir ce que tu veux. Cela nous est arrivé récemment lors du match», dit-elle. Alors que toutes les conditions ne sont pas réunies pour cette Can à 24 équipes, elles s’adaptent, comme la plupart des hommes, pour faire correctement leur travail. «On est obligée de se battre pour les envois et tout. Hormis le problème du net, qui est général, on n’a pas trop de soucis», déclare Aby Diallo, qui croit dur comme fer à la victoire finale des Lions. «L’équipe est dans une courbe ascendante et je pense qu’elle est meilleure, par rapport aux autres éditions. Donc, il faut espérer», dit-elle.
ENCADRE
Sokhna Fall Kane Sen Tv et Zik Fm : «l’accès aux joueurs n’est pas facile»
Il n’y a pas que des célibataires chez les femmes journalistes qui ont effectué le déplacement. Sokhna Fall de la Sen Tv et de la Radio Zik Fm indique que ce n’est pas du tout facile pour les conditions de travail, surtout avec le timing et les problèmes du net. «On n’a pas beaucoup de temps comme pour nous qui faisons radio et télé en même temps. On n’a pratiquement pas de répit», explique Sokhna Fall, qui affirme aussi que c’est la croix et la bannière pour avoir ou vérifier une information dans la Tanière. «On est obligée d’appeler à gauche et à droite, mais on se bat pour satisfaire nos auditeurs et téléspectateurs et surtout pour notre rédaction», souligne-t-elle. Au rayon des problèmes rencontrés, la journaliste de Dmedia brandit la chaleur et comme elle est hypotendue, elle tombe souvent malade. Elle signale aussi la difficulté qu’elle rencontre pour l’accès aux joueurs. «Même avec le chargé de la communication, on a des problèmes pour glaner des informations. Notre but, c’est informer juste et vrai, mais on est obligés de passer par d’autres portes». Concernant la sélection nationale, Sokhna Fall déplore l’irrégularité du style de jeu. «Cela me dérange. Les Lions ont du mal à s’adapter aux différents adversaires. Le style de jeu change de match en match. Il faudra rectifier avant que ça ne soit trop tard. C’est possible, car il y a l’envie».
Fatou Kiné Sylla journaliste sud-dakarbanlieue.com : «ce n’est pas évident pour une femme de couvrir la Can»
Pour la journaliste de sud-dakarbanlieue.com, Fatou Kiné Sylla, missionnaire en même temps de l’Anps, pour une femme, couvrir une telle compétition n’est pas chose aisée. «Ce n’est pas évident pour une femme», dit-elle. Malgré les péripéties liées au travail, elles n’abdiquent pas et se battent pour être à la hauteur de l’attente placées en elles. «On n’a pas le droit de céder ni de lâcher. Malgré la pression du timing pour l’envoi de nos éléments, on fait tout pour y arriver», déclare Fatou Kiné, chargée de l’organisation au sein de l’Anps pour cette Can. Et sur ce plan, elle est confrontée à beaucoup de problèmes, notamment les jours de match. «Chaque personne à ses humeurs et je suis obligée de faire avec. Parfois je suis confrontée à beaucoup de problèmes pour la distribution du repas, mais on n’y fait pas attention. Le plus important est de permettre à tous les envoyés spéciaux d’être dans de bonnes conditions de travail», déclare Fatou Kiné.