Ce 2 juillet marque le quatrième mois bouclé avec le coronavirus sur le sol sénégalais. Et les services du ministère de la Santé ont encore sacrifié à la traditionnelle présentation du bilan technique concernant la lutte contre le coronavirus. C’est le Directeur du Centre des opérations d’urgence sanitaire qui a donné le ton. Même s’il reconnait l’évolution inquiétante de la maladie, Dr Bousso salue l’engagement des populations dans la lutte.
D’après le Dr Abdoulaye Bousso, en termes de nombre de cas, nous avons une progression de près de 38%, avec 2765 cas durant le mois de juin. La proportion des guéris a aussi très bien évolué, parce que nous étions à 2414 guéris et aujourd’hui nous avons 4595 guéris, soit un taux de guérison de 65%. Mais, le nombre de décès a fortement augmenté pour ce mois de juin, comparé aux trois mois passés, avec une progression de 74 décès.
Analysant la nature des cas, le Directeur général du Centre des opérations d’urgence sanitaire affirme que les contacts enregistrés ces 30 derniers jours représentent 78,5%, ceux issus de la transmission communautaire sont de 19,5% et les cas importés restent stables autour de 2%. Et concernant la répartition géographique, la maladie a fait le maillage de toutes les régions avec 58 districts touchés sur 79, soit un taux de 73%. 21 districts n’ont pas encore eu de cas positif et 7 parmi ceux touchés sont inactifs avec zéro cas. Pour l’âge des patients, Dr Bousso soutient que les patients de 0 à 20 ans représentent 16% des malades, les 20 à 59 ans font 69% et les 60 ans et plus représentent 15%. Les hommes restent le sexe dominant avec 58,68% et les femmes font 41,32%.
236 personnels de santé contaminés
Au cours du mois de mai, les contaminations en milieu médical étaient de 136 personnels infectées. Ce mois-ci, il y a eu une progression de plus 100, donc 236 personnels de santé contaminés dans les structures de santé, mais également dans la communauté. Mais la particularité de ce mois, à en croire dit le Directeur du Cous, c’est que 5 parmi ces derniers font partie du personnel des centres de traitement des épidémies (Cte). «La situation est préoccupante, mais le Sénégal ne constitue pas une exception dans le monde. La maladie évolue à l’échelle mondiale et de tous les pays», souligne Dr Bousso. Magnifiant les résultats obtenus jusque-là, Dr Abdoulaye Bousso révèle que le Sénégal est le 3ème pays de la sous-région à faire le plus de tests.
Désormais, seules les personnes symptomatiques ou vulnérables seront testées
Selon ce dernier, la stratégie doit être réajustée. On doit mettre le focus sur les malades et personnes vulnérables dont celles âgées, celles avec des morbidités, mais aussi les détenus, tout en réduisant la mortalité. «Dorénavant, seules les personnes symptomatiques seront testées, les contacts qui n’ont pas de symptômes n’en feront plus partie. Cela ne signifie pas qu’ils ne seront pas répertoriés et suivis», explique-t-il.
«À cause de la stigmatisation, près de 200 personnes ont refusé de rejoindre les centres de traitement»
Dr Bousso a aussi évoqué la prise en charge à domicile, que le ministre de la Santé avait annoncée le mardi dernier. A en croire le Directeur du Cous, ce ne sera pas une première pour le Sénégal, puisque d’autres pays l’ont fait avec des résultats. «Des discussions se sont posées par rapport à nos conditions de vie, mais on doit aussi reconnaître que certaines personnes remplissent les conditions pour être prises en charge à domicile. Et avec l’augmentation de la stigmatisation, nous notons certains cas de refus. Près de 200 personnes ont refusé de rejoindre les centres de traitement, elles préfèrent rester et se faire suivre chez elles. Tous ces patients ont pu guérir sans complications. Donc, au-delà de désengorger les hôpitaux, cela peut régler ce problème, si on le renforce», déclare Abdoulaye Bousso, selon qui un patient positif peut vivre en famille s’il respecte les mesures édictées. Donc, avec la prise en charge à domicile, la téléconsultation sera mise en place, des équipes d’intervention seront aussi déployées et le tout se fera dans la confidentialité. Avec l’ouverture prochaine des frontières, le Sénégal pense à tester les voyageurs avant qu’ils ne rentrent dans le territoire national pour réduire au maximum les cas importés.
Ndèye Khady D. FALL