Le confinement tant appelé par des Sénégalais semble être une mauvaise solution. Un recours que le pays ne peut pas faire, pour n'avoir pas les moyens financiers d’enfermer les populations pendant un long moment. La preuve, le village test a été un grand échec. Kanehambé, situé à 8 km de Goudiry et où 400 âmes se réveillent, semble vivre en prison. La nourriture n'étant pas disponible, le bétail est menacé et la faim guette les habitants. Telles sont les terribles révélations-confessions du fils du chef de village, Saïdou Kane, joint au téléphone par «Les Échos».
Kanehambé est la première localité confinée au Sénégal. Empêchées de se déplacer depuis 15 jours, les populations de ce village où se réveillent 400 âmes n’ont plus de quoi vivre. L’aide alimentaire envoyée avant le début du confinement n’a servi à rien. Joint par téléphone, le fils du chef de village, Saïdou Kane, revient sur la chronologie des faits. «Au début du confinement, les autorités nous ont apporté une aide composée de 18 sacs de riz, 5 cartons d'huile et 3 paquets de sucre pour tout le village, ce qui est trop insuffisant pour les ménages du village qui sont parfois nombreux. Nous ne minimisons pas ce qu’elles nous ont apporté. Mais, pour être franc, c’est largement insuffisant. Nous sommes reconnaissants envers l'Etat et nous le remercions, mais il faut savoir que nous traversons des moments difficiles», fait-il savoir.
25 kg de riz, 5 litres d'huile et 3 paquets de sucre par maison
«Cela fait 16 jours que nous sommes confinés. Tout récemment, les autorités sont revenues nous donner 25 kg de riz, 5 litres d'huile et 3 paquets de sucre pour chaque maison, ce qui ne signifie absolument rien. Nous sommes très fatigués. Nous mourrons de faim. Il ne nous reste plus rien aujourd'hui. Tout ce que les autorités avaient amené en termes de nourriture est fini. Et nous n’avons plus où aller», alerte le fils du chef du village de Kanehambé, distant de 8 kilomètres de Goudiry à l’Est en allant vers Kidira.
L’eau, le grand problème
«L'autre difficulté, c'est qu'on nous a interdit de puiser de l'eau des puits, alors que nous n'avons pas d'eau. Chaque jour, on nous amène deux citernes d'eau, mais cela ne suffit pas pour tout un village. Nous avons du bétail à nourrir. Nous sommes fatigués et nous interpellons les autorités car nous n'avons plus où aller. 16 jours de confinement, ça suffit largement. Qu'ils nous laissent aller à Goudiry acheter de la marchandise pour préparer le Ramadan et nourrir nos familles», fait-il savoir.
Selon des informations de dernière minute, les autorités vont incessamment déclencher le déconfinement de ces villages.
Baye Modou SARR