Autant il avait peiné dans la procédure contre Karim Wade pour récupérer ses honoraires, autant Papa Alboury Ndao peine encore pour rentrer dans ses fonds, après un travail d’expertise, dans un contentieux qui oppose la Caisse nationale de crédit agricole, devenue Banque agricole, à Ndiawar Nguer. Pire, l’expert a été assigné devant le juge des référés du Tribunal du commerce. L’affaire sera évoquée le 14 octobre prochain.
Pour tous ceux qui ont suivi le dossier Karim Wade, le nom de Papa Alboury Ndao fait penser au dossier initié par le Parquet spécial de la Cour de répression de l’enrichissement illicite (Crei). L’expert-comptable, désigné par la Crei dans cette affaire, avait réussi à «débusquer» le compte de l’ancien ministre des Infrastructures à Singapour. Ce compte contesté par Karim Wade, mais dont l’expert jure sur les saints l’existence réelle. En vertu de sa qualité d’expert, Alboury Ndao a été désigné, cette fois, par le juge du Tribunal du commerce, dans un contentieux qui oppose Ndiawar Nguer à la Caisse nationale de crédit agricole (Cncas) devenue Banque agricole. Le juge a mis les frais à la charge de l’institution bancaire, dans son ordonnance rendue le 31 juillet 2019 et a fixé les honoraires de l’expert. Fort de l’ordonnance, Alboury Ndao l’a signifiée à la Cncas, le 28 août 2019, pour procéder à son exécution. Mais, il s’est heurté au niet de la banque qui a fait opposition à l’ordonnance avant de l’assigner. La banque, qui conteste les honoraires fixés, refuse également de payer, soutenant que c’est la partie demanderesse, en l’occurrence Ndiawar Nguer, qui doit payer. Du coup, Alboury Ndao revit son expérience de la Crei et n’est toujours pas payé. Les frais s’élèvent à plusieurs millions de francs.
Selon la Cncas, «curieusement» dans le libellé de l’ordonnance de taxation, il n’est pas mentionné clairement les montants dus par les parties ; le juge n’a pas touché cette rubrique. «Le magistrat taxateur s’est abstenu de renseigner lesdites rubriques laissées vierges par l’expert», souligne l’institution bancaire, dans la requête aux fins d’opposition-assignation. Indexant, cette fois Alboury Ndao, la Cncas soutient que ce dernier, en fixant ces honoraires, n’a pas précisé «ce sur quoi il s’est fondé pour le calcul». Pour la banque, l’expert a donné la somme globale des honoraires, «sans aucune indication des modalités de sa détermination, contrairement à ce que prévoit la loi». Alboury Ndao qui a présenté deux requêtes au juge taxateur pour fixer ses honoraires, nage, selon la banque, dans le «tâtonnement». Ainsi, l’institution bancaire sollicite la rétraction de l’ordonnance de taxation dirigée à son encontre. Elle requiert aussi du juge de dire et juger que ce n’est pas la banque qui supporte les honoraires. Le dossier sera évoqué le 14 octobre prochain.
Alassane DRAME