2019 restera une année sombre pour le sport sénégalais. Durant cette période, le Sénégal a perdu trois grandes finales (deux en football et une en basket). Ces échecs répétés des équipes nationales sénégalaises suscitent des questions. Comment expliquer la difficulté de ces dernières à franchir la dernière marche ? Des acteurs du sport ont tenté de diagnostiquer le patient sénégalais.
En perdant trois grandes finales majeures dans différentes disciplines, le sport sénégalais connaît une année 2019 sombre. Avec pourtant des athlètes pétris de talent, on n’arrive pas à gagner. Les échecs en finale des U20 au Niger devant le Mali, des Lions au Caire face à l’Algérie et des Lionnes dimanche dernier contre le Nigeria suscitent des interrogations. Pourquoi on n’y arrive pas ? Qu’est-ce qui cloche ? Autant de questions auxquelles des acteurs du sport ont tenté de répondre. Pour décrypter ces échecs répétitifs, nous avons interrogé des spécialistes.
ALASSANE DIA : «si nous péchons, c’est au niveau mental. En étant deuxième, on s’auto-satisfait. On peut même à la limite jubiler, comme si on avait gagné»
Alassane Dia pense qu’il y a un problème de mental, voire même de mentalité. En parlant de mentalité, l’ancien coach du Jaraaf et de l’As Pikine déclare : «nous tombons un peu dans l’autosatisfaction. On peut se suffire d’être deuxième parce qu’on ne gagnera pas au finish. En étant deuxième, on s’auto-satisfait. On peut même à la limite jubiler, comme si on avait gagné». Pour Dia, «c’est une tare sénégalaise par rapport à ce que réclame la haute compétition en termes de résultats. C’est un problème de mental, mais c’est finalement un problème de mentalité quelque peu sénégalaise. On dira toujours ‘’fii mu yam sax neexna’’. Vous voyez les difficultés qu’il y a à se transcender pour aller jusqu’au bout». Cela est d’autant plus vrai qu’il souligne qu’entre la Can de football et l’Afrobasket féminin, il y a eu deux difficultés majeures face aux équipes sénégalaises : l’Algérie pour le football et le Nigeria pour le basket. «On savait que ce sont, dans les deux cas, les adversaires farouches pour le Sénégal par rapport à l’obstacle», explique-t-il. Pour remédier à ce problème, Alassane Dia indique qu’il nous faut beaucoup travailler sur l’aspect mental. Il nous faut sortir, dit-il, de la mentalité sénégalaise, cette autosatisfaction primaire et qu’on puisse travailler sur la finalité du sport. Ce, à travers des programmes de formation au niveau du basket, du football et des autres disciplines. «Il faut qu’on arrive à ne nous préoccuper que de la victoire finale. Nous sommes très bons techniquement et tactiquement, physiquement nous n’avons pas à nous plaindre de nos adversaires, mais si nos péchons, c’est au niveau du mental», lance Dia.
NDOFFENE FALL : «Il faut se demander pourquoi les sports de combat gagnent et pas le football et le basket»
Il va falloir que le Sénégal au niveau du sport fasse une évaluation globale et sans complaisance pour tirer les leçons de nos principales difficultés depuis quelque temps. C’est l’avis de Ndoffène Fall, ancien international sénégalais de football et dirigeant du Jaraaf de Dakar. «Il faut se demander pourquoi les sports de combat gagnent et que les autres disciplines ne gagnent pas. Il faut pousser la réflexion, accepter de se retrouver, de se dire des vérités et apporter les correctifs nécessaires. Si nous avons cette réponse, nous parviendrons certainement à franchir ce pas», a indiqué Ndoffène Fall, qui pense aussi que le système d’élection des présidents des fédérations constitue un frein pour espérer gagner des trophées. «Le président avec ce mode d’élection n’a pas les coudées franches. On met en place d’abord le comite exécutif et après on y incruste le président. Même s’il a de bonnes idées et de bonnes orientations, s’il est tout le temps mis en minorité, cela ne peut pas passer», dit-il. Avant de poursuivre : «si on prend les sports de combat, le judo, le karaté et Cie, un athlète qui n’a jamais mis un kimono ne peut pas avoir la prétention d’être membre du comité exécutif. En Côte d’Ivoire, on élit le président, il met en place ses collaborateurs. Au Sénégal, le président est le dernier élu». Ndoffène Fall pense aussi que les politiques sportives ne datent pas de longtemps. Tout de même, il reconnaît que des efforts ont été faits au niveau de l’organisation. «L’Etat a bien compris qu’il faut mettre les équipes dans les meilleures conditions possibles», souligne-t-il.
MAMADOU DIEYE DIT PABI : «on ne peut plus se contenter des secondes places»
Mamadou Dièye, plus connu sous le sobriquet de Pabi, embouche la même trompette. «Le plus important dans la vie, c’est d’être champion, pas se contenter de la seconde place», assure le coach de l’As Douane. Néanmoins, il reconnaît les efforts consentis ces derniers temps par les dirigeants du sport sénégalais. A l’en croire, «les gens sont en train d’abattre un bon travail, mais nous n’avons pas encore la chance de remporter un trophée, que ce soit en football ou en basket». Et pour la balle orange qu’il maitrise le mieux, Pabi assure qu’il y a un nivellement des valeurs entre les anciennes et les nouvelles qui viennent d’arriver dans la Tanière. Arriver en finale n’est pas facile et pour espérer reconquérir le titre continental, il souligne : «il faudra organiser des prospections pour pouvoir détecter nos meilleurs talents, pour espérer rivaliser avec des équipes comme le Nigeria».
Mansour SAMB
En perdant trois grandes finales majeures dans différentes disciplines, le sport sénégalais connaît une année 2019 sombre. Avec pourtant des athlètes pétris de talent, on n’arrive pas à gagner. Les échecs en finale des U20 au Niger devant le Mali, des Lions au Caire face à l’Algérie et des Lionnes dimanche dernier contre le Nigeria suscitent des interrogations. Pourquoi on n’y arrive pas ? Qu’est-ce qui cloche ? Autant de questions auxquelles des acteurs du sport ont tenté de répondre. Pour décrypter ces échecs répétitifs, nous avons interrogé des spécialistes.
ALASSANE DIA : «si nous péchons, c’est au niveau mental. En étant deuxième, on s’auto-satisfait. On peut même à la limite jubiler, comme si on avait gagné»
Alassane Dia pense qu’il y a un problème de mental, voire même de mentalité. En parlant de mentalité, l’ancien coach du Jaraaf et de l’As Pikine déclare : «nous tombons un peu dans l’autosatisfaction. On peut se suffire d’être deuxième parce qu’on ne gagnera pas au finish. En étant deuxième, on s’auto-satisfait. On peut même à la limite jubiler, comme si on avait gagné». Pour Dia, «c’est une tare sénégalaise par rapport à ce que réclame la haute compétition en termes de résultats. C’est un problème de mental, mais c’est finalement un problème de mentalité quelque peu sénégalaise. On dira toujours ‘’fii mu yam sax neexna’’. Vous voyez les difficultés qu’il y a à se transcender pour aller jusqu’au bout». Cela est d’autant plus vrai qu’il souligne qu’entre la Can de football et l’Afrobasket féminin, il y a eu deux difficultés majeures face aux équipes sénégalaises : l’Algérie pour le football et le Nigeria pour le basket. «On savait que ce sont, dans les deux cas, les adversaires farouches pour le Sénégal par rapport à l’obstacle», explique-t-il. Pour remédier à ce problème, Alassane Dia indique qu’il nous faut beaucoup travailler sur l’aspect mental. Il nous faut sortir, dit-il, de la mentalité sénégalaise, cette autosatisfaction primaire et qu’on puisse travailler sur la finalité du sport. Ce, à travers des programmes de formation au niveau du basket, du football et des autres disciplines. «Il faut qu’on arrive à ne nous préoccuper que de la victoire finale. Nous sommes très bons techniquement et tactiquement, physiquement nous n’avons pas à nous plaindre de nos adversaires, mais si nos péchons, c’est au niveau du mental», lance Dia.
NDOFFENE FALL : «Il faut se demander pourquoi les sports de combat gagnent et pas le football et le basket»
Il va falloir que le Sénégal au niveau du sport fasse une évaluation globale et sans complaisance pour tirer les leçons de nos principales difficultés depuis quelque temps. C’est l’avis de Ndoffène Fall, ancien international sénégalais de football et dirigeant du Jaraaf de Dakar. «Il faut se demander pourquoi les sports de combat gagnent et que les autres disciplines ne gagnent pas. Il faut pousser la réflexion, accepter de se retrouver, de se dire des vérités et apporter les correctifs nécessaires. Si nous avons cette réponse, nous parviendrons certainement à franchir ce pas», a indiqué Ndoffène Fall, qui pense aussi que le système d’élection des présidents des fédérations constitue un frein pour espérer gagner des trophées. «Le président avec ce mode d’élection n’a pas les coudées franches. On met en place d’abord le comite exécutif et après on y incruste le président. Même s’il a de bonnes idées et de bonnes orientations, s’il est tout le temps mis en minorité, cela ne peut pas passer», dit-il. Avant de poursuivre : «si on prend les sports de combat, le judo, le karaté et Cie, un athlète qui n’a jamais mis un kimono ne peut pas avoir la prétention d’être membre du comité exécutif. En Côte d’Ivoire, on élit le président, il met en place ses collaborateurs. Au Sénégal, le président est le dernier élu». Ndoffène Fall pense aussi que les politiques sportives ne datent pas de longtemps. Tout de même, il reconnaît que des efforts ont été faits au niveau de l’organisation. «L’Etat a bien compris qu’il faut mettre les équipes dans les meilleures conditions possibles», souligne-t-il.
MAMADOU DIEYE DIT PABI : «on ne peut plus se contenter des secondes places»
Mamadou Dièye, plus connu sous le sobriquet de Pabi, embouche la même trompette. «Le plus important dans la vie, c’est d’être champion, pas se contenter de la seconde place», assure le coach de l’As Douane. Néanmoins, il reconnaît les efforts consentis ces derniers temps par les dirigeants du sport sénégalais. A l’en croire, «les gens sont en train d’abattre un bon travail, mais nous n’avons pas encore la chance de remporter un trophée, que ce soit en football ou en basket». Et pour la balle orange qu’il maitrise le mieux, Pabi assure qu’il y a un nivellement des valeurs entre les anciennes et les nouvelles qui viennent d’arriver dans la Tanière. Arriver en finale n’est pas facile et pour espérer reconquérir le titre continental, il souligne : «il faudra organiser des prospections pour pouvoir détecter nos meilleurs talents, pour espérer rivaliser avec des équipes comme le Nigeria».
Mansour SAMB