Rien ne va plus entre le maire et les conseillers municipaux de la commune de la Patte d’oie. Un véritable dialogue de sourds qui a atteint son paroxysme, hier, quand le maire Banda Diop a voulu «violer» la loi régissant les collectivités locales, pour faire adopter le budget de la ville, à 48 heures de la date limite. Mal lui en a pris puisqu’il a été minorisé par son conseil municipal. Une véritable humiliation qui l’a poussé à bouder la séance.
Tout avait bien commencé, pourtant, hier, lors de ce qui devait être la réunion du Conseil municipal de la Commune de Patte d’oie. Avec comme principal point à l’ordre du jour le «vote du budget», la séance a débuté à 16 heures 30. Et tous les concernés ou presque étaient présents. Bien installés, le préfet du département de Dakar, le maire Banda Diop, les conseillers municipaux, attendaient tranquillement le début des travaux. Hélas ! Il n’y aura pas de réunion, encore moins des travaux autour de l’ordre du jour que le maire de la commune Banda Diop a voulu faire passer. Et pour cause, les conseillers municipaux, notamment les pro-Khalifa Sall, qui, semble-t-il, n’ont pas encore digéré la trahison de l’édile de la commune, ont décidé de lui barrer la route. Ce d’autant que ce-dernier, retenu par on ne sait quel empêchement, est resté jusqu’à 48 heures de la fin du délai imparti aux collectivités locales par la loi régissant le fonctionnement des collectivités locales, pour tenter de faire passer son projet de budget.
Finalement, il n’y est pas arrivé et même le préfet n’a pas pu le sauver. Mais, s’il en est ainsi, c’est que les conseillers frondeurs étaient du côté de la loi et donc de la vérité, ce qui de facto place le maire de l’autre côté. En effet, selon la loi, la session dure un mois. Il faut d’abord convoquer le Conseil municipal, évoquer les questions, ensuite convoquer la commission des Finances qui examine le budget avant d’en venir à la plénière. C’est donc tout une procédure qui a été omise par le maire, qui, piqué par on ne sait quelle mouche, a tenté de factoriser tout cela en 48 heures. Impossible ! Et il en a fait les frais, hier, quand les conseillers de sa mairie lui ont opposé un niet catégorique.
Ceux-ci ont, en effet, décidé d’amender l’ordre du jour en décidant la suppression du point concernant le vote du budget, ce qui, de manière automatique, entraine la suppression des autres points de l’ordre du jour, qui sont tous, d’une manière ou d’une autre, liés au premier point sur le vote du budget.
Pour argument, les frondeurs font savoir queBanda Diop n’a jamais réuni le Conseil municipal pour discuter de la question. Ils ne comprennent toujours pas pourquoi ce n’est qu’avant-hier que ses services ont envoyé des convocations aux conseillers municipaux pour l’examen du budget qui était prévu hier vendredi.
Devant cette impasse et sans doute conscient que tout vote lui sera défavorable, le maire Banda Diop a tout simplement rassemblé ses dossiers avant de bouder la séance. «Il n’aurait pas eu plus que trois conseillers qui lui sont favorables», estime un conseiller de la commune contactée par «Les Échos». C’est donc avec le plus grand réalisme du monde que Banda Diop a boudé son propre Conseil municipal.
C’est en tout cas ce qu’en pensent les Conseillers municipaux de la commune qui, devant «le comportement irresponsable du maire», ont aussitôt interpellé le préfet et espère que celui-ci, «après avoir rappelé le maire à l’ordre, prendra les dispositions nécessaires pour attribuer un budget à la commune de Patte d’Oie». Ce qui ne devrait pas tarder si la loi est appliquée dans toute sa rigueur.
En attendant, la commune de la Patte d’Oie est, sans doute, la seule collectivité locale du Sénégal qui n’a pas encore voté son budget pour l’exercice 2019.
Sidy Djimby NDAO