Que les hommes politiques en mal avec le régime se le disent bien, l’Onu n’est sans doute pas le lieu indiqué pour voir sécher ses larmes quand on a reçu le bâton du pouvoir en place. Le Conseil des droits de l'homme des Nations-Unies l’a prouvé, en déroulant le tapis rouge au ministre des Affaires étrangères, Amadou Ba. Alors que quelques mois auparavant, un autre organe de l’organisation mondiale condamnait le Sénégal dans l’affaire Karim Wade.
Le 14 novembre 2018, les «constatations» du Comité des droits de l’homme des Nations-Unies, saisi par Karim Wade, en mai 2016, étaient signifiées à l’État du Sénégal et aux avocats de Wade fils. Les conclusions contenues dans ce document de 14 pages sonnaient comme un désaveu cinglant pour l’État sénégalais. On était à moins de quatre mois de la présidentielle. Dans le texte, le comité onusien estimait en effet que le droit à un procès équitable de Karim Meïssa Wade, condamné en mars 2015 pour enrichissement illicite, a été violé. En conséquence, il déclarait que «la déclaration de culpabilité et de condamnation contre [Karim Wade] doit être réexaminée». Mais jusqu’à présent, le Sénégal ne s’est pas exécuté.
On croyait que Dakar était parti pour payer cher son «manque de considération» envers un organe onusien et par ricochet envers l’Onu. On avait tout faux ! Hier, le Sénégal a semblé redorer son blason devant ses pairs. Invité à prendre la parole à l’occasion de la 42ème session du Conseil des droits de l'homme des Nations-Unies, le chef de la diplomatie sénégalaise a axé son discours sur les violations des droits de l’homme à travers le monde.
Le Sénégal est ainsi préoccupé par le non-respect des règles basiques qui encadrent les situations de conflits, par les discours de haine, le racisme et la discrimination raciale, la xénophobie, le non-respect des droits de migrants et de réfugiés ainsi que les changements climatiques et leurs impacts sur les populations, particulièrement en Afrique. «Toutes ces problématiques remettent en cause la dignité humaine, renforcent la polarisation dans nos sociétés et menacent de disloquer les consensus dynamiques historiquement et patiemment obtenus par la communauté internationale», a regretté Amadou Ba.
Pour le Sénégal, il est impérieux de préserver le caractère indivisible, indissociable, interdépendant et universel des droits de l’homme, a conclu le chef de la diplomatie sénégalaise.
Le Conseil des droits de l’homme convié à Dakar le 21 octobre prochain
Cerise sur le gâteau, les autorités sénégalaises ont invité les États membres du Conseil des droits de l’homme à une rencontre à Dakar pour examiner des problématiques touchant aux droits humains et les changements climatiques. Amadou Ba a convié les membres du Conseil à une retraite prévue les 21 et 22 octobre 2019 dans la capitale sénégalaise.
Selon le communiqué du Conseil des droits de l'homme des Nations-Unies publié hier, cette rencontre qui aura un format informel permettra au Conseil d’avoir des discussions interactives autour de quatre thématiques, notamment sur l’environnement, le changement climatique et les droits de l’homme. «Il est également prévu des échanges sur ‘’les migrations de masse’’ ; les droits humains face aux inégalités croissantes et la responsabilité sociale des entreprises ; mais aussi l’application de ces droits à l’ère du numérique», rapporte le document.
Sidy Djimby NDAO