20 ans de travaux forcés, c’est la peine que risque le footballeur de 23 ans Thierno Dieng alias Ndama, qui comparaissait hier devant la Chambre criminelle de Dakar, pour meurtre. Délinquant notoire qui boit de l’alcool et fume du yamba, comme l’ont décrit les gens de son quartier de Scat Urbam, cet accusé avait mortellement poignardé à coups de tesson de bouteille le chauffeur Mamadou Lo, en novembre 2016, alors qu’ils étaient tous les deux en état d’ébriété. Délibéré le 17 mars prochain.
Décrit par les habitants de son quartier de Scat Urbam comme un délinquant notoire, un voleur, un alcoolique et un fumeur de chanvre indien, le footballeur de 23 ans Thierno Dieng dit Ndama a confirmé ces dires. Car, après avoir pris une bonne dose d'alcool et à l'issue d'une bagarre, il a tué Mamadou Lo de plusieurs coups de tesson de bouteille qu'il lui a assénés sur différentes parties du corps. Interrogé, il a soutenu devant les enquêteurs que la victime Mamadou Lo lui a demandé une pièce de 100 F et il lui a répondu qu'il n'en avait pas. C'est là que, selon lui, la victime l'a insulté et qu'il lui a retourné ses injures. Hélas, dit-il, Lo s'est rué sur lui après avoir cassé une bouteille qu'il détenait en lui assénant un coup de tesson sur le bras gauche. C'est au second coup qu'il a paré désarmé Thierno Dieng, s'est mis à califourchon sur lui avant de le poignarder à plusieurs reprises sur différents endroits du corps. Selon le rapport de l'autopsie, la victime a reçu 7 coups au thorax et d'autres sur la poitrine, l'épaule et les pieds.
Inculpé pour homicide volontaire, Thierno Dieng a été jugé hier après 4 ans de détention préventive. Regrettant ce qui s’est passé, il a expliqué n'avoir jamais eu l'intention de tuer la victime. «Il était mon ami. Vers 21h ce jour-là, je suis descendu avec une pièce de 500 F pour aller acheter du thé que je devais préparer pour le compte de ma mère. Après m'avoir vu, il m'a appelé et m'a demandé une pièce d'argent. Mais, je lui ai rétorqué que je n'en avais pas. C'est là qu'il m'a traité de méchant en m'insultant avant de m'empoigner. J'ai répliqué à ses injures. Et c'est là qu'il a brandi une bouteille avec laquelle il m'a asséné un coup sur la tête. J'ai commencé à perdre connaissance. Mais avant ça, j'ai repris le tesson et l’ai poignardé à mon tour. Il m'a occasionné plusieurs blessures et je suis resté 1 mois dans le coma», s'est défendu l'accusé, qui poursuit : «ce jour-là, j'avais bu une bouteille d'alcool appelé ‘’le Vieux’’ et qui coûte 1200 F, après l'avoir dilué. Mais je confirme que je n'étais pas ivre. La victime avait avec lui une bouteille d'alcool ‘’le Capitaine’’ mais je ne savais pas s'il était oui ou non ivre avant notre bagarre. Je fume du yamba dans ma chambre et non dehors», a-t-il précisé. Avant que le juge ne rétorque : «ce qui m'étonne aujourd'hui au Sénégal c'est trop facile de tuer un être humain». Mère de la victime, la dame Khady Ndiaye se tenait debout aux cotés du présumé meurtrier de son fils faisant le récit des faits. Cependant, elle n'a pas manqué de craquer et de tomber en sanglots avant qu'on ne l'aide à s'installer sur un siège réservé aux avocats. Toujours, lorsque le juge Massamba Sène a demandé à l'accusé de compter les coups qu'il a assénés à son fils, vu la violence et la gravité des faits, la mère continuait toujours à sangloter et cette fois-ci cela s'entendait dans toute la salle. Mais, à l'heure de son interrogatoire, Khady Ndiaye a fortement hurlé pendant qu'elle faisait face au président de l'audience. Criant, elle a de vive voix invoquée le nom d'Allah. Dans sa narration, elle soutenait que son fils était son soutien et faisait même le balayage pour elle. «C'est un de ses amis qui m'a informé de son décès. Il était un chauffeur et il m'était d'un soutien inconditionnel. Il faisait tout pour moi. Il vivait avec moi à Keur Massar depuis le décès de son père qui était domicilié aux Hlm Grand-Yoff. Je ne l'ai jamais vu boire de l'alcool, ni fumer comme l'a attesté l'accusé. Il était célibataire sans enfant», déclare la dame qui souligne : «rien ne peut me rendre mon fils et je sollicite que la justice fasse son travail. Je réclame 15 millions d'intérêts civils», dit-elle. Le procureur Saliou Ngom, qui estime qu'il y a une intention de donner la mort, a requis 20 ans de travaux forcés contre Thierno Dieng. «S'il dit qu'il n'avait pas l'intention de donner la mort, je n'y crois pas. Parce qu'il a visé des parties sensibles. Il y a aussi le nombre de coups qu’il lui a infligés. L'accusé vous dit que c'est par souci de vengeance qu'il lui a donné ces coups», lâche le parquetier. Quant à la défense, elle a souhaité une application bienveillante de la loi contre son client. «Les faits qui nous réunissent aujourd'hui sont liés à l'alcool. Il ne s'agit pas d'une vengeance, mais d'une riposte. L'excuse de provocation est indiscutable», a fait remarquer l'un des conseils. Délibéré au 17 mars 2020.
Fatou D. DIONE