Le feuilleton de la saisine du Conseil constitutionnel par le député Abdou Mbacké Dolly se poursuit. Après le Pds, l’auteur s'est mis à dos son parti. Les quatre autres députés de Bokk Gis-Gis ont eux aussi refusé de signer la saisine agissant en parfaite entente avec le Pds. Pape Diop pense aussi la même chose. Pour le patron de Bok Gis Gis, dans cette histoire, les règles ont été faussées depuis le départ, parce que dans un groupe parlementaire, il y a une certaine discipline à respecter.
Serigne Abdou Mbacké Dolly ne pourra pas compter non plus sur son parti pour étoffer ses signatures pour la saisine du Conseil constitutionnel encore moins pour avoir gain de cause sur le Pds. Le président de son parti par ailleurs député lui aussi a l’Assemblée nationale est formel : Bokk Gis-Gis est sur la même longueur d’onde que le Pds sur cette affaire. Selon Pape Diop, c’est la démarche du député Abdou Mbacké Dolly qui pose problème. «Quand on est dans un parti, un groupe parlementaire, la règle la plus élémentaire, c’est de respecter l’esprit de groupe. Quand on a une idée, on la présente aux membres du groupe pour bénéficier de la solidarité des membres», déclare-t-il. Poursuivant, le président de Bokk Gis-Gis soutient : «si tout s’était passé normalement, c’est nous qui devrions porter le combat. Abdou Mbacké doit savoir que l’on ne peut pas faire germer une idée, aller l’exposer à la presse pour ensuite recueillir des signatures individuellement auprès des gens, sans en avoir parlé dans un cadre approprié au sein du groupe». A en croire Pape Diop, sa coalition avec le Pds à l’Assemblée nationale ne souffre d’aucune ambiguïté et ce n’est pas aujourd’hui que cela va commencer. «Aller parler à la presse sans exposer le projet au groupe, c’est nous mettre devant le fait accompli et ça ne peut pas passer. Il y a une certaine discipline à respecter en politique», prévient-il.
Pape Diop : «il ne peut pas avoir 16 signatures, il est en train de faire des spéculations pour rester au-devant de la scène»
Sur les 16 signatures annoncées par l’auteur de la saisine, le président de Bokk Gis-Gis affirme que c’est mathématiquement impossible, au vu de la configuration politique actuelle au niveau de l’hémicycle. «Si l’on se fie aux prises de position des uns et des autres, il lui est impossible de recueillir 11 signatures, encore moins les 16 qu’il a déclarées dernièrement. A moins qu’il n’ait réussi à faire signer des députés de la majorité, ce qui est improbable», renseigne Pape Diop qui pense qu’Abdou Mbacké est en train de faire des spéculations pour rester au-devant de la scène. D’après Pape Diop, même son collègue Mamadou Lamine Diallo s’y est mis pour le convaincre. «Mamadou Lamine Diallo a même essayé de me proposer un compromis. Il a proposé que Abdou Mbacké Dolly se retire pour laisser quelqu’un d’autre porter le combat, mais je lui ai di que cela reviendrait au même, parce que l’auteur continuera de se glorifier d’avoir réussi. Plus important encore, cette affaire de saisine n’a jamais fait l’objet de débats dans le groupe Liberté et Démocratie», dit-il.
Yaye Mane Albis : «je n’ai pas signé parce que je n’ai reçu aucun avis de notre leader»
La huitième vice-présidente de l’Assemblée nationale et présidente des femmes de Bokk Gis-Gis embouche la même trompette que son leader. «Je n’ai pas pu assister à la séance plénière du projet de loi relative au couvre- feu. Mais Serigne Abdou Mbacké m’a appelé pour m'informer de sa saisine et sollicité ma signature. Mais étant donné que nous sommes dans le même parti et que je n’ai reçu aucun avis de notre leader, Je ne l’ai pas signée», a fait savoir Yaye Mane Albis. Poursuivant, elle affirme qu’elle est une militante très engagée auprès de son leader et qu'elle se concerte avec lui sur toutes les questions politiques. «Même si l’on fait fi de mon engagement auprès de Pape Diop, il ne faut pas perdre de vue que nous sommes membres du groupe parlementaire Liberté et Démocratie, ce qui nous oblige à nous plier à son règlement. Je partage le même avis que mes collègues du Pds», déclare-t-elle.
Nango Seck : «on ne peut pas feindre de saisir le Conseil constitutionnel juste pour chercher le buzz»
Bien qu'absent du Sénégal, Nango Seck, l’un des députés de Bokk Gis-Gis, a été lui aussi contacté par Abdou Mbacké Dolly pour avoir sa signature. «Il m’a contacté pour m’informer de la saisine, mais je l’ai renvoyé directement vers le président du parti et le président du groupe parlementaire Liberté et Démocratie auquel nous appartenons tous», révèle M. Seck. La conviction de ce dernier, c’est que le débat devait d’abord avoir lieu au sein des instances des partis qui composent ledit groupe avant d’atterrir au niveau du groupe. «Ces genres de combat méritent une profonde réflexion avant d’être portés devant l’opinion. L’esprit du groupe doit primer. Le président Pape Diop et Me Wade se concertent avant toute décision, alors tous les membres du groupe devraient se conformer à cela. On n’a pas le droit de rechercher du buzz avec une saisine du Conseil constitutionnel», affirme Nango Seck.
Ndèye Khady DIOUF