Il n’est pas resté longtemps à l’étranger. Alors qu’on le critiquait d’avoir pris Air France au détriment de Air Sénégal le week-end dernier, Ousmane Sonko a fait un post pour dire qu’il a reçu hier la Mission d’observation de l’Union européenne qui était venue lui remettre une copie de son rapport. Voilà ce qu’écrit le leader de Pastef : «la Mission de l'Union européenne est venue aujourd'hui à notre siège, pour remettre à la coalition Sonko Président son rapport d'observation de l'élection présidentielle de février 2019. La coalition a remercié la mission, mais n'a pas manqué de déplorer sa position ambiguë et son mutisme sur les dérives et violations, en amont de l'élection, du régime de Macky Sall, qui a pu ainsi se donner une victoire préfabriquée. Nous avons également dénoncé la publication A posteriori d'un tel rapport, surtout si c'est pour confirmer les alertes de l'opposition. Nous avions très tôt décelé l'obsession de Macky Sall pour un second mandat et les conclusions de la mission d’observation ne font que lui servir de bouée de sauvetage pour se départir des problèmes qu'il s'est lui-même créés». Il est vraiment particulier ce gars.
Me Madické Niang a réagi au débat sur le parrainage, qui a refait surface avec le rapport de la Mission d’observation de l’Union européenne, qui veut qu’il soit abandonné pour les prochaines élections locales. L’ancien patron du groupe parlementaire de l’opposition rappelle qu’ils n’ont pas attendu le rapport des observateurs européens pour dénoncer ce système qu’il qualifie de dangereux, antidémocratique et injuste. A Aly Ngouille Ndiaye, il conseille d’éviter les «manifestations d’orgueil», face au rapport de l’UE, en mettant en avant la souveraineté du peuple. Car, le régime, malgré la demande de l’opposition et de la société civile, avait refusé de soumettre le projet de loi sur le parrainage au peuple par un référendum, préférant le faire voter par l’Assemblée nationale, où il dispose d’une majorité mécanique.
La Mission d’observation de l’Union européenne, qui, dans son rapport final sur la présidentielle du 24 février dernier, a demandé qu’on n’applique pas le parrainage aux élections locales de décembre prochain, n’a fait que conforter l’opposition dans sa position prise depuis le début, selon Me Madické Niang. «Nous n’avons pas attendu le rapport de la Mission d’observation de l’Union européenne pour dénoncer ce parrainage appliqué de la même manière aux partis politique et aux candidats indépendants», soutient-il. Ajoutant que lui et ses alliés de l’opposition ont «toujours dit que le parrainage portait atteinte à la Constitution, qui place les partis politiques au- dessus des candidats indépendants». Ils ont également «toujours dit que le parrainage était illégal». En ce sens, il souligne qu’ils avaient même saisi le Conseil constitutionnel, «qui malheureusement s’est déclaré incompétent».
«Le système de contrôle ne repose pas sur un processus transparent»
Convaincu que «le parrainage est un recul démocratique», Me Madické Niang note qu’aujourd’hui, les faits ont donné tort au pouvoir et jettent à la poubelle le parrainage. «L’histoire nous a donné raison. Le parrainage est un filtre dangereux, parce que non seulement on impose les mêmes règles aux partis politiques et aux candidats indépendants, mais aussi le contrôle par le Conseil constitutionnel n’est pas bon», explique-t-il. Pour Madické, c’est clair, «le système de contrôle ne repose pas sur un processus transparent». Mieux il affirme que «personne ne sait et ne peut dire comment le contrôle a été fait et comment on a éliminé des candidats», et que «personne, non plus, ne peut vérifier ou certifier si les signatures sur les fiches de parrainages sont valables ou pas».
Particulièrement révolté par la question des doublons, il trouve que «c’est une injustice grave». Dès lors, il considère qu’en cas de doublons, «on devait annuler pour tout le monde» et non pas pour les derniers venus, juste parce que les autres ont déposé en premier. Surtout que «tout le monde ne peut pas déposer en même temps». En définitive, l’ancien candidat à la présidentielle, qui faisait partie du groupe restreint des candidats qui ont passé l’étape du parrainage, «pense que lors du dialogue politique, le ministre de l’intérieur ou le Conseil constitutionnel doit expliquer comment le contrôle des parrainages s’est fait», car, insiste-t-il, «c’est toute une nébuleuse».
«Le peuple ne s’est jamais prononcé sur le parrainage. Ce sont les députés de la majorité mécanique qui en ont décidé»
Ne lâchant pas Aly Ngouille Ndiaye, Me Madické Niang ne comprend pas sa réaction suite à la sortie du rapport de la Mission d’observation de l’Union européenne. «Je ne peux pas comprendre que le ministre réagisse ainsi. Vouloir appliquer le parrainage aux locales est dangereux…», soutient-il. Et si aujourd’hui, le ministre de l’Intérieur met en avant le peuple pour l’application ou non du parrainage aux locales, le patron de «Madické président» lui rappelle que le pouvoir avait refusé de s’adresser au peuple pour l’application du parrainage à la présidentielle. «Je rappelle au ministre que c’est nous qui avions demandé que s’il faut faire appliquer le parrainage, il ne fallait pas utiliser la procédure consistant à saisir l’Assemblée nationale, mais qu’il fallait consulter directement le peuple, à travers un référendum. Mais le régime a choisi de passer par sa majorité mécanique», assène-t-il. Enfonçant le clou, il souligne : «ce n’est pas le peuple qui a voulu le parrainage. Le peuple ne s’est jamais prononcé sur le parrainage. Ce sont les députés de la majorité mécanique qui en ont décidé».
Cognant de plus belle l’organisateur des élections, il assimile sa réaction aux recommandations de la Mission d’observation de l’Union européenne comme de l’orgueil. «Il faut éviter les manifestations d’orgueil. Le monde est un village planétaire. Chacun peut apprendre de l’autre», conseille-t-il au ministre de l’intérieur. Il en veut pour preuve le fait que le Sénégal ait «copié ce parrainage d’un pays qui n’est même pas une référence en matière de démocratie».
Mbaye THIANDOUM
L’HOMMAGE A SERIGNE SALIOU SAMB
«Un journaliste responsable, intègre, engagé…»,
Me Madické Niang était hier au domicile de notre défunt confrère Serigne Saliou Samb, où il a partagé la douleur de la famille. Présentant ses condoléances à la presse, qui a perdu «un journaliste responsable, intègre, engagé…», il souligne qu’il a suivi le défunt depuis Walfadjiri, avant qu’il ne passe ensuite à L’Observateur, et dans d’autres organes. Mieux, il avoue avoir été très proche de lui. «Nous étions très proches. Par son nom, je me suis vite approché de lui, car tout le monde sait son attachement à Serigne Saliou (défunt Khalife général des mourides). Il a été mon conseiller en communication. J’ai toujours sollicité ses conseils», révèle-t-il. Considérant que son décès est «une grande perte pour la presse », Me Madické Niang pense que Serigne Saliou Samb peut être donné en «modèle» aux jeunes journalistes.
MT