Il ne faut pas compter avec le Pds, pour la rencontre de ce matin, entre le ministre de l’Intérieur et les partis, relativement à la définition des termes de référence du dialogue politique, auquel appelle le chef de l’Etat. Pour deux principaux motifs, les libéraux disqualifient Aly Ngouille Ndiaye comme organisateur d’une telle rencontre. Intransigeant, Me Wade, qui a signé un communiqué publié hier, conditionne la participation du Pds, à un dialogue à la «libération immédiate» de Khalifa Sall et la «révision du procès» par la Crei, de son fils Karim Wade.
Le ministre de l’Intérieur reçoit, aujourd’hui, les responsables de partis politiques intéressés par le dialogue, pour la définition des termes de référence. Mais ce sera sans Me Wade et ses frères. «Le Parti démocratique sénégalais (Pds) informe l’opinion nationale et internationale qu’il ne participera pas à la réunion (…) qui démarrera jeudi 9 mai sous la présidence du ministre de l’Intérieur Aly Ngouille Ndiaye», lit-on dans un communiqué reçu hier. En effet, même si les libéraux se disent adeptes du dialogue politique entre l’opposition et le pouvoir, «un principe» inscrit dans leur programme fondamental, pour eux, «il n’est pas acceptable que cette réunion soit présidée par Aly Ngouille Ndiaye». Et pour motiver leur décision, Me Wade et Cie affirment que le ministre de l’Intérieur «est d’abord disqualifié du fait de son implication dans les scandales économiques et financiers Mittal et Petrotim. Des scandales qui, à en croire les libéraux, «ont fait perdre plus de 5000 milliards de F Cfa au Sénégal et qui auraient certainement pu éviter le chaos économique et social dans lequel le Sénégal va être plongé avec l’augmentation prochaine des prix».
«Il est responsable devant l’histoire du grave recul des libertés et de la régression démocratique de notre pays»
Poursuivant, le Pds note que Aly Ngouille Ndiaye est surtout «totalement disqualifié» pour présider une telle rencontre, car «il a été le maître d’œuvre de la fraude électorale massive», lors de la présidentielle du 24 février dernier. Sans aucune complaisance pour la patron de la place Washington, Wade et son parti le décrivent comme «le pire ministre de l’Intérieur que le Sénégal n’ait jamais eu, le ministre de l’Intérieur le plus partisan de notre histoire». Dénonçant l’attitude par laquelle il «a toujours affiché ses positions dans le mépris le plus total de l’opposition», le Pds tient Aly Ngouille Ndiaye comme «responsable de l’élimination arbitraire» de Karim Wade à la dernière présidentielle, de la «répression violente» de l’opposition sénégalaise et de «l’arrestation», souvent notée de ses responsables. Toutes choses qui font que, pour les libéraux, «il est responsable devant l’histoire du grave recul des libertés et de la régression démocratique de notre pays».
«Personnalité neutre, libération immédiate de Khalifa Sall et révision du procès Karim Wade», avant toute participation à un dialogue
Pour le Pds, qui récuse Aly Ngouille Ndiaye, cette réunion préparatoire au dialogue politique, qu’il ne réfute pas, «devrait être présidée par une personnalité crédible, neutre, indépendante, consensuelle et respectée». Et ce n’est pas la seule condition. Avant toute participation de son parti à un quelconque dialogue, Me Wade pose deux conditions non négociables : «la libération immédiate de Khalifa Sall et par la révision du procès de Karim Wade». Cela, explique le pape du Sopi, en application des décisions de la justice internationale, condamnant l’État du Sénégal, notamment celle du Comité des Droits de l’Homme des Nations-Unies qui prescrit la révision du procès de Wade fils.
Mbaye THIANDOUM