L’ancien président de l’Iaaf devait faire face hier mercredi à la juge du 32e cabinet du tribunal financier de Paris. Mais ses auditions sont finalement reportées à aujourd’hui faute de temps suffisant. Pour cause, l'audition de son ancien conseiller juridique, Habib Cissé a tiré en longueur.
C’est finalement ce matin que le tribunal de Paris va entendre dans les détails le président Lamine Diack. Prévue hier mercredi après-midi, l’audition de l’ancien président de l’Iaaf sera différé pour jeudi matin. Au moment où Diack a été appelé à la barre, il ne restait qu’une demi-heure au tribunal pour clôturer la journée. «Mon rôle à moi c’était d’universaliser l’athlétisme (…) voilà qui je suis !», a-t-il dit, au bout d’un récit parfois décousu, selon l’Afp. L’audition de son ancien conseiller Habib Cissé a pris beaucoup de temps. Plus de huit tours d’horloge pour permettre à Me Cissé, ancien conseiller juridique de Diack de répondre à une kyrielle de questions. Lamine Diack s’est présenté à la barre juste le temps de rappeler à la juge son parcours à l’Iaaf et au Sénégal.
Une note détaillant des remises d'argent en question
L'avocat Habib Cissé, l'un des prévenus au procès, a dû s'expliquer hier mercredi sur une note retrouvée chez lui, qui détaille des remises d'argent pour que des athlètes échappent aux sanctions disciplinaires. L’ancien conseiller de Diack a finalement craqué à la barre. Il a reconnu avoir négocié une forte somme d’argent en contrepartie de la participation des athlètes russes aux compétitions. «Chacun a eu 60.000 euros, mais je n’ai reçu aucun centime de cet argent», a déclaré Habib Cissé à la juge du tribunal. Selon ses aveux, cet argent permettait aux athlètes de participer aux Jo 2012 et aux mondiaux d’athlétisme de 2013. Les payements ont été reçus à Londres en 2012 par Papa Massata Diack. En même temps, il avoue avoir échangé par SMS et mails avec Papa Massata Diack plusieurs fois sur ce dossier pour les modalités pratiques de payement des reliquats après un acompte de 150.000 euros en décembre 2011. D’ailleurs, Cissé a déclaré à la juge qu’il a eu une altercation verbale très violente avec Massata sur ce dossier. «Je l’ai même menacé de le dire à son père, mais finalement, j’ai cédé et y a eu une dégradation de nos relations», ajoute-t-il.
«Je n’ai jamais conseillé Lamine Diack pour ses affaires personnelles»
Habib Cissé s’est présenté devant la juge Rose Marie Haunult comme un collaborateur de Lamine Diack. «J’ai été recruté comme conseiller de l’Iaaf. J’intervenais dans les contrats de contrôle antidopage des athlètes. Je trouvais une forme juridique pour permettre de réaliser les contrôles antidopage sur le territoire des pays qui abritaient les compétitions selon leur droit local», a déclaré Me Cissé qui renseigne qu’il intervenait également dans les conflits entre droits privés et étatiques. Selon Cissé, son rôle était aussi de préserver l’image de l’athlétisme au moment de négocier des contrats avec les différentes Fédérations. «C’est ce qui explique mon implication dans le dossier concernant la Fédération russe et certains athlètes», dit-t-il.
«Je n’ai jamais été un mandataire de Lamine Diack»
Me Cissé a aussi nié son rôle dans les négociations de contrats. Face à la juge, Monsieur Cissé n’a souhaité apporter aucune observation sur le rapport préliminaire du tribunal qui l’accuse de complicité de corruption passive à l’Iaaf. Il a tout de même apporté des précisions sur un certain nombre d’éléments mentionnés dans sa déposition de garde à vue. «Je n’ai jamais été un mandataire de Lamine Diack et je n’intervenais pas dans la négociation des contrats de sponsoring. J’intervenais dans l’assistance juridique et j’avais un rôle très limité», a déclaré le prévenu à la barre.
«Je récuse cette notion d’homme du président»
Habib Cissé s’est aussi défendu d’être le protégé privilégié de Lamine Diack. «Je ne suis pas en train de défendre Lamine Diack. Je ne suis pas son protégé. Je récuse la notion d’homme du président que le tribunal voudrait me coller. Monsieur Diack ne m’a jamais traité différemment des autres. Il n’a jamais pris parti en ma faveur dans les conflits et différends entre moi et les autres membres», déclare Habib Cissé. Cissé a tout de même défendu que les comptes de l’Iaaf n’ont jamais fait l’objet de malversations. Cependant, il déplore que Massata Diack lui ait demandé de rembourser les 50.000 euros qu’il dit avoir reçus des Russes comme honoraires. «Je n’ai pas remboursé, j’ai décidé de donner une petite somme pour arrêter les choses», lâche-t-il.
Accueil
Envoyer à un ami
Version imprimable
