Après avoir fait des aveux circonstanciés devant le juge d’instruction et en présence de son avocat Me Mamadou Seck, hier, l’accusé Ibrahima Ndiaye s’est rétracté en niant tout devant la Chambre criminelle de Dakar où il comparaissait.
Le procès marathon des présumés djihadistes se poursuit toujours devant la Chambre criminelle de Dakar. Hier, c’était au tour d’Ibrahima Ndiaye de passer à la barre. Agé de 41 ans, maçon de son état, marié à 2 épouses et père de 8 enfants, comme ses prédécesseurs, Ibrahima Ndiaye a balayé d’un revers de main toutes les incriminations qui lui sont reprochées, après avoir reconnu les faits et donné des détails clairs aux enquêteurs. Interpellé en Mauritanie, où il était dans le cadre de ses activités professionnelles, l’accusé soutient avoir connu son coaccusé Mouhamed Ndiaye au Lac Rose, où ils sont des voisins de quartier. Cependant, il résulte du dossier qu’il avait le désir de se rendre en Libye pour rejoindre les combattants djihadistes et c’est à la suite de l’arrestation de Mouhamed Ndiaye qu’il a changé d’avis. Devant la Chambre criminelle, ce dernier avait déclaré que le nommé Moustapha Diop lui avait donné la somme de 200.000 F à remettre à Ibrahima Ndiaye pour son voyage en Libye. Ce que l’accusé a farouchement contesté, hier.
En fait, comme ses prédécesseurs, Ibrahima Ndiaye a réfuté tous les propos qui lui ont été imputés à l’enquête et devant le juge d’instruction, l’incriminant gravement. Selon les propos qui lui sont prêtés dans le procès-verbal d’enquête, il avait dit qu’il était contre toute idée djihadiste, mais qu’il éprouvait l’envie, après avoir suivi les informations en Centrafrique où un Centrafricain dont le fils a été tué disait que les militaires français avaient désarmé les musulmans, laissant les chrétiens qui les abattaient avant de les manger cuits. Il y a aussi les oppressions des musulmans en Palestine. Il était alors convaincu que le djihad est un impératif pour tout musulman. Face au juge, hier, l’accusé a juré n’avoir jamais eu l’intention d’aller combattre dans les rangs djihadistes. Il reconnait, par ailleurs, qu’une connaissance, en l’occurrence Mouhamed Diadhiou, lui disait de prendre ses distances avec Mouhamed Ndiaye qui, selon lui, était revenu du fief de Boko Haram. C’est justement ce qui l’avait poussé. Le juge est alors revenu sur ses relations avec Mouhamed Ndiaye. Selon lui, ils se sont rencontrés seulement à 4 reprises. Mouhamed Ndiaye est venu au baptême de son fils, en Mauritanie, et à cette occasion, il lui a avoué qu’il était au Nigeria pour les études. Répondant à la question du juge, l’accusé a listé ses amis partis dans les rangs des djihadistes qui sont décédés en Libye. Il y a, selon lui, Sidy Sarr, Adama Bodian, Moussa Mbaye et Lamine Mbengue.
Par ailleurs, Ibrahima Ndiaye a juré n’avoir aucune relation avec Imam Ndao et Matar Diokhané. Face au magistrat instructeur, pourtant, il disait connaitre le premier nommé qu’il avait rencontré chez lui à Kaolack. Pour Matar Diokhané, il l’a connu dans la banlieue dakaroise vers Keur Massar ou à Petit Mbao.
Fatou D. DIONE