Lansana Gagny Sakho a ses méthodes particulières de gestion. Et l’Office des forages ruraux (Ofor) en a pâti. L’ancien Directeur général, qui a violé les textes sur les recrutements, s’est aussi illustré par les fameux «contrats plan auto» dont bénéficient les cadres de l’Office. Des contrats léonins qui permettent de transférer des voitures acquis au prix fort par l’Ofor à ces bénéficiaires qui ne déboursent que 10% du prix des véhicules, sur une échéance de trois ans. Mieux, c’est l’Ofor qui paye l’assurance et les taxes et octroie en plus une indemnité de près de 300.000 F Cfa aux bénéficiaires, en guise de frais d’entretien et carburant.
l’Office des forages ruraux (Ofor) qui a vu son personnel passer de 32 à 63 entre 2015 et 2016, faisant passer la masse salariale de 368.298.235 à 584.774.371 F Cfa, s’est attaché les services d’agents du ministère de tutelle. Seulement, pour les 15 agents concernés par ce recrutement, l’Office les a mis automatiquement en détachement, sans réclamer la production d’un certificat de cessation de paiement délivré par la direction de la Solde. Dès lors, des agents ont cumulé leur ancien salaire et leur solde à l’Ofor pendant des mois. A titre illustratif, la Cour cite les cas de El Hadji Samba Dieng et C. Sarr, qui ont perçu leur ancien et leur nouveau salaire, respectivement pendant 6 mois et 5 mois.
Lansana Gagny Sakho recrute un comptable qui n’était pas sur la liste des 3 finalistes
Plus grave, le patron de l’Ofor a mis de côté les conclusions de la commission chargée de recruter un comptable, pour faire lui-même le choix. Alors que la commission avait sélectionné B Sow arrivé en tête à l’issue du processus, Lansana Gagny Sakho a modifié ce choix sans justification. En effet, à la place de Sow, il a choisi Mme Ndoye, dont le nom ne figurait même pas sur la liste des 3 candidats finalistes.
Payement injustifié de primes de rendement
Alors que son premier plan stratégique et le contrat de performance n’ont été élaborés qu’en 2017, l’Ofor a attribué à son personnel des primes de rendement en 2015 et 2016. Des primes qui, souligne la Cour, ne sont pas justifiées par l’atteinte de performance. Or, le versement de prime de rendement doit s’adosser à l’atteinte d’objectifs préalablement fixés dans un contrat de performance.
Des voitures de l’Ofor cédées pour 10% de leur prix d’acquisition, à des cadres
C’est à croire que Lansana Gagny Sakho est un bon samaritain. Il a mis en place des conventions de cession de véhicules appelées «contrats plan auto». Concrètement, l’Office achète des voitures, les donne à des agents pour leur usage exclusif et permanent. Mieux, elle assure les frais d’assurance et les taxes annuelles. Et cerise sur le gâteau, elle verse des indemnités mensuelles aux bénéficiaires, pour les frais d’entretien et de carburant. A la fin du contrat, la voiture est mutée au nom de l’agent, qui n’aura à verser au total que 10% du prix d’acquisition de la voiture.
Par exemple, le Sg, le Dce et le Dep qui ont reçu des voitures de 35,8 millions, vont payer juste 3,5 millions en trois ans. Et pendant ce temps, ils reçoivent mensuellement 297.500 comme indemnités, pour l’entretien, le carburant…ce qui fait que sur la période, ils reçoivent plus de 10 millions d’indemnité d’entretien et carburant, soit plus de trois fois le prix auquel ils ont acquis les voitures. Le Daf qui a reçu une voiture de 18 millions va payer en tout et pour tout 1,8 million en trois ans. Mieux il reçoit 301.000 F Cfa par mois comme indemnité carburant, entretien. Soit 10,8 millions sur la durée du contrat et six fois le montant qu’il a versé pour être finalement propriétaire de la voiture. Pour la Cour des comptes, cette pratique relève d’une «utilisation irrégulière et abusive des ressources de l’Ofor» et que ces contrats sont une violation des dispositions de la loi, notamment celles du décret n°2008-695 du 30 juin 2008.
Mbaye THIANDOUM