En Italie, le procès du Sénégalais Ousseynou Sy se poursuit. Lundi, pour la première fois, ce Sénégalo-italien qui en mars dernier avait pris en otage 50 enfants dans le bus qu’il conduisait et qu’il a incendié, dans la ville de Crema, a pris la parole. Devant les juges, Sy a accusé l’ancien ministre de l’Intérieur et chef de file de la droite dure italienne, Matteo Salvini, de crime contre l’humanité.
En Italie, quelques jours après les témoignages des policiers qui ont sauvé les 50 écoliers à bord du bus incendié par le Sénégalais Ousseynou Sy, en mars dernier, dans le cadre du procès de ce dernier, l’heure est venue pour le principal concerné de prendre la parole. Mais, si les passages à la barre de ces carabiniers ne font pas l’affaire de celui qui est désormais surnommé le «psychopathe sénégalais» par la presse italienne, Ousseynou Sy, en prenant la parole, n’a point cherché à plaider sa cause. En effet, Ousseynou Sy a déclaré lundi 9 décembre 2019, dans une salle d'audience pleine comme un œuf, que s’il y a quelqu’un qui doit être jugé, c’est l’ancien ministre de l’Intérieur italien Matteo Salvini. «Je ne suis ni un meurtrier, ni un terroriste et j'espère que justice sera également rendue pour nous, Africains», a-t-il d’emblée déclaré, avant de s'attaquer à Matteo Salvini. «En tant que citoyen italien et africain, j'accuse (Matteo) Salvini et son gouvernement de crimes contre l'humanité et de génocide», a déclaré l’Italien originaire du Sénégal. Et d’ajouter : «lorsqu'une personne n'est pas secourue dans la rue, ce sont les Africains qui sont accusés de non-assistance à personne en danger, alors que tout le monde était là».
Poursuivant, il estime qu’il fallait que quelqu’un prenne la défense de l’Afrique et des Noirs. «Je l'ai fait pour l'Afrique, qui a tout ce qu'il faut pour vivre pendant 10.000 ans», dit-il, se demandant ce qui pousse des millions d’Africains à affronter l'enfer pour une vie meilleure en Europe alors que «tout ce qu’ils récoltent ici c’est l'exploitation, le mépris du peuple africain». «Vous nous appelez pauvres, malheureux. Nous ne sommes ni pauvres ni malheureux. Et on est arrivé à un point où quand on regarde les enfants flotter dans l’océan, ça ne fait plus chaud ni froid à personne ici parce que maintenant on s'y est habitué», fustige-t-il.
Très en verve, le Sénégalais a ensuite fait référence à la fermeture des ports, qui empêche les gens d’être sauvés. A ce propos, il dit à qui veut l’entendre que contrairement à ce qui est avancé en Italie et un peu partout en Europe, l’Afrique n’est pas pauvre. «L’Afrique est un continent riche qui a toujours été l’objet de l’oppression de l’Occident qui vole ses ressources», accuse le Sénégalais.
Réagissant aux accusation du Sénégalo-italien, le chef de l’extrême droite italienne, Matteo Salvini verse dans la politique, s’attaquant à son tour à ses opposants et aux journalistes. «J’attends les commentaires savants des journalistes, des intellectuels et des différents gauchistes. Au moins quelqu’un sera d’accord avec ce délinquant, parions…», écrit Matteo Salvini sur Twitter.
Pour mémoire, Ousseynou Sy avait détourné et incendié un bus, avec à bord des enfants dans la ville de Crema en Italie en mars dernier. Une tragédie évitée grâce à l'appel téléphonique de deux enfants et à l'intervention d'urgence de la police. Accusé de massacre, d'enlèvement, de tirs, de résistance et de lésions corporelles avec circonstances aggravantes à but terroriste, Ousseynou Sy va avoir besoin de plus que de la chance pour sortir indemne des mains de dame justice. Mais au regard de la manière dont les choses évoluent dans ce procès, les chances du Sénégalais sont quasi-nulles.
Sidy Djimby NDAO