Le M23 a célébré, hier, ses dix ans à la place de la Nation dans une ambiance de meeting avec une forte mobilisation des responsables politiques de la majorité. Ainsi, la rivalité pour la visibilité a pris le dessus sur l’essence de la journée.
23 juin 2011 - 23 juin 2021 ! 10 ans jour pour jour que le peuple sénégalais, dans sa diversité, s’était levé comme un seul homme, devant les grilles de l’Assemblée nationale pour protester contre la troisième candidature de Me Wade et son projet de réforme constitutionnelle instituant le quart bloquant. Dix ans plus tard, c’est ce qui reste du M23, avec les anciens leaders de l’opposition, aujourd’hui au perchoir, qui a commémoré cette journée à la place de la Nation. Seulement, l’obsession des leaders politiques de la mouvance présidentielle à réussir le pari de la mobilisation a primé sur toute autre considération d’ordre organisationnel et logistique. Même si la place de la Nation a fait foule, il était impossible pour les organisateurs de faire entendre raison à ces militants qui n’en avaient que pour leurs leaders politiques.
Amadou Bâ, Lat Diop et Cheikh Bâ gagnent la bataille de la mobilisation
Ainsi, la commémoration a pris les allures d’un meeting politique où chaque groupe de militants rivalisait de visibilité avec des pancartes et des T-shirts à l’effigie de son leader. Dans cet exercice, la bataille de positionnement a été rude entre les militants envoyés par Amadou Ba et Moussa Sy. Les militants du Directeur de la Lonase, Lat Diop, ont fait forte impression devant ceux des autres leaders de Guédiawaye. La rivalité était également vive entre les militants de Cheikh Ba et ceux de Seydou Guèye. D’autres membres du gouvernement et non moins responsables politiques n’ont pas été en reste dans la mobilisation. Il s’agit du ministre Abdou Karim Sall, de Oumar Guèye, Alioune Ndoye, Me El Hadj Diouf, du Dr Malick Diop, du député Awa Niang, entre autres.
Du coup, une partie de la place de la Nation a été transformée en parking avec cette cohorte de véhicules venus déverser du militant. Les notes discordantes des différents groupes de militants pour mettre de l’ambiance ont, par moments, noyé les discours des responsables du M23. Et, les nombreux rappels à l’ordre n’y feront rien. C’est dans cette ambiance de meeting politique, que la représentante des jeunes du M23, Aïda Niang, est montée au créneau pour rappeler les militants à l’ordre. «Aujourd’hui, nous sommes là pour commémorer les dix ans du M23, nous ne sommes pas là pour un parti, nous sommes là pour le peuple sénégalais», a rappelé la jeune dame, qui n’a pas manqué d’avoir une pensée pieuse pour certains responsables politiques qui avaient porté le combat du 23 juin et qui ne sont plus de ce monde. Il s’agit entre autres d’Amath Dansokho, d’Ousmane Tanor Dieng, d’Ibrahima Diagne.
Doudou Sarr : «il faut reconnaître que le président en exercice a répondu sur plusieurs points du M23»
De son côté, le coordonnateur du M23, Doudou Sarr, a rappelé que le peuple sénégalais a arraché ce qui lui revenait de droit depuis dix ans, faisant allusion aux institutions de la République. A l’en croire, les institutions appartiennent au peuple. Mieux, il révèle que depuis le 23 juin 2011, c’est le peuple qui gouverne et qui décide de sa destinée. Il en veut pour preuves certains acquis obtenus par le M23, comme les bourses de sécurité familiale, l’emploi, les bourses pour les étudiants non orientés, etc. «La confrontation politique ne doit pas nous pousser à taire la vérité. La vérité est révolutionnaire. Le peuple a lancé son assaut et continuera de dicter sa volonté. Il faut reconnaître que le président en exercice a répondu sur plusieurs points du M23 en 2011. Le reconnaître, ce n’est pas de la flagornerie, c’est du courage politique. Il est plus confortable de critiquer le président de la République que de le défendre», fait remarquer Doudou Sarr qui rappelle que le M23 a désormais imposé le dialogue comme mode de gouvernance au Sénégal.
Me Diouf : «nous avons gagné»
Selon le dernier orateur, Mor Ngom, le 23 juin est une date repère. Le 23 juin, dit-il, est le père de la Constitution démocratique, une pierre précieuse de notre patrimoine national. Il a également invité le peuple à se souvenir de ce qui s’est passé avant cette date repère avec les coupures intempestives d’électricité. Auparavant, Me El Hadj Diouf s’est félicité de la forte mobilisation des militants. Et, c’est pour se vanter d’avoir gagné le pari de la mobilisation. «Nous avons gagné», s’est écrié l’avocat.
Moussa CISS