La sortie dimanche de Madiambal, lui reprochant entre autres de n’avoir pas poursuivi beaucoup de personnes de l’ancien régime qu’il avait listées, a piqué à vif l’ancien procureur spécial Alioune Ndao. Dans un entretien avec Dakaractu, il dément formellement le patron d’Avenir Communication. Mieux, il mouille le Président Macky Sall et le ministre de La Justice d’alors, en révélant que ce sont eux qui s’étaient opposés à la poursuite des barons du Pds autres que Karim Wade.
Lors de son passage à l’émission Grand Jury du dimanche dernier, Madiambal Diagne s’est prononcé sur la sortie récente du procureur Alioune Ndao, soulignant, entre autres, qu’il avait présenté une liste de 25 personnes à poursuivre, mais que finalement il n’a presque rien fait. Des propos qui ne sont pas du goût de l’ancien procureur spécial près la Crei qui a formellement démenti. «Le premier mensonge de Madiambal Diagne a consisté à dire que lors de ma conférence de presse du 5 novembre 2012, j'avais brandi devant les journalistes une liste de 25 personnes à poursuivre. Ceci est totalement faux. En effet, je n'ai jamais présenté une telle liste devant la presse. Ce qui s'est réellement passé, c'est qu'avant cette conférence de presse, j'avais saisi la Section de recherches de la gendarmerie de sept (7) ordres d'enquête concernant autant de personnes», assène-t-il. Et de citer les personnes qu’il avait visées à l’époque, à savoir Karim Meïssa Wade, Omar Sarr, Madické Niang, Samuel Sarr, Abdoulaye Baldé, Tahibou Ndiaye et Mamadou Ndiaye dit Doudou. «Le jour de cette conférence de presse, je me suis limité à informer les journalistes présents de l'ouverture de ces enquêtes contre ces 7 personnes», précise-t-il.
«Ce qui est scandaleux, c'est que par la seule volonté de Macky Sall, la Crei ait cessé de travailler depuis mon départ»
Ne décolérant pas contre l’administrateur du Groupe «Avenir Communication», le procureur Ndao soutient que contrairement à ce que dit Madiambal Diagne, il était sur des dizaines de dossiers au moment de son limogeage. «Son deuxième mensonge a été de dire que je n'ai pas poursuivi ces personnes. Pour sa gouverne, je tiens à lui faire savoir qu'au moment de quitter la Crei, j'avais ouvert une quarantaine d'enquêtes que j'avais confiées à la Section de recherches et à la Direction de la Police judiciaire dirigée à l'époque par le commissaire Bocar Yague», dit-il. Et de noter que de cette quarantaine d'enquêtes, il n’a pu malheureusement mener à bout que quatre : les dossiers Karim Meïssa Wade et Tahibou Ndiaye, Aïda Ndiongue et Abdoulaye Baldé. Mais il s’empresse de souligner que cela n’est pas de sa faute, mais c’est «du fait d’une décision du Président Macky Sall et de son ministre de la Justice de l'époque, Sidiki Kaba». Qui, révèle-t-il, «s'étaient opposés à la continuation de ces enquêtes». En ce sens, il fait comprendre à Madiambal Diagne, que ce qui est scandaleux, ce n'est pas ce qu’il a dit lors du dernier séminaire de l'Ums. «Ce qui est scandaleux, c'est que par la seule volonté de Macky Sall, la Crei ait cessé de travailler depuis mon départ. Depuis lors, aucune nouvelle mise en demeure et aucune nouvelle inculpation n'ont été effectuées». En conclusion, il invite le patron d’Avenir Communication à demander à son «ami Macky Sall» où sont passés les dossiers qu’il avait laissés aux enquêteurs de la Crei et «pourquoi depuis lors, ils n'ont pas été instruits et bouclés».
Mbaye THIANDOUM