Lynché depuis quelques semaines sur les réseaux sociaux par des Sénégalais qui l’accusent de ne défendre que ses propres intérêts, le président de l’Ascosen est clair par rapport à ces attaques. Ce sont juste des partis politiques, des mouvements politiques, le parti Pastef de Ousmane Sonko et les mouvements de Frapp/France dégage qui s’acharnent sur lui. Mais, malgré tout cela, il ne compte pas quitter la tête de l’Ascosen. Malgré ses différentes fonctions de président de l’Ascosen, membre du Conseil économique et social, conseiller du président de la République, Momar Ndao assure travailler avec ardeur pour la défense des intérêts des consommateurs.
Les Echos : Depuis quelques semaines, l’Ascosen est attaquée de toutes parts. Que répondez-vous à ces attaques ?
Momar Ndao : L’Ascosen est attaqué sur les réseaux sociaux par des partis politiques, des mouvements politiques, le parti Pastef de Ousmane Sonko et les mouvements de Frapp/France dégage, parce que tous ceux qui ont attaqué, qui ont organisé ces attaques sont membres de ces deux organisations. Donc c’est un combat politique qu’ils mènent, alors que nous, on ne fait pas de politique. Moi-même j’ai laissé tomber la politique, il y a 16 ans. Il ne faut pas qu’ils fassent un mélange de genres. Il est vrai que de par nos positions, on a eu à remettre en cause leurs arguments, notamment sur ‘’Senac dégage’’ et ‘’Auchan dégage’’, ce qui fait donc que les gens de Frapp nous en veulent. Les autres nous en veulent sur le pétrole parce que nous avons donné des arguments qui ont entrainé une baisse de la mobilisation, mais comme je vous l’ai dit, nous ne faisons pas de politique et il faut qu’ils comprennent que leur combat politique, ils n’ont qu’à le mener vis-à-vis des partis politiques.
L’Ascosen existe depuis plus de 25 ans, mais c’est deux personnes qu’on entend au-devant de la scène, le président Momar Ndao et son adjoint Momar Cissé. L’Ascosen s’arrête-t-elle juste à vous ?
Ah non. L’Ascosen ne s’arrête pas à Momar Ndao et Momar Cissé. Nous sommes dans toutes les régions du Sénégal et avons des représentants dans chaque département. Maintenant, le problème qui se pose, c’est que la communication dans le cadre d’une association de consommateurs doit être gérée de manière très sérieuse, parce que si vous dites quelque chose qui n’est pas exacte, les compagnies vont porter plainte contre vous; donc, il est extrêmement important que tout ce que nous disons soit exact. Si vous êtes dans une association de consommateurs et vous dites que tel produit n’est pas bon sans avoir les preuves de ce que vous avancez, les compagnies visées, vont vous attaquer devant les tribunaux et c’est la raison pour laquelle ce n’est pas n’importe qui qui parle au nom de l’Ascosen ; c’est uniquement cela qui fait qu’il n’y a pas beaucoup de voix qui s’expriment au nom de l’Ascosen.
Plus de 20 ans que vous êtes à la tête de l’Ascosen, est-ce que vous pouvez nous dire ce que l’association a eu à réaliser concrètement ?
Le bilan de l’Ascosen, c’est quand même 30 ans de combats. Il y a la loi sur la baisse des prix du loyer, nous avons obtenu une amende de 14 milliards de Francs Cfa infligée à Orange, après avoir obtenu une autre amende de 3 milliards de F Cfa pour non-respect des droits du consommateur. Nous avons obtenu une amende de 4.869.000.000 F Cfa contre la Senelec pour non distribution de l’électricité. Aujourd’hui, nous avons obtenu une conscience consumériste présente. Si aujourd’hui vous voyez deux personnes en désaccord, ils vous disent on va vous emmener à l’Ascosen. Si vous avez des problèmes de loyer, vous allez à la police, ente à l’Ascosen. Si vous allez à la préfecture, pareil. C’est parce qu’aujourd’hui, les Sénégalais savent qu’en venant à l’Ascosen, leur dossier sera traité de manière objective et sera bien suivie. Donc, c’est plus que tout ce que vous pouvez imaginer comme bienfaits pour les consommateurs et puis il faut savoir que depuis 2012, nous n’avons obtenu que des baisses, jusqu’à la dernière modification due au fait que les prix du baril ont augmenté, c’est-à-dire l’augmentation du prix du carburant et récemment la taxe sur le ciment.
Momar Ndao est président de l’Ascosen, membre du Cese, conseiller du président…, comment vous parvenez à cumuler ses différentes fonctions ?
Pourquoi on singularise Momar Ndao. On a vu des enseignants ou autres fonctionnaires qui travaillent pour l’administration et qui, pourtant, sont responsables de partis politiques. Pourquoi, ils ne parlent pas d’incompatibilité dans ce cas. Vraiment, qu’ils arrêtent. Ceux qui parlent sont juste des politiciens.
Vous êtes souvent avec les autorités lors de certaines conférences et séminaires. Comment pouvez-vous défendre les consommateurs et être du côté de l’Etat ?
Ça fait 15 ans que je travaille au niveau de la présidence et ça n’a nullement diminué mon ardeur à défendre les consommateurs. La preuve, en 2008, alors que j’étais à la présidence de la République, j’ai été arrêté, électrocuté, suite à une marche qu’on avait organisée. Quel est le Sénégalais qui va le faire et qui est au niveau de la présidence de la République ? Pour vous dire que ça ne change absolument rien.
Et par rapport aux per diem qu’on vous accuse de recevoir à la fin de ces séminaires ?
Vraiment, c’est de la rigolade ; moi je ne vis pas de per diem. Si l’organisation d’un séminaire prévoit des per diem, en général, c’est des per diem de 20.000, 30.000, 10.000, que moi-même j’aurai pu donner ; donc vraiment parler de per diem et parler de Momar Ndao, vraiment, c’est vraiment…. Je ne sais même pas quel mot je vais utiliser pour qualifier cela. Vraiment je ne suis pas motivé par des per diem. J’ai un métier, j’ai une entreprise qui me permet de gagner dignement ma vie, j’ai un salaire, donc je ne vois pas pourquoi je vais courir derrière les per diem.
Que répondez vous à ceux qui demandent le départ de Momar Ndao de la tête de l’Ascosen ?
Je n’ai pas créé l’Ascosen. Ça a été créé par d’autres, j’y ai adhéré en tant que membre simple, membre de la commission de transport. J’ai bien travaillé jusqu’à ce qu’on m’élise président quand le président à l’époque a démissionné. Si les membres de l’Ascosen ont confiance en moi, pourquoi ils vont me changer ? Aujourd’hui, il y a d’autres associations de consommateurs et les présidents ont duré plus que moi à la tête. Il y en a qui sont là depuis 90, moi je n’ai été président qu’en 94, donc pourquoi ne pas poser ces questions-là à ces hommes-là ? C’est un mauvais procès, c’est une approche de politicien et moi j’ai laissé tomber la politique depuis 16 ans ; donc, vraiment, de grâce, qu’ils s’occupent de leurs problèmes politiques et qu’ils laissent les organisations de la société civile tranquilles.
Est-ce donc dire que Momar Ndao ne compte pas démissionner ?
Pourquoi je vais quitter. Je ne vois pas pourquoi je devrais quitter. J’i été élu président et les membres ont encore confiance en moi. Le jour où ils désireront me remplacer, je quitterai la présidence et non l’association, parce que c’est une question de conviction.
Khadidjatou DIAKHATE