A Keur Massar, les Parcelles Assainies ressemblent à Venise, la ville italienne. Les populations ne peuvent plus se déplacer sans payer 500 francs ou plus la traversée pour aller travailler ou vaquer à leurs occupations. Alors qu’il est annoncé sur les lieux aujourd’hui, le président de la République va y découvrir le spectacle d’habitants plongés dans une situation inhumaine.
Les pluies diluviennes du week-end du 5 septembre ont causé des dégâts considérables et laissé des milliers de personnes sans logement ou sans possibilité de se déplacer à Keur Massar, plus précisément les quartiers des Parcelles Assainies (unités 3, 4, 5, 6 et 14). Le spectacle est désolant. Plusieurs maisons complétement envahies par les eaux de pluie, des voitures qui ne peuvent plus bouger, des commerces fermés, les mosquées inaccessibles…cette partie de Keur Massar ressemble beaucoup plus à une ville abandonnée. Et pour couronner le tout, les algues ont comme qui diraient changé la couleur des eaux stagnantes. Calfeutrés chez eux en attendant la visite annoncée du Président, les habitants usent de moyens rudimentaires pour subvenir à leurs besoins ou se déplacer. En effet, il n’est plus possible pour ces habitants d’accéder à leurs demeures sans emprunter les barques de fortune faites de bidons de 5 litres sur lesquels les conducteurs fixent des planches ou un matelas, au prix de 500 francs la traversée, un coût qui peut évoluer en fonction de ceux que le passager veut transporter. Pour aller au travail, Souleymane Faye se lève très tôt et appelle son «taximan» de fortune.
«500 francs pour la traversée…»
Installé confortablement sur la barque, pendant que son conducteur le pousse avec beaucoup de tact afin d’éviter de faire tomber son client dans les eaux, Souleymane se permet même de téléphoner en toute tranquillité. «Je me suis abonné chez un jeune qui vient me prendre très tôt et je paie 500 francs. Au retour aussi, il me ramène chez moi pour le même prix. C’est difficile, mais il faut que l’on s’adapte en attendant que l’Etat trouve une solution», dit-il, avant de prendre congé, pressé de retrouver la terre ferme. «Cela peut varier, nous interpelle un des conducteurs de barque. Si ce sont des meubles ou autres, le prix peut atteindre 2000 francs à 3000 francs Cfa».
Ibrahima Diop, un cas
Faute de moyens, certains traversent les eaux stagnantes sans disposer d’une tenue adéquate. C’est le cas de Ibrahima Diop, qui doit acheter des médicaments pour sa femme et qui raconte son calvaire. «Ma femme est malade et je dois faire des allers-retours à l’officine. Chaque jour, je payais 1000 francs, mais là je ne peux plus le faire. Alors je suis obligé de marcher comme ça dans les eaux stagnantes à mes risque et périls», dit-il. La mine déconfite par la situation désolante qu’il est en train de vivre avec sa femme alitée, Ibrahima Diop souligne un fait très rare qui est arrivé à un de ses voisins. «Mon voisin a réussi à trouver des locataires pour ses appartements une semaine avant le «déluge». Mais l’eau de la pluie a dicté sa loi et les locataires ont quitté la maison», narre-t-il.
La miche de pain passe de 150 francs à 200 francs
Ces habitants ne savent plus à quel saint se vouer, tellement les choses deviennent compliquées avec la flambée subite de certaines denrées comme la miche de pain. Mbaye Diop raconte que l’approvisionnement en pain ne se fait plus normalement. Pis, les sinistrés doivent faire face à une augmentation de 50 francs sur le coût de la miche de pain. «La boulangerie ne fonctionne plus, car elle est inondée. Donc c’est le gérant du kiosque de pain qui a remplacé la boulangerie en fournissant du pain aux populations. Il prend une barque pour aller dans les cités non touchées par les inondations pour acheter du pain. Seulement, il ne vend pas la baguette à 150 francs, mais à 200 francs», dit-il.
L’inondation exaspère encore les habitants des Parcelles Assainies de Keur Massar. Fatou Bintou Diallo, qui est en location avec son mari à Yoff, avait investi toutes ses économies pour avoir une maison à Keur Massar. Aujourd’hui, la réalité des faits la laisse sans voix. «Je ne sais plus quoi faire. Je me suis mise à économiser pour acheter un terrain auprès de la Sn-Hlm. J’y ai construit une maison et je l’ai donnée à mes enfants qui y habitent. Aujourd’hui, elle n’est plus accessible, je n’ai que mes moutons qui sont sur la terrasse. Je dois venir chaque jour pour leur donner à manger et je dois payer la traversée. Cela est coûteux. J’ai du mal à joindre les deux bouts, car la plupart de mes enfants sont des étudiants», dit-elle, la mort dans l’âme. Tout de même, elle renseigne que l’assainissement qui devait se faire pour éviter ce genre de catastrophe n’a pas été réalisé de la manière qu’il faut. «Avant, il y avait de l’eau stagnante après la pluie, mais cela ne nous empêchait pas de vaquer à nos occupations. Je n’accuse pas Macky Sall qui a trouvé la situation telle quelle en venant au pouvoir, car j’ai obtenu mon terrain du temps de Abdoulaye Wade. Mais l’Etat est une continuité et les autorités doivent veiller à cela» dit-elle.
Samba THIAM et Cheikh Tidiane NDIAYE
Les pluies diluviennes du week-end du 5 septembre ont causé des dégâts considérables et laissé des milliers de personnes sans logement ou sans possibilité de se déplacer à Keur Massar, plus précisément les quartiers des Parcelles Assainies (unités 3, 4, 5, 6 et 14). Le spectacle est désolant. Plusieurs maisons complétement envahies par les eaux de pluie, des voitures qui ne peuvent plus bouger, des commerces fermés, les mosquées inaccessibles…cette partie de Keur Massar ressemble beaucoup plus à une ville abandonnée. Et pour couronner le tout, les algues ont comme qui diraient changé la couleur des eaux stagnantes. Calfeutrés chez eux en attendant la visite annoncée du Président, les habitants usent de moyens rudimentaires pour subvenir à leurs besoins ou se déplacer. En effet, il n’est plus possible pour ces habitants d’accéder à leurs demeures sans emprunter les barques de fortune faites de bidons de 5 litres sur lesquels les conducteurs fixent des planches ou un matelas, au prix de 500 francs la traversée, un coût qui peut évoluer en fonction de ceux que le passager veut transporter. Pour aller au travail, Souleymane Faye se lève très tôt et appelle son «taximan» de fortune.
«500 francs pour la traversée…»
Installé confortablement sur la barque, pendant que son conducteur le pousse avec beaucoup de tact afin d’éviter de faire tomber son client dans les eaux, Souleymane se permet même de téléphoner en toute tranquillité. «Je me suis abonné chez un jeune qui vient me prendre très tôt et je paie 500 francs. Au retour aussi, il me ramène chez moi pour le même prix. C’est difficile, mais il faut que l’on s’adapte en attendant que l’Etat trouve une solution», dit-il, avant de prendre congé, pressé de retrouver la terre ferme. «Cela peut varier, nous interpelle un des conducteurs de barque. Si ce sont des meubles ou autres, le prix peut atteindre 2000 francs à 3000 francs Cfa».
Ibrahima Diop, un cas
Faute de moyens, certains traversent les eaux stagnantes sans disposer d’une tenue adéquate. C’est le cas de Ibrahima Diop, qui doit acheter des médicaments pour sa femme et qui raconte son calvaire. «Ma femme est malade et je dois faire des allers-retours à l’officine. Chaque jour, je payais 1000 francs, mais là je ne peux plus le faire. Alors je suis obligé de marcher comme ça dans les eaux stagnantes à mes risque et périls», dit-il. La mine déconfite par la situation désolante qu’il est en train de vivre avec sa femme alitée, Ibrahima Diop souligne un fait très rare qui est arrivé à un de ses voisins. «Mon voisin a réussi à trouver des locataires pour ses appartements une semaine avant le «déluge». Mais l’eau de la pluie a dicté sa loi et les locataires ont quitté la maison», narre-t-il.
La miche de pain passe de 150 francs à 200 francs
Ces habitants ne savent plus à quel saint se vouer, tellement les choses deviennent compliquées avec la flambée subite de certaines denrées comme la miche de pain. Mbaye Diop raconte que l’approvisionnement en pain ne se fait plus normalement. Pis, les sinistrés doivent faire face à une augmentation de 50 francs sur le coût de la miche de pain. «La boulangerie ne fonctionne plus, car elle est inondée. Donc c’est le gérant du kiosque de pain qui a remplacé la boulangerie en fournissant du pain aux populations. Il prend une barque pour aller dans les cités non touchées par les inondations pour acheter du pain. Seulement, il ne vend pas la baguette à 150 francs, mais à 200 francs», dit-il.
L’inondation exaspère encore les habitants des Parcelles Assainies de Keur Massar. Fatou Bintou Diallo, qui est en location avec son mari à Yoff, avait investi toutes ses économies pour avoir une maison à Keur Massar. Aujourd’hui, la réalité des faits la laisse sans voix. «Je ne sais plus quoi faire. Je me suis mise à économiser pour acheter un terrain auprès de la Sn-Hlm. J’y ai construit une maison et je l’ai donnée à mes enfants qui y habitent. Aujourd’hui, elle n’est plus accessible, je n’ai que mes moutons qui sont sur la terrasse. Je dois venir chaque jour pour leur donner à manger et je dois payer la traversée. Cela est coûteux. J’ai du mal à joindre les deux bouts, car la plupart de mes enfants sont des étudiants», dit-elle, la mort dans l’âme. Tout de même, elle renseigne que l’assainissement qui devait se faire pour éviter ce genre de catastrophe n’a pas été réalisé de la manière qu’il faut. «Avant, il y avait de l’eau stagnante après la pluie, mais cela ne nous empêchait pas de vaquer à nos occupations. Je n’accuse pas Macky Sall qui a trouvé la situation telle quelle en venant au pouvoir, car j’ai obtenu mon terrain du temps de Abdoulaye Wade. Mais l’Etat est une continuité et les autorités doivent veiller à cela» dit-elle.
Samba THIAM et Cheikh Tidiane NDIAYE