S’empresser de mettre en place une commission d’enquête parlementaire sur l’affaire des 94 milliards n’a pas de sens, pour Thierno Alassane Sall. Qui souligne que si les députés de la mouvance présidentielle veulent être logiques et justes, il y a le dossier Timis et d’autres dossiers qu’il faut éclairer avant cette affaire. A Thiès, dans le cadre de la tournée des leaders du C25, pour faire «invalider» (par les populations) la candidature de Macky Sall, Thierno Alassane Sall a dénoncé également l’attitude du chef de l’Etat qui, pour lui, a non seulement vassalisé la justice, mais joue à faire peur, en plongeant le pays quasiment dans un état de siège.
Thierno Alassane Sall trouve inopportune la mise en place d’une commission parlementaire, pour entendre Ousmane Sonko, à quelques encablures du scrutin. «La commission d’enquête parlementaire n’a pas beaucoup de sens en ces temps d’élection», dit-il. Surtout qu’il ne comprend pas que la mouvance présidentielle demande une commission parlementaire, alors qu’il y a d’autres dossiers aussi scandaleux où on ne l’a jamais entendue. «Commission pour commission, il y a le dossier Timis qui attend d’être éclairé. Il y a les conditions dans lesquelles la route Fatick-Kaolack a été reprise. Et il y a d’autres dossiers, comme le Prodac…», souligne l’ancien ministre de l’Énergie. Qui précise, cependant, qu’il n’est pas en train de dire qu’il faut fermer le dossier des 94 milliards. «Il faut l’éclaircir dans toutes ses dimensions et sur toutes ses facettes», affirme-t-il avec force. Convaincu qu’il est «absolument nécessaire que l’ensemble des dossiers de corruption qui gangrènent le pays soient mis sur la table», Thierno Alassane Sall ne cache pas son pessimisme, du fait du comportement de la justice qui, dit-il, «a été vassalisée, au point qu’elle ne bouge que quand l’exécutif veut qu’elle bouge». Poursuivant, sur la démission de la justice à accomplir sa mission, sans influence aucune, le patron du mouvement «République des valeurs» trouve «grave, de voir une partie de la justice s’affaisser au point que des magistrats peuvent participer à des meetings de partis politiques, ou adhérer ostentatoirement et visiblement à des partis politiques, sans qu’il ne leur arrive rien». En outre, il trouve aussi grave de voir des ministères entiers devenir le siège de Benno Bokk Yakaar, ou, comme à Thiès, de voir La Poste et la Direction des Impôts et Domaines devenir des sièges de l’Apr.
«Les ressorts moraux ont été cassés par sept ans de reniement, de renoncement et de turpitude»
Dès lors, il appelle à la mobilisation des responsables et militants de l’opposition, en particulier des jeunes, pour «faire en sorte de reprendre notre République et la mettre sur un autre trajectoire, en dehors du pillage et de la vassalisation des institutions».
Poursuivant sa diatribe contre Macky Sall et son régime, Thierno Alassane Sall dénonce la situation actuelle, où le chef de l’Etat, candidat à sa propre succession, joue à faire peur et à réprimer ses opposants. «L’Etat de siège a déjà commencé, avec des tentatives de faire peur au peuple sénégalais», dit-il. Non sans ajouter que malgré ses agissements, il ne «peut rien contre le peuple». Le peuple qui, pour lui, «souffre dans sa chair» et son esprit, car, «les ressorts moraux ont été cassés par sept ans de reniement, de renoncement et de turpitude». Et quels que soit les efforts que Macky Sall peut faire pour inaugurer, nous ferons tout pour récupérer le pays».
Mbaye THIANDOUM