Verser une allocation mensuelle à des agents de l’Etat pour leurs besoins en téléphone est impertinent. C’est la conviction de Moustapha Diakhaté, qui, même s’il salue la volonté du chef de l’Etat de réduire la facture téléphonique de l’Etat, trouve «mauvaise» la manière dont il s’y est pris.
Le chef de l’Etat, par décret, a décidé de réduire les montants des dotations téléphoniques des agents de l’Etat. Pour Moustapha Diakhaté, «la décision de rationaliser la dépense publique est à saluer», car, précise-t-il, elle sonne comme «la satisfaction d’une vieille revendication du mouvement syndical national de réduction du train de vie de l’Etat et va dans le sens d’une meilleure utilisation des ressources publiques». Toutefois, l’ancien député et président du groupe parlementaire Benno Bokk Yakaar estime que Macky Sall a choisi une «mauvaise» manière de s’y prendre. «L’allocation forfaitaire mensuelle de charges de téléphone mobile est une fausse bonne réduction de la facture téléphonique de l’Etat», souligne-t-il. Mieux, il affirme haut et fort que «la solution consistant à verser une allocation mensuelle pour charges de téléphone mobile à certains agents de l’Etat est, à tout point de vue, impertinente».
La parade trouvée par le chef de l’Etat est d’autant plus impertinente, pour lui, que les allocations versées risquent de servir à autre chose qu’acheter du crédit. «Au lieu d’être utilisée pour recharger les téléphones, cette allocation forfaitaire risque d’être perçue par les bénéficiaires comme un complément de salaire et utilisée à d’autres fins». Pour l’ancien chef de cabinet politique de Macky Sall, «en versant un forfait mensuel et en laissant aux agents le choix du numéro de téléphone à charger, il sera impossible à l’Etat de contrôler l’utilisation professionnelle de cette allocation». La meilleure formule, propose-t-il, serait de doter les fonctionnaires concernés en unités téléphoniques ou temps d’appel. «La vraie bonne mesure d’économie budgétaire, c’est une allocation mensuelle de durée d’appels sortants». S’expliquant, le cadre apériste soutient qu’en choisissant par exemple, la formule illimix, l’Etat est en mesure, avec 17.900 francs Cfa, d’octroyer à chaque agent éligible au forfait une durée de communication mensuelle de 30 heures, à laquelle s’ajoutent 600 Sms sans oublier 7 Go de connexion internet.
Mbaye THIANDOUM