Le port altier, les ambitions féroces et le mental d’acier : depuis sa plus petite enfance, Cheikhou Kouyaté s’est forgé les armes pour devenir, un jour, une légende.
«Il jouait comme n°10, parfois comme attaquant de pointe à ses débuts»
Natif de Khar-Yalla, quartier populeux de grand-Yoff, Cheikh Kouyaté a une une passion : le football. Durant sa jeunesse, il est surclassé dans toutes les catégories de jeunes des clubs où il a évolué (Sacré-Cœur et Asc Yoon-wi). D’ailleurs avec ce club de Navétane, le gamin très chétif a grandi et montré au fil des années l’énorme potentiel qu’il possède. Son encadreur, à l’époque, Massamba Ndiaye dit «Bathie», se rappelle des débuts de l’enfant prodige. «Je le connais depuis tout petit, période durant laquelle il avait déjà l’étoffe d’un grand, en jouant comme numéro 10 ou parfois comme numéro 9. En termes de maturité et de détermination, à son âge, il n’avait pas d’équivalent. Cheikhou a toujours voulu être le meilleur. Il a d’ailleurs été meilleur joueur cadet zone 4 B», confie-t-il.
«Il a refusé de jouer pour la Belgique»
Une année en senior avec l’Asc Yoon-wi, un passage à Yeggo avec les juniors, où a il a été champion du Sénégal, Papiss, comme l’appellent les intimes, rejoint l’Europe pour des tests non concluants en Grèce (Athènes) et en France (Nancy), avant d’être retenu en Belgique par le club d’Anderlecht avec lequel il signe en 2010 son contrat professionnel. Il finit par s’intégrer et s’imposer discrètement dans l’effectif des «Meuves». Performant, la sélection nationale des jeunes de la Belgique fait le forcing pour le naturaliser, mais le jeunot dit niet. «Moi, j’ai toujours su qu’il serait un joueur important pour la sélection nationale du Sénégal. Raison pour laquelle, lorsque la Belgique lui a fait les yeux doux pour le prendre avec son équipe nationale, je lui ai déconseillé de le faire, car rien n’est plus beau que de défendre les couleurs de sa sélection nationale. Aujourd’hui, même s’il a la nationalité belge, il ne le regrette pas», indique l’ancien président de l’Asc Yoon- wi de Khar-Yalla.
«Au départ, Cheikhou ne voulait pas du brassard des Lions»
Capitaine adulé et adoubé par Aliou Cissé, Cheikhou Kouyaté a incarné le sérieux et un esprit de leader depuis tout petit. «On s’est très tôt aperçu chez lui des qualités de leadership, de meneur de troupe et surtout de fédérateur», a indiqué Massamba Ndiaye, qui n’est pas surpris de le voir devenir le capitaine des Lions et le vice-capitaine de son club. «Sa nomination comme capitaine des Lions ne m’a pas du tout surpris. Peut-être lui, puisqu’au début, il avait même refusé le brassard ; car il y avait des joueurs comme Moussa Sow, plus âgé et plus expérimenté que lui. Mais Aliou Cissé, qui est un coach très intransigeant, a su déceler ses qualités de leader et de rassembleur, pour lui confier cette tâche», explique Massamba Ndiaye. Aujourd’hui, du haut de ses 28 ans et de son 1,92 mètre, Kouyaté est un élément important de West Ham, tout comme de la sélection nationale. Le physique travaillé en Angleterre, la tactique intégrée en Belgique, il est devenu un joueur parmi les plus complets du continent. «Je reste convaincu qu’il n’a pas encore montré toute l’étendue de son talent. Il a un potentiel énorme et on prie Dieu qu’il puisse le démontrer un jour», conclut Massamba Ndiaye.