A l’image de nombreuses voies ferrées en Afrique subsaharienne, la ligne historique Dakar-Bamako attend depuis des années une remise à niveau. Mais, hormis un plan de relance de la circulation, tout reste à définir. Dans cette situation, les autorités maliennes semblent ne plus pouvoir attendre Dakar. Elles ont ainsi décidé de consacrer près de 10 milliards F Cfa pour relancer le chemin de fer entre Bamako et la frontière du Sénégal.
C’est le député Abdou Mbow, qui interpellait avant-hier le ministre des Infrastructures sur la situation du projet de relance du chemin de fer, qui va lancer un «voilà ce dont je parlais». En effet, moins de 24 heures après l’intervention du parlementaire de Thiès sur la question au niveau de l’Assemblée nationale, les actes posés de l’autre côté de la frontière semblent lui donner raison. En effet, alors qu’il a en commun le projet Dakar Bamako ferroviaire avec le Sénégal, le Mali a décidé de consacrer près de 10 milliards F Cfa pour relancer le chemin de fer entre Bamako et la frontière du Sénégal. Les autorités maliennes veulent ainsi accélérer la relance du trafic ferroviaire sur leur territoire.
Au cours de son Conseil d’administration tenu la semaine dernière à Bamako, la Société du patrimoine ferroviaire du Mali (Sopafer Mali SA) a planché sur son programme d’activités 2019-2020. Selon nos informations, il en est ressorti qu’une enveloppe de 9,87 milliards F Cfa sera affectée à la réhabilitation et à la relance de la ligne de chemin de fer qui relie Bamako à la ville de Diboli, à la frontière sénégalaise. Ce tronçon est un segment de la voie Bamako-Dakar.
Les fonds alloués serviront aux travaux de remise à niveau de 586 km de rail, la réhabilitation de 19 gares ferroviaires, la réhabilitation des dépôts et ateliers de maintenance, l’acquisition des locomotives ainsi que l’acquisition d’outillage pour l’entretien et la maintenance du matériel roulant.
En arrêt depuis mai 2018, l’abandon du trafic ferroviaire entre Bamako et Dakar a anéanti l’économie des localités traversées par les rails, notamment dans la région de Kayes, ce qui a eu pour conséquence l’orpaillage illégal, la paupérisation et l’exode rural. Au Sénégal également, les conséquences néfastes de l’arrêt du trafic ferroviaire sont indénombrables et les populations ne cessent de réclamer le retour des trains.
Pour rappel, à cause du mauvais état des rails, la liaison ferroviaire entre Dakar et Bamako est à l’arrêt. La réhabilitation de la voie ferrée avait pourtant été décidée en 2010 pour relancer le trafic, mais rien n’est encore fait. Si le Mali travaille à la réhabilitation du tronçon Bamako-Diboli, le Sénégal pour ce qui le concerne annonce la création d’une nouvelle ligne entre Dakar et Tambacounda. Tous ces deux tronçons étant des segments de la voie Bamako-Dakar, l’on est tenté de se demander quand le train Dakar-Bamako sifflera-t-il ?
Gare de marchandises dakaroise de Bel-Air : les cheminots ont déserté
En attendant, le silence continue de régner dans la gare de marchandises dakaroise de Bel-Air, depuis plus d’un an maintenant. Alors que sur les rails de la grande halle, d’où sont partis les premiers wagons vers le Mali en 1924, des locomotives hors d’âge sont à l’arrêt. Les cheminots, fréquemment en grève depuis 2018 pour protester contre des arriérés de salaires, ont déserté les lieux.
Le projet de construction de la ligne de chemin de fer Dakar-Niger est élaboré à la fin du XIXe siècle par le général Gallieni, commandant du Soudan français. L’objectif était de relier le fleuve Niger et le port de Dakar afin de permettre l’acheminement des matières premières vers la métropole. La construction de la ligne sera achevée au début du XXe siècle : le tronçon Kayes-Koulikoro sera inauguré en 1904 et la totalité de la ligne, Dakar-Koulikoro, en 1924.
À l’indépendance du Mali et du Sénégal, après l’éclatement de la Fédération du Mali, l’ancienne Régie des chemins de fer de l’Afrique de l’Ouest a été scindée en deux compagnies distinctes : la Régie des chemins de fer du Mali (Rcfm) et la Régie sénégalaise. Un accord entre le Sénégal et le Mali en 1962 a déterminé l’exploitation commune de la ligne par les deux régies.
Sidy Djimby NDAO