Les étudiants de l’Université Assane Seck de Ziguinchor (Uasz) ont intensifié leur lutte ce lundi matin. En assemblée générale hier au sein de l’université, les apprenants réclament les têtes du recteur, le Dr Kourfia Kéba Diawara et `de Mamadou Lamine Diombéra, directeur du Centre régional des œuvres universitaires du Ziguinchor (Crouz). «Nous avons des autorités incompétentes. Tant qu’ils sont là, rien ne se réalisera. Aucun chantier n’aboutira » ont dit les camarades de Mamadou Diarra Touré, coordonnateur de l’inter amicale, devant un parterre d’étudiants qui les écoutaient religieusement. C’est pourquoi ils lancent un appel à la population de la ville de Ziguinchor qu’ils préviennent : «nous informons la population de Ziguinchor de notre décision de descendre au quotidien dans la rue. Nous informons les autorités que nous allons introduire notre demande de front».
Une détermination qui a incité le président du mouvement «J’aime le Sénégal» à user de son bâton de pèlerin pour jouer la médiation. Une médiation qui a abouti à une rencontre à la gouvernance de Ziguinchor entre l’Imam Ratib de la grande mosquée de Ziguinchor Ismaïla Aïdara, du médiateur de l’Université, le professeur Nouha Cissé, qui a représenté en même temps l’évêque de Ziguinchor, Paul Abel Mamba Diatta.
Selon le compte-rendu reçu de la rencontre, «le coordonnateur des étudiants, Mamadou Diarra Touré, a félicité et remercié le président du J.A.S pour sa médiation avant de faire comprendre à l'autorité que ses camarades n'ont jamais voulu aller en grève, mais leurs conditions d'études étaient inacceptables, surtout au plan pédagogique. Toutes les deux parties se sont accordées sur la nécessité de pacifier la lutte», informe le texte signé par le président du mouvement qui a initié la rencontre.
La nouveauté, d’après Moulaye Camara, c’est que «le gouverneur, sur demande des étudiants, a contacté le ministère de l'Enseignement supérieur de la Recherche et de l'Innovation qui a accepté de recevoir les étudiants jeudi prochain pour décanter complètement la situation». Moulaye de poursuivre : «le gouverneur les a bien écoutés. Leur demande première, pour suspendre leur mot d’ordre, c’est la fait qu’ils soient reçus par le ministre. C’est la seule condition pour lever leur mot d’ordre. Le gouverneur leur a conseillé de ne pas personnaliser le combat (réclamer les têtes du recteur et du directeur du Crouz, Ndlr). Car cette condition ressemble à un règlement de compte. Du coup, ils ont éliminé ce point. Ils ont demandé que les forces de l’ordre quittent la devanture de l’université et que les franchises universitaires ne soient plus violées. Ils étaient dans d’excellente dispositions de discuter. Pendant deux tours d’horloge, le débat était d’une grande courtoisie. L’imam Ratib leur a rappelé son parcours d’étudiant en Syrie. Un exposé qui a douché l’ardeur des étudiants. Le discours introductif de l’Imam a permis aux deux parties de se ressaisir». A l’en croire, «le mercredi dernier, le commissaire de police du commissariat central de Ziguinchor les avait nuitamment reçus pendant une heure. Il leur a fait savoir que le gouverneur était peiné de déployer les forces de l’ordre la semaine précédente. Ce qui était à l’origine de la réquisition de la gendarmerie pour rétablir l’ordre, car la furie des étudiants avait pris une ampleur inquiétante», fait savoir Moulaye Camara.
«Cette séance de concertation a été une occasion pour le gouverneur de rassurer les étudiants sur la pertinence de leurs revendications, mais également de la sincérité de l'État à apporter des réponses urgentes faisant de l'Université Assane Seck une Institution d'excellence», précise Moulaye Camara.
Baye Modou SARR