Pour voler la moto de Ousmane Kane, Birame Niang lui a asséné un coup de couteau au niveau de l’abdomen. Un geste qu’il regrettera toute sa vie, surtout si le juge rejoint le procureur qui a requis les travaux forcés à perpétuité contre le technicien en informatique. L’accusé comparaissait, hier, pour tentative de vol commis la nuit avec violences et usage d’arme.
Âgé seulement de 29 ans, Birame Niang n’en est pas moins à sa troisième comparution devant les juridictions répressives. Condamné à 2 reprises à 1 an d'emprisonnement ferme pour divers délits, celui qui se dit technicien en informatique de son état encourt la prison à vie, devant la Chambre criminelle de Dakar, où il comparaissait hier pour tentative de vol commis la nuit avec violences et usage d'arme. Il ressort des déclarations d’audience que le 15 juin 2015, l’accusé avait agressé Ousmane Kane pour lui voler son scooter. La victime revenait du domicile de son patron lorsque, arrivé au rond-point dit «case bi», à hauteur du feu rouge, Birame Niang surgit de nulle part un couteau à la main et lui intime l'ordre de lui remettre son scooter. Avant même qu’il ne réagisse, il lui assène un coup de couteau à l'abdomen. Il s’en est suivi une bagarre et c'est là que Ousmane Kane a récupéré le couteau que détenait son agresseur avant de le poignarder à son tour sur l'avant-bras. Pas chanceux, Birame Niang sera pris par le collet par des passants venus prêter main-forte à la victime, dont Dame Mbow, qui le conduisent au commissariat de Golf. Devant les enquêteurs, Birame Niang avait reconnu les faits avant de se rétracter. Il finit par déclarer qu’il était sous l’emprise de l’alcool et qu’il ignorait ce qui s’est passé. Mais, témoin des faits, Dame Mbow a reconnu formellement le bonhomme comme celui qui a attaqué la victime.
Le plaignant qui s'est rendu à l'hôpital s'est retrouvé avec un certificat médical qui conclut à une incapacité temporaire de travail de 15 jours faisant état d'une plaie à l'abdomen de 30 cm causée par une arme blanche. Après s'être rendu au commissariat, il a reconnu son agresseur lors de la séance d'identification. Inculpé pour vol commis la nuit avec violences et usage d'arme, Birame Niang a comparu hier devant la Chambre criminelle de Dakar, où il a contesté les faits. Cet homme marié et père d'un garçon soutient : «cette nuit-là, deux personnes m'ont attaqué alors que je me trouvais sur mon scooter. Ils détenaient un couteau. C'est quand j’ai récupéré le couteau que l'autre agresseur m'a assommé. J'avoue que j'étais ivre et que c'est moi qui l'ai attaqué, par la suite, mais ce n'était pas pour l'agresser». Son système de défense n’a pas convaincu le juge qui lui fait remarquer que devant les enquêteurs, il avait reconnu les faits.
La victime Ousmane Kane a quant à elle maintenu ses accusations. «Il m'a insulté avant de me donner un coup de couteau à l'abdomen. C'est ensuite que j'ai récupéré le couteau en lui infligeant un coup sur le biceps. Je me suis rendu à la police et je l'ai reconnu. Je réclame 150.000 francs qui constitue les frais de mes soins médicaux». Le procureur Saliou Ngom n’y est pas allé par quatre chemins, il a requis les travaux forcés à perpétuité contre l’accusé. Selon le procureur, le vol avec usage d'arme n'est puni que par une peine des travaux forcés à perpétuité. «Nous avons affaire à un individu qui a fait 2 fois la prison. Il n'y a pas de circonstances atténuantes à son endroit», peste le maître des poursuites.
L'avocat de la défense implore le pardon du tribunal
L'avocat de la défense, Me Bassirou Sakho, a souhaité la clémence de la Chambre pour son client. «Sur la peine requise, le parquet n'a pas du tout ménagé Birame Niang à cause de son attitude à la barre. Dans le secret de votre délibéré, je demande d'écarter ce qui peut corrompre votre jugement. Je voudrais inviter la Chambre à ne pas tenir compte du comportement de mon client. Il faut prendre en compte l'environnement social de l'accusé, il a un enfant qui a besoin de son père, une mère ainsi que son épouse qui ont besoin de lui. Aujourd'hui, je ne peux pas plaider le doute, c'est trop fort pour moi. Je ne peux que demander votre clémence. J'implore votre pardon non pas pour lui, mais pour son enfant, sa femme et sa mère», a plaidé Me Sakho. Verdict le 7 janvier 2020.
Fatou D. DIONE