Formateur en génie civil du consortium «Actif», Alioune Badara Sall dit imam Aliou a été le 11e accusé à être entendu par la Chambre criminelle. Agé de 43 ans, marié à deux épouses et père de 7 enfants, il déclare d’emblée n’avoir pas de surnom. Mais, précise-il, à l’instruction, il s’est fait appeler «imam Ali». S’agissant des faits, il les a niés en bloc. Revenant sur les circonstances de son arrestation, il soutient que cela remonte au 27 octobre 2015, alors qu’il voulait acheter des matériaux pour un chantier. L’accusé assume être membre de l’Association des frères musulmans de Rufisque et Bargny composée de cinq personnes qui œuvrent pour l’enseignement de la religion et l’entraide, responsable de (Daawa), c’est-à-dire la prédication en islamique. Il habite à Bambilor tout près du daara où Matar Diokhané enseignait. Ce dernier était pour lui un bon maître coranique, très courtois ; c’est pourquoi il lui avait confié ses enfants dans son internat. Alioune Badara Sall de préciser qu’il n’avait pas de relation particulière avec Matar Diokhané. Mais, dit-il, il discutait avec lui de temps en temps.
Mais il a fini par retirer ses enfants du daara de Diokhané, parce qu’il sentait l’influence qu’exerçait l’enseignant sur eux. Tout de même, cela n’avait pas dégradé leurs rapports. Matar Diokhané lui avait ainsi confié les travaux de construction de sa maison que son épouse, Coumba Niang supervisait. Aussi, Alioune Badara Sall a affirmé que seul un contrat le lie à Matar, à qui il devait acheter un terrain et construire la maison à usage d’habitation à Keur Ndiaye Lo.
Matar Diokhané lui avait remis en mains propres 12 millions et 18.000 euros avec lesquels il devrait faire l’achat de tout le matériel nécessaire, ainsi que la parcelle de terrain. Il résulte, cependant, de l’exploitation de son ordinateur, que le livre de Diokhané lui a été envoyé pour la diffusion des Salafistes et des «Mbook» (disciples) de Rufisque et de Bargny. Sur ce point, il a affirmé que ce livre ne lui a pas été envoyé. Mais, il lui a été donné par Matar Diokhané sur clé USB. Du fait qu’il a été écrit en arabe et de son contenu volumineux, il n’avait ni le temps, ni le niveau de l’étudier. L’enquête a démontré que ce même livre était envoyé à Imam Ndao dans le but de le corriger par Matar Diokhané.
Fatou D. DIONE