Pour avoir lancé une quête de fonds sur internet sans l'aval de Mouhamed Ka, gendarme amputé du bras lors des fameux événements du mois de mars dernier, El Hadji Malick Niang l'a payé cher. Car, il a été condamné hier à 6 mois de prison ferme. Il comparaissait devant la barre des flagrants délits de Dakar pour des faits de collecte illicite de données à caractère personnel et de tentative d’escroquerie.
Ayant perdu son bras dans le cadre de son travail en servant dignement sa patrie, lors des fameux événements du mois de mars dernier, le gendarme Mouhamed Ka est le genre d'élément dont une nation a besoin dans les rangs de son armée. Cet homme, même après avoir été amputé du bras, aurait pu via demander de l'aide. Mais, le soldat a préféré garder sa dignité et s'abstenir de demander une quelconque aide. Malheureusement, c'est un autre individu sain et sauf, très bien portant qui s'est arrogé le droit de vouloir se faire de l'argent sur le dos du blessé. Et cette personne n'est autre que le gendarme El Hadji Malick Niang. Celui-ci, au lieu d'avoir de la pitié envers cette victime, s'est permis de la jeter en pâture en créant une cagnotte à son nom et à son insu sur la plateforme dénommée «kopar express». Ainsi, sur internet, El Hadji Malick Niang a osé lancer une quête de fonds. Et pour mieux amener ses bons samaritains à envoyer des sommes d'argent, il a posté la photo de Mouhamed Ka.
Toutefois, son subterfuge a été découvert, et il a été traîné hier devant la barre du tribunal des flagrants délits de Dakar, pour des faits de collecte illicite de données à caractère personnel et de tentative d’escroquerie. En outre, l'enquête a révélé que ce prévenu n’en est pas à son premier coup du genre. En effet, lorsqu'il était étudiant, il avait commis les mêmes faits et avait écopé 3 mois de prison ferme. Niant face au juge, El Malick Niang a soutenu qu'il n'était pas animé par le dessein de rouler les gens dans la farine. Ainsi précise-t-il, il voulait juste venir en aide à son frère d'armes. «C'est un individu du nom de Michel qui m'a contacté et m'a sollicité pour ouvrir cette cagnotte. Et si j'ai accepté, c'est parce que je savais que Mouhamed en avait besoin. La preuve, c’est moi qui suis la première personne à avoir donné ma contribution à hauteur de 4000 F Cfa. Et si j’avais l’intention d’escroquer, je n’allais pas cotiser. Il s'y ajoute que j’ai fermé la cagnotte en 24h car j’ai été conscient d’avoir commis une erreur qui est de ne pas en avoir parlé au préalable à ma hiérarchie. Aussi, c’est le nommé Michel qui m’a envoyé la photo que j'ai postée sur internet. Et c'est le même cliché qu'ont publié les sites internet en guise d’illustration de leurs articles», narre-t-il. Mais, curieusement, le mis en cause a clairement révélé à la barre qu'il ne connaissait pas le gendarme amputé du bras et pour le compte de qui il demandait ces sous.
Me Ibrahima Mbengue, avocat de Mohamed Kâ : «le prévenu voulait s’enrichir sur le dos mon client»
Avocat de la partie civile, Me Ibrahima Mbengue a réclamé le franc symbolique pour le compte de son client. «La culpabilité du prévenu ne souffre d’aucune contestation. La vérité, c’est qu’il voulait profiter du malheur de mon client pour gagner de l’argent. Et pire que ça, il a terni son image. Physiquement blessé, car il a perdu son bras, mon client est maintenant moralement atteint. Le mis en cause a profité de son état pour ouvrir une quête et se faire de l’argent. Il s’est servi de ses identités sans son aval. Il voulait s’enrichir sur son dos», a soutenu Me Mbengue.
Le parquet requiert 2 ans ferme
Malheureusement pour le prévenu, la représentante du procureur a requis 2 ans de prison ferme contre lui. Évoquant ainsi sa «mauvaise foi», elle ajoute : «c’est malheureux que des gens profitent du malheur d’autrui. Il ne mérite pas d’être gendarme. Il a ouvert la cagnotte à l’insu de la victime qui a préféré garder sa dignité. Il est d’une mauvaise foi extrême. Il a voulu dès le lendemain récupérer le montant déjà collecté». Après les plaidoiries, El Hadji Malick Niang a été reconnue coupable et condamnée à 2 ans dont 6 mois ferme.
Fatou D. DIONE