L’affaire Ardo Gningue continue de défrayer la chronique. Arrêté et gardé à vue pendant 72 heures à partir du vendredi 14 août 2020 à la brigade de la gendarmerie de Tivaouane, l’activiste, à sa sortie, a informé avoir été torturé par 13 gendarmes, dont 12 encagoulés, qui recevaient les ordres de le tabasser d’un certain colonel Sarr. Depuis ces révélations, les soutiens fusent de partout. Et pour les collectifs Aar Li Nu Bokk et Noo Lank, la gendarmerie, encore une fois, a montré son manque de considération et de respect envers les citoyens. Ils exigent par la même occasion justice pour leur camarade.
Ardo Gningue n’est pas seul dans son combat. Aar Li Nu Bokk et Noo Lank, dans un communiqué co-signé, ont apporté leur soutien à leur camarade. Pour les membres desdits collectifs, l’activiste n’est poursuivi pour aucun délit. Et la gendarmerie aurait dû veiller sur la sa sécurité. «Cet engagement, même s’il s’oppose aux intérêts des puissances financières et autorités publiques, est conforme à la constitution du Sénégal. Ce n'est ni un délit, ni une offense de s'opposer de manière légale. Des lors, la gendarmerie, sous la responsabilité du colonel Cheikh Sarr, aurait dû veiller à assurer la sécurité de Ardo Gningue, comme elle le doit à tout citoyen dans l'exercice de ses droits, et non chercher à l'intimider en l’arrêtant pour le soumettre à des actes de violence», laissent-ils entendre
Avant de poursuivre : «Ardo Gningue ne fait pas l’objet d’une quelconque plainte venant de quelque société, communauté ou citoyen. Il ne devait pas être arrêté sans que des faits incontestables soient établis à son endroit. Il n'a commis aucun flagrant délit».
«La gendarmerie, sans aucune base légale, a voulu lui arracher des aveux en le forçant à faire de fausses déclarations»
Pour les activistes, alors que les gendarmes auraient pu le relâcher et présenter des excuses pour l’avoir arrêté et malmené injustement, ils ont préféré lui faire porter le chapeau en chargeant son dossier. A en croire les collectifs Aar Li nu Bokk et Noo Lank, les accusations de la gendarmerie à l’endroit d’Ardo Gningue ne reposent sur aucun témoin et démontrent que les forces de l’ordre ont tenté de l’incriminer gratuitement. «La gendarmerie, sans aucune base légale, a voulu lui arracher des aveux en le forçant à faire de fausses déclarations pour justifier son arrestation et pour le déférer devant le juge, afin de le faire condamner et achever ainsi leur entreprise d’apeurement. Ils y sont parvenus en le faisant condamner à un mois avec sursis», soulignent les activistes.
Les activistes de saluer le courage de ARdo Gningue. «Certains auraient fait de cette épreuve traumatisante une leçon pour se taire définitivement, par peur d'être persécutés dans l’indifférence générale de la population et du commandement de la gendarmerie qui tient avant tout à protéger ses officiers et son image et non les citoyens dont la protection justifie son existence. Mais le sens du devoir de s'opposer à de telles pratiques pour y mettre fin définitivement, son courage de confronter ses bourreaux, furent-ils officiers et commandants de sa région ; et la lucidité d’Ardo Gningue sur la nécessité d’informer le public de cette dérive de la gendarmerie, l’ont poussé à relayer ces actes dans les médias», soulignent-ils.
Ardo Gningue, d’après ses camarades ne lâchera pas l’affaire et continuera de dénoncer les actes qu’il a subis et n'exclut pas de poursuivre le colonel Cheikh Sarr.
Avant d’ajouter : «nous attendons d’eux protection (…). Nous ne réclamons pas de privilèges ou passe-droit sous le prétexte des luttes que nous soutenons. Mais, nous exigeons l'application juste et impartiale de la loi, pour tous les citoyens», ont-ils conclu.
Khadidjatou DIAKHATE