La mort du jeune Cheikh Wade ne restera pas impunie. C’est tout au moins le souhait de la famille Wade qui a décidé d’ester en justice. Une plainte a été déposée sur la table du président de la Chambre d’accusation de la Cour d’appel qui devra saisir le Procureur général de la Cour d’appel ; à charge pour ce dernier de saisir le procureur de la République pour l’ouverture d’une enquête. Dans la plainte des requérants qui vise X, plusieurs infractions sont visées, notamment l’homicide volontaire avec préméditation et guet-apens sur la personne de Cheikh Wade.
En dénombrant les victimes des émeutes du 8 mars dernier, Amnesty international section Sénégal avait compté 12 morts. Certains parmi les parents des victimes avaient décidé de s’en remettre à Dieu et donc de passer l’éponge en acceptant, bien sûr, les dédommagements de l’Etat. D’autres estiment que même si l’Etat dédommage, les coupables doivent être punis. C’est dans cette seconde catégorie qu’il faut classer la famille Wade. Et depuis hier, la famille de Cheikh Wade a enclenché la procédure judiciaire. Une requête a été, en effet, déposée sur la table du président de la Chambre d’accusation de la Cour d’appel de Dakar. Ce, puisque le ou les présumés coupables sont des officiers de police judiciaire. Il s’agira maintenant pour ce dernier de transmettre le dossier au Procureur général de la Cour d’appel, lequel va saisir le procureur de la République pour l’ouverture d’une information judiciaire.
Ce que dit l’autopsie
Si sérieusement l’Etat du Sénégal est dans une logique de punir les coupables de quelque bord qu’ils se situent sans protéger personne, il est sûr que le dossier ne devra pas prendre beaucoup de temps. Car, en plus de la requête, les requérants ont joint la vidéo qui était devenue virale sur les réseaux sociaux et qui montre le garçon qui tombe à la suite d’un coup de feu. Cette vidéo est accompagnée des résultats de l’autopsie du Pr Cherif Dial, chef de service de l’Hôpital général Idrissa Pouye (ex Cto), assisté du Dr Gabriel Deguenonvi qui concluent, entre autres, à un décès dû à un traumatisme crânien par projectile d’arme à feu avec fracas des os ; délabrement cérébral hémisphère gauche, hémorragie interne et externe.
Suffisant pour que la plainte vise des infractions graves, notamment homicide volontaire avec préméditation et guet-apens sur la personne de Cheikh Wade, abstention de porter secours à une personne en danger de mort, atteinte aux libertés, abus d’autorité, actes de barbarie, actes cruels et dégradants. En outre, la requête vise X, personne non déterminée et non dénommée mais formellement identifiée comme étant l’officier de police commandant en service au commissariat de police des Parcelles Assainies de Dakar. Ce dernier n’est cependant pas la seule personne visée, puisque la famille considère qu’après le coup de feu, le véhicule de la police a avancé jusqu’à hauteur du garçon et au lieu de lui porter secours, ils sont repartis. D’où l’abstention de porter secours à une personne en danger. La balle est dans le camp de la justice.
Alassane DRAME