La Douane a encore frappé un grand coup. 750 kg de cocaïne ont été saisis au Port de Dakar, dans la nuit du samedi au dimanche. La marchandise était dissimulée dans des voitures provenant du Brésil. Un couple présumé convoyeur, deux Sénégalais qui seraient leurs complices, ainsi que l’équipage du bateau, ont été arrêtés.
C’est à croire que la Douane surfe sur les vagues de la chance depuis une semaine. En effet, après la saisie de près de 240 kilos de cocaïne dans la nuit de mardi au mercredi dernier, les gabelous ont remis ça dans la nuit du samedi au dimanche, toujours au Port autonome de Dakar, avec cette fois une saisie record. Assisté par la police, la gendarmerie et la sécurité du Port, les soldats de l’économie ont mis la main sur 750 kilos de cocaïne. Comme pour la première saisie, la drogue était cachée dans 15 voitures de marque Renault Kiwi (dont l’usine de fabrication se trouve au Brésil), en raison de deux sacs de 25kg (soit 50kg) par voiture. Les voitures étaient transportées par un navire, «le Grande Nigeria», spécialisé dans le transport de véhicules, et appartenant à la société italienne Grimaldi Lines. Le navire provient du Brésil et a quitté le Port de Paranagua le 15 juin. Selon le manifeste, 11 voitures devaient être débarquées au Port de Tema au Ghana, tandis que les 4 restantes poursuivraient leur chemin jusqu’au Port de Hambourg en Allemagne.
Un couple d’Européens, l’équipage du bateau et deux Sénégalais arrêtés
En plus de la saisie de la drogue, les forces de sécurité ont mis la main sur un couple d’Européens qui accompagnait la cargaison, à bord du bateau. De même, deux compatriotes considérés comme de présumés complices, ainsi que l’équipage du navire, ont été interpelés. Le navire a été également saisi, pour les besoins de l’enquête.
Renault Brésil et Grimaldi responsables, au regard du règlement du transport maritime et du code douanier
Comment la société Grimaldi, qui est l’un des plus gros clients du Port de Dakar, s’est-elle retrouvée au cœur de cette affaire ? Y-a-t-il complicité au sein de la compagnie dont le siège se trouve dans la ville italienne de Palerme, un haut lieu de la mafia et du trafic de drogue. Le suspicion est d’autant plus grande que le navire, qui ne transporte pas de passagers, avait à son bord deux passagers, présumés convoyeurs de la drogue. Quoi qu’il en soit, avec ses navires impliquées dans deux saisies, elle aura du mal à se tirer d’affaire, car, en tant que transporteur, la réglementation du secteur la rend responsable, au même titre que le chargeur, qui se trouve être la société Renault Brésil. La loi autorise la Douane, au nom de l’Etat, à mettre la main sur les véhicules transportés et dans lesquels se trouvait la drogue, ainsi que de saisir le navire (article 238. Code douanier) et de réclamer une amende qui peut aller jusqu’au double de la valeur du navire.
Une première saisie impliquant le même transporteur, le même chargeur et le même port d’embarquement
Il y a juste quelques jours, 238 kilos de cocaïne ont été saisis quasiment dans les mêmes conditions. La drogue était dissimulée dans des voitures du même type, transportées par un navire de la même compagnie, venant du même port (Paranagua) et du même pays, le Brésil. Sauf que pour la première saisie, la cargaison devait être débarquée au Port de Luanda en Angola. D’ailleurs, l’enquête dans cette première saisie a abouti à l’arrestation et l’audition d’une quinzaine de personnes, dont des gardiens, des chauffeurs au Port et des responsables de la société manutentionnaire, Grimaldi.
Et vu les points communs entre les deux saisies, on serait en face d’un trafic bien organisé, qui a fait de Dakar, par sa position géographique stratégique, à la croisée des routes maritimes entre l’Europe, l’Amérique et le reste du continent, une zone de transit. Depuis quand ça dure ? Combien de cargaisons ont échappé à la vigilance de la Douane ?
Mbaye THIANDOUM