La question du 3ème mandat est réglée au Sénégal avec la limitation des mandats à deux par la Constitution et les propos du Président lui-même qui, à plusieurs reprises, a déclaré qu’il était à son 2ème et dernier mandat. C’est la conviction de Aminata Touré et une manière de mettre Macky Sall, à qui on prête l’intention de briguer un 3ème mandat, devant ses propos et ses responsabilités. L’ancienne Premier ministre s’exprimait hier à l’occasion de la conférence virtuelle de la National Democratic Institute, sur le thème de la limitation des mandats.
Aminata Touré est pour la limitation des mandats et surtout le respect par les chefs d’Etat de la limitation des mandats telle que consignée dans les constitutions de leurs pays. Invitée à faire hier une communication à l’occasion de la Conférence virtuelle du National Democratic Institute sur le sujet, l’ancienne Premier ministre a donné l’exemple de son pays. «J’axerais ma réflexion sur le cas du Sénégal, mon pays, suite aux choix constitutionnels effectués lors du référendum du 20 mars 2016. A cette occasion, le Sénégal a modifié sa constitution limitant les mandats présidentiels à 2 consécutifs, et précisant en son article premier que ‘’la durée du mandat du président de la République est de cinq ans. Nul ne peut exercer plus de deux mandats consécutifs’’ », souligne-t-elle d’emblée. Et d’ajouter : «le Président Macky Sall réélu le 24 février 2019 a affirmé à de nombreuses reprises qu’il effectuerait son second et dernier mandat notamment le 31 décembre 2018. Donc, au Sénégal, la question est derrière nous».
«La limitation des mandats est un moyen de faciliter l’alternance, et son respect, un moyen de quitter le pouvoir avec les honneurs»
Convaincu que la limitation des mandats est la meilleure trouvaille pour conforter la démocratie dans nos pays, Mimi Touré, au-delà du Sénégal, souligne qu’une étude révèle qu’environ 75% des citoyens africains sont pour la limitation des mandats présidentiels. Dès lors, elle affirme : «si la démocratie est la prédominance du plus grand nombre, cela suffirait à clore le débat». Quoi qu’il en soit, pour l’ancienne présidente du Conseil économique, social et environnemental, «ce qui est attendu partout sur le Continent, c’est le respect des Constitutions» dans nos pays dont 35 sur les 55 ont des clauses de limitation de mandat. «C’est le gage de la stabilité des pays. Depuis 1990, Il faut noter que 21 leaders ont sagement quitté le pouvoir dans 14 pays africains grâce à la disposition de la limitation de mandat. La limitation des mandats est un moyen important de faciliter l’alternance au pouvoir sur le continent. Son respect est aussi, de nos jours, un moyen de quitter le pouvoir avec les honneurs», explique-t-elle. Tout en saluant les récents exemples en Afrique de l’Ouest (Niger, Mauritanie, Libéria, Sierra Leone, Cap Vert).
En outre, chantant les vertus de la limitation des mandats, Aminata Touré soutient qu’elle permet des «transitions politiques à des intervalles réguliers et prévisibles», de motiver davantage à produire des résultats pour laisser un héritage positif, de renouveler le leadership et encourager la montée d’une autre génération de dirigeants politiques, et donc l’apport de sang neuf et la possibilité de changements de politiques.
A l’opposé, elle note que
les risques du «non-respect de la limitation des mandats» sont entre autres : la tentation de la manipulation des élections, l’affaiblissement de l’autorité des autres pouvoirs de l’Etat et la marginalisation d’adversaires politiques, les fortes tensions sociales avec des répercussions économiques et sociales graves et l’intervention des forces de sécurité dans le jeu politique par les coups d’Etat.
Mbaye THIANDOUM