Depuis quelques jours, les butaniers qui ravitaillent le Sénégal n’ont pu décharger leur cargaison à cause d’une panne au niveau du point de débarquement. Sur les 8000 tonnes qui devaient être débarquées, il y a quelques jours, seulement un peu plus de 1000 tonnes l’ont été et le stock théorique de 5580 tonnes qui couvre 11 jours est passé à -268 tonnes, couvrant moins d’une journée. Une situation qui inquiète les entreprises productrices de gaz butane qui voient leur autonomie d’une dizaine de jours fondre comme beurre au soleil.
Les acteurs du gaz suent à grosses gouttes depuis quelques jours, avec la crainte d’un déficit de production et donc d’une pénurie de gaz butane. Et pour cause, un «problème de flexible» au niveau du quai de débarquement a fait que deux butaniers arrivés à bon port n’ont pu décharger leur cargaison. Selon nos sources, seul Total a eu la chance d’être servi pour environ 1000 tonnes sur 4000, avant que le problème ne survienne. Ainsi, au niveau des autres compagnies, la tension est vive. En effet, un allongement de cette situation serait nuisible à la production et au marché du gaz butane. Selon nos sources, en dehors de Total, «aucune des quatre autres grandes sociétés (Puma, Touba Gaz, Lobbou Mame Diarra Bousso, Ola Energy) n’a une autonomie de 5 jours».
7077 tonnes au total à la date du 16 septembre, alors qu’on devrait être à plus de 14.000 tonnes
Le point de la situation des butaniers du mois de septembre, dont nous avons copie, confirme cela. En dehors du stock national estimé à 6074 tonnes, seules 1003 tonnes ont été débarquées du Lpg Chelsea le 6 septembre. Ce qui fait au jour d’hier 16 septembre, un total de 7077 tonnes, alors qu’au 12 septembre, on devait être à un peu plus de 14.000 tonnes. D’ailleurs, le stock théorique qui était de 5580 tonnes pour 11 jours de consommation au 1er septembre est à -268 tonnes et à -1 jour de consommation, depuis le 15 septembre.
Autrement dit, la consommation journalière établie à 489 tonnes n’est plus couverte depuis cette date. Ce qui signifie que si les réparations ne sont pas terminées au plus vite et la Sar et les compagnies ravitaillées, la production va être à l’arrêt ou fortement ralentie pour certaines sociétés. Et cela va se ressentir sur la disponibilité du gaz butane, car ces sociétés (sans Total), font la quasi-totalité de la production de gaz. Deux d’entre elles, toutes des sociétés nationales, Lobbou Mame Diarra Bousso (7 butaniers de 4000 tonnes par an) et Touba Gaz (6 butaniers de 4000 tonnes par an), importent à elles seules 52.000 tonnes et 13 bateaux par an, soit plus de la moitié des 84.000 tonnes et des 22 bateaux (de 4000 tonnes chacun) que les 5 sociétés privées de production de gaz importent par an.
Selon un accord signé entre les parties et le Comité national des hydrocarbures en décembre 2019, Total Sénégal et Puma Energy importent chacune 3 butaniers, soit 12.000 tonnes par an et Ola Energy 2 butaniers, soit 8000 tonnes par an. La Sar a le même quota que les 5 sociétés réunies (22 bateaux de 4000 tonnes, soit 84.000 tonnes par an).
Un second point de déchargement en souffrance pour moins de 400 millions de réparations
Cette situation, avec une panne de flexible qui empêche des butaniers de débarquer leur cargaison depuis plusieurs jours, compromettant la production de butane et pouvant aboutir à une pénurie, remet sur la table la question du second point de débarquement. «Il y a deux points de déchargement, mais le second ne fonctionne pas. La présente situation devrait être une raison de plus pour le réfectionner. Ainsi, quand l’un a des problèmes, l’autre peut prendre le relais, afin qu’il n’y ait pas de rupture dans le ravitaillement», note une source. Qui d’ailleurs ne comprend pas pourquoi ce second poste de déchargement n’est pas réfectionné alors que cela ne coûte pas beaucoup d’argent par rapport au secteur qui draine des milliards.
A l’en croire, la remise en état de ce second point de débarquement, qui appartenait aux premières sociétés de gaz installées dans le pays, couterait moins de 400 millions.
Mbaye THIANDOUM
Le problème est réglé selon la Sar
A la suite des informations reçues hier, nous avons contacté plus tard dans la journée la Société africaine de raffinage (Sar), responsable des importations. Celle-ci a confirmé l’existence de la panne depuis plusieurs jours, mais a précisé qu’elle a été réparée. «Effectivement, il y a quatre jours, il y avait un problème. Le flexible était en panne. Je viens d’avoir le technicien chargé de la question qui est parti au port. Il m’a confirmé que le problème est réglé et le déchargement va reprendre», a déclaré le responsable de la communication, Ousseynou Ndiaye.
Mbaye THIANDOUM