Libérer le Dr Babacar Diop, professeur de philosophie, «pour préserver la paix et la stabilité au niveau de l’Université». C’est le vœu de 22 de ses collègues qui lui ont témoigné leur solidarité à travers une tribune qu’ils ont publiée hier. Non sans déplorer le fait que l’exercice d’un droit banal dans un Etat de droit et dans une démocratie mature ait conduit à l’arrestation et au placement sous mandat de dépôt du Dr Diop, qui ne peut en aucune manière quitter le pays.
Ses amis, collègues et étudiants de l’Ucad «sont profondément affectés» par l’arrestation et le placement sous mandat de dépôt du Dr Babacar Diop, maître de conférence titulaire au département de philosophie de la Faculté des lettres et sciences humaines de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar. Loin d’eux toute idée de vouloir «exercer une quelconque pression» sur la justice ou «remettre en cause son indépendance», les soutiens universitaires de l’enseignant-chercheur «s’interrogent néanmoins sur les motivations réelles de la décision judiciaire de le placer sous mandat de dépôt». Mieux, ils sollicitent tout bonnement «la reconsidération de cette décision judiciaire», qui a envoyé leur collègue en prison, «pour préserver la paix et la stabilité au niveau de l’Université». Pour eux, leur sollicitation est d’autant plus légitime que «présumé coupable d’une infraction à un arrêté préfectoral lui-même en contradiction avec les dispositions de la constitution», le Dr Diop, bien domicilié au Sénégal où il réside en permanence, «ne fuira en aucun cas le pays». Et, en cas de besoin, «la justice sait donc où le trouver». Dès lors, pour ses collègues, amis et étudiants, on devrait le libérer provisoirement. Surtout que le Dr Diop ayant démarré ses enseignements au département de philosophie, «le placer sous mandat de dépôt revient à saborder les activités pédagogiques et de recherche du département de philosophie, menaçant ainsi la nouvelle année universitaire».
Revenant sur les faits, les universitaires qui ont signé la tribune précisent que leur collègue est à la fois un enseignant-chercheur et un homme politique (leader des Forces démocratiques et sociales Fds). Et c’est en vertu de cette double casquette que le vendredi 29 novembre, «après s’être convenablement acquitté de ses obligations professionnelles, il a jugé nécessaire d’exercer un de ses droits citoyens, en allant manifester pacifiquement devant le palais présidentiel contre la hausse récente du prix de l’électricité». Dépités par la tournure des évènements, ces universitaires déplorent le fait que «cette responsabilité citoyenne, normalement banale dans un État de droit et dans une tradition authentiquement démocratique», ait «malheureusement» conduit à l’arrestation et à l’emprisonnement de leur collègue Babacar Diop.
Mbaye THIANDOUM