Pas de temps d’adaptation, encore moins d’état de grâce pour Abdou Aziz Diop, qui a intégré hier l’Assemblée nationale en remplacement de Madické Niang. Mais, pour son baptême du feu, le député libéral a été très dur avec le régime. Suffisant pour qu’il se fasse huer et chahuter par ses collègues de la majorité.
C’est à croire que les députés de Benno ne connaissent pas l’hospitalité, quand il s’agit de défendre le régime et le Président Sall. Le député libéral Abdou Aziz Diop, qui a intégré hier l’Assemblée, en remplacement de Me Madické Niang, l’a appris à ses dépens. Les applaudissements à son entrée dans l’hémicycle ont vite cédé la place à l’adversité. Il a été hué et chahuté, à sa première prise de parole. Mais, il faut dire qu’il l’a bien cherché. Car, sitôt arrivé, il s’est placé sur la ligne du groupe, en cognant sur le régime, son chef et ses députés. «Ce qu’on n’a pas fait en 7 ans, ce n’est pas en 5 ans qu’on va le faire. Si Macky Sall n’a pas réalisé 500.000 emplois en 7 ans, ce n’est pas en 5 ans qu’il va réaliser 1 million d’emplois», dit-il, entre autres, sur Macky Sall et son pouvoir. Le projet de loi, il le qualifie de «réforme déconsolidante», qui va conduire à un régime «présidentialiste», dans lequel, Macky Sall, au lieu d’être le chef de l’exécutif, sera à lui seul l’exécutif. Il souligne aussi que cette réforme introduit une «rupture d’égalité entre les citoyens». Car, explique-t-il, on ne peut pas permettre à un député nommé ministre de reprendre son poste quand il quitte le gouvernement et ne pas donner la même possibilité au député nommé Directeur général. Sur la suppression du poste de Premier ministre, Abdoul Aziz Diop, en juriste révèle que ce dernier a trois sorts : il a d’abord léché, ensuite lâché puis lynché. Cette fois-ci, à défaut d’être léché, Mouhamed Dionne est lâché par le président de la République et la majorité parlementaire.
Mais, à peine avait-il pris la parole, qu’il a mis la majorité hors d’elle. Des huées et des chahuts ont fusé de partout. C’est à peine si on l’entendait, pour le reste de sa prise de parole, qu’il a tenu à assurer entièrement, malgré l’ambiance hostile. Farba Ngom, dans son coin, lançait en boucle : «tu es nouveau, tu es nouveau». Abdou Mbow, qui connaît bien le nouveau député, dans un ton plus amical, a lui aussi lancé en wolof : «gan du yewwi bëy (un étranger doit savoir raison garder)». Mais, du côté de l’opposition, on se délectait de la combativité du nouvel arrivant. «La relève est assurée», a lancé la députée libérale de la diaspora, Mame Diarra Fam.
Mbaye THIANDOUM