Comme il est de coutume depuis la déclaration du coronavirus au Sénégal, les autorités sanitaires ont tenu, ce samedi, le point mensuel de la situation de la maladie au Sénégal. Dans l’ensemble des déclarations, on note une tendance baissière de l’évolution du virus, mais Abdoulaye Diouf Sarr et son équipe continuent d’exhorter les populations au respect des mesures barrières pour endiguer définitivement l’épidémie. Une occasion pour le professeur Seydi d’annoncer les recherches entreprises pour un nouveau traitement dédié au cas graves.
Abdoulaye Diouf Sarr : «l’application des mesures barrières est la meilleure arme dont nous disposons pour freiner le virus»
Le ministre de la Santé est clair. Abdoulaye Diouf Sarr prévient que personne ne sait quand cette épidémie prendra fin, ni quand un remède efficace pourra permettre au monde de s’en sortir. Dès lors, il indique que la lutte contre le Covid-19 se poursuit et doit être intensifié. «A ce jour, l’application des mesures barrières est la meilleure arme dont nous disposons pour freiner le virus. J’en appelle donc à la vigilance de tous au niveau individuel comme au niveau collectif, surtout pour protéger les personnes vulnérables», indique le ministre.
Dr Marie Khemess Ngom Ndiaye : «le grand défi est et reste la détection rapide et le suivi adéquat des cas graves»
Revenant sur différentes stratégies de lutte adoptées depuis le début de la riposte, Dr Marie Khemess Ngom soutient que «l’évolution de toutes ces lignes conductrices a été faite en fonction de l’ampleur et de la gravité de la maladie, qui se comporte aujourd’hui en dents de scie, même si, par endroit, il y a une tendance relative à la baisse. Le grand défi est et reste la détection rapide et le suivi adéquat des cas graves».
Dr Abdoulaye Bousso : «actuellement, 20 personnes sont infectées sur 100 habitants, contre 81 au mois de juin»
Au début de cette épidémie, seul l’Institut Pasteur était en mesure de faire les tests, mais aujourd’hui, nous avons cinq laboratoires qui interviennent dans les tests-diagnostics avec l’Iressef, le laboratoire de l’hôpital Le Dantec, celui de l’Hôpital militaire de Ouakam et le Laboratoire national de santé public sis à Thiès ; et si on fait le cumul des tests réalisés par ces différents laboratoires, nous sommes à plus de 150.000 tests. Sur le plan épidémiologique, Dr Abdoulaye Bousso affirme que nous sommes à 14.000 cas; seuls 9 districts sur les 79 sont épargnés et 13 sont devenus inactifs après avoir connu une contamination. C’est aux mois de juin, juillet et août que le Sénégal a connu plus de contaminations avec plus de 3000 cas. Concernant les décès, Dr Bousso soutient qu’ils sont calqués sur le nombre de cas, plus le nombre de malades augmente, plus on enregistre des décès. Abdoulaye Bousso de révéler que les patients de plus de 60 ans représentent près de 73% des décès.
«51% des malades sont des jeunes, mais les patients de plus de 60 ans représentent près de 73% des décès»
Pour confirmer la tendance baissière annoncée par le Dr Marie Khemess Ngom, le Directeur du Cous révèle que les 4 dernières semaines, ils ont noté une baisse dans le nombre de malades. A l’en croire, ce ralentissement de la contamination est dû à l’application des dernières mesures prises par les autorités. «La limitation des mouvements, l’interdiction des manifestations etc., ont eu une répercussion objective sur l’évolution de la maladie. «Nous avons aujourd’hui une moyenne de 1,7% de taux de reproduction du virus. Comme moyenne nationale, nous sommes à 20 personnes infectées sur 100, alors que nous étions à 81 au cours du mois de juin», renseigne Dr Bousso, qui admet par ailleurs que malgré tous ces résultats probants, ce n’est pas le moment de faire du triomphalisme. «Objectivement, les chiffres sont en train de diminuer, mais il faudra que l’on arrive à garder ce rythme avec le respect des mesures barrières, surtout avec les prochaines rentrées. Il ne faut pas oublier que 51% des malades sont des jeunes. Il en est de même pour les manifestations religieuses, pour lesquelles des mesures fortes vont être prises pour nous permettre de continuer cette tendance à la baisse», affirme-t-il.
Pr Moussa Seydi : «le Sénégal travaille sur un nouveau traitement»
L’association azythromycine-hydroxychloroquine n’étant pas efficace pour soigner les cas graves de coronavirus, le Sénégal est en train d’étudier un traitement approprié, d’après le professeur Moussa Seydi. C’est lors du point mensuel consacré à la lutte contre le coronavirus qu’il a révélé que l’Institut Pasteur de Dakar et le service des maladies infectieuses de Fann ont initié une étude scientifique en vue d’évaluer l’efficacité d’un médicament dans les formes sévères du Covid-19. Selon le professeur Seydi, il s’agit d’un médicament disponible depuis plus de 20 ans, qui a une action anticoagulant et anti-inflammatoire efficace chez l’homme. «Ces deux actions sont indispensables à obtenir dans le cadre de la prise en charge des formes graves. C’est pour cette raison qu’au Sénégal, nous avions inclus dans notre prise en charge l’utilisation des anticoagulants et des corticoïdes comme les anti-inflammatoires bien avant les recommandations de l’Organisation mondiale de la santé. Le projet a démarré le 14 août 2020 conformément au protocole de recherche validé par le comité d’éthique nationale pour la recherche en santé», indique-t-il.
Ndèye Khady DIOUF