Les travailleurs de l’hydraulique ont tenu une rencontre nationale, hier, à Louga. Le secrétaire général Yelly Coulibaly et ses camarades ont égrené un chapelet de problèmes et affiché leurs inquiétudes quant à leur avenir, avec le processus de privatisation des forages. Dénonçant cette démarche à laquelle ils ne sont même pas associés, les travailleurs fustigent l’attitude du ministre Mansour Faye, qui les snobe malgré les nombreuses saisines. Suffisant pour qu’ils le traitent de dictateur, qui n’a aucune compétence pour gérer le secteur, mais à qui on a confié un domaine aussi névralgique, avec un pactole de plus de 100 milliards, juste parce qu’il est gendre du chef de l’Etat.
Les travailleurs de l’hydraulique se sont réunis, hier à Louga, sous la houlette de leur secrétaire général. Une occasion pour Yelly Coulibaly de revenir sur leurs difficultés et surtout la menace qui pèse sur leurs emplois, avec la cession du secteur à des privés (Ofor et Sde). «Nous nous sommes rencontrés aujourd’hui, parce que nous sommes inquiets. On s’est réveillé un beau jour et on a constaté la présence de la Sde dans le secteur (gestion des forages). On lui a déjà donné Diourbel et Thiès. Aujourd’hui, la Sde est présente à Louga. Elle va prendre aussi Linguère, Ndioum, Matam. Et le gouvernement n’a jamais informé les travailleurs», explique le patron du Syndicat national des travailleurs de l’hydraulique.
Ce dernier est d’autant plus inquiet que, pour ces premières implantations, la Sde a largué les travailleurs locaux. «Pour les privés de Louga, on n’a pris qu’une seule personne. A Thiès, Idem. Aujourd’hui, les gens pensent qu’ils vont tous perdre leurs emplois», note-t-il.
Pour lui, «depuis qu’on a mis en place l’Ofor, le travail ne marche plus correctement». Sans complaisance, il assène : «les gens qui sont à l’Ofor ne savent même pas attacher leur pantalon. Ils ne savent même pas ce qui se passe. Ofor n’a pas les reins solides. Jusqu’à présent, ce sont les travailleurs qui interviennent dans les forages donnés aux privés. Il faut qu’on discute de tout cela, mais le ministre Mansour Faye nous snobe».
«Mansour Faye est un dictateur…C’est comme s’il avait plus de pouvoir que le président de la République»
Très remonté contre la tutelle, le Sg des travailleurs de l’hydraulique tire à vue sur Mansour Faye. «Il y a beaucoup de problèmes. On a écrit sept lettres au ministre de tutelle Mansour Faye. Mais il n’a pas daigné répondre. Le problème de l’hydraulique, c’est Mansour Faye. Il n’a pas les compétences pour gérer le secteur de l’hydraulique. Juste parce que le Président est son gendre, on lui donne un pactole de plus de 100 milliards», peste Coulibaly. Qui renchérit : «depuis qu’il est là, il ne nous a jamais conviés à des discussions. Il n’y a pas de dialogue au ministère de Mansour Faye. C’est un dictateur. Quand on lui écrit, il répond par l’indifférence». Et le syndicaliste de révéler : «depuis 2012 que Mansour Faye est là, on n’a pas versé les cotisations à l’Ipres, à la Caisse de sécurité sociale», alors que les travailleurs sont ponctionnés pour cela.
Pis, Coulibaly souligne que les recommandations qui ont été faites pour le problème de la réforme ont été «rangées dans les tiroirs» par Mansour Faye. Et alors qu’un décret avait donné 2 ans au travailleurs agents de l’Etat pour voir s’ils devaient rester au département de l’hydraulique ou aller à l’Ofor, le Sg du syndicat notre que le ministre a jeté le décret à la poubelle à son arrivée. «Quand Mansour Faye est venu, il a changé ça (le décret) par un arrêté ministériel. Un décret que le chef de l’Etat a signé, Mansour Faye l’a mis de côté, juste parce qu’il est gendre du Président. C’est comme s’il avait plus de pouvoir que le président de la République», se désole-t-il.
«On va prendre nos responsabilités»
Dépité par l’attitude de leur ministre de tutelle, les travailleurs de l’hydraulique comptent désormais faire face. «Nous sommes les travailleurs. On va prendre nos responsabilités. S’il faut un préavis de grève, je l’écris dès demain et je l’amène à Dakar. S’il faut croiser les bras, on le fera, et aucun forage ne va fonctionner», avertit le syndicaliste. Qui met aussi le gouvernement devant ses responsabilités. «L’Etat doit être conscient de ses responsabilités. La gestion de l’eau, on ne la confie pas à n’importe qui. Les privés à qui on a donné le secteur ne peuvent pas faire le travail. Et ça ne peut pas continuer ainsi. Si on doit continuer à confier nos ressources aux étrangers, on ne fera que nous appauvrir. Le secteur de l’eau, c’est nous-mêmes, Sénégalais, qui devons gérer ça», dit-il.
Mbaye THIANDOUM