Le passage du ministre de la Justice a été très mouvementé, hier, à l’Assemblée nationale. Ismaïla Madior Fall en a eu pour son grade. Tantôt taxé de tailleur constitutionnel, tantôt d’ancien professeur d’université ou d’élève politique qui veut devenir maître à la place des maîtres, le garde des Sceaux a passé une mauvaise journée, loin de son douillet bureau.
«Vos étudiants ne vous reconnaissent plus. Ils sont perdus. Ils ne reconnaissent plus ce professeur admiré et adulé dans les couloirs et amphithéâtres de la Faculté de Droit. Ils ne savent plus s’ils ont affaire au professeur ou au politique. Ils vous invitent à revenir à vos valeurs antérieures prônées», a commencé la députée libérale Marie Sow Ndiaye. Avant d’ajouter : «j’ai mal parce que j’entends parler de vous en mal. Ismaïla Madior Fall, le tailleur constitutionnel. Ce que vous disiez dans les facultés est contraire à ce que vous dites et faites en politique».
Decroix : «Vous n’êtes pas à votre place. Vous êtes arrivé en politique hier et vous voulez devenir maître»
Les oreilles de Ismaïla Madior n’avaient pas fini de bourdonner que Mamadou Diop Decroix prend le relais. Et de quelle manière. «Vous fûtes un professeur. Peut-être que vous ne l’êtes plus. Vous n’êtes pas à votre place. Vous êtes arrivé en politique hier et vous voulez devenir maître», a-t-il asséné à son tour.
Ismaïla Madior Fall : «Je ne suis pas venu pour du matériel. Ma maison est plus grande que celle de fonction qu’on m’a donnée»
Mais Ismaïla Madior Fall, comme dans un amphithéâtre, reste impassible. Il attend son heure. Le voilà debout. Avec un brin d’humour, il lance : «je suis toujours professeur et fier des milliers de Sénégalais que j’ai formés. Je suis fier de retrouver et d’écouter d’anciens étudiants dans l’hémicycle. Je suis fier d’être garde des Sceaux et fier d’être aux côtés du Président Macky Sall, un réformateur», a-t-il rétorqué sous les acclamations des députés de la majorité. «Je n’ai rien gagné en tant que ministre. Je ne suis pas venu pour du matériel. Ma maison est plus grande que celle de fonction qu’on m’a donnée. Je suis fier d’avoir été aux côtés de Macky Sall lors du référendum et du parrainage. Je suis fier que le Sénégal va organiser des élections avec moins de candidats», a défié le garde des Sceaux. Mais Mamadou Diop Decroix n’est pas surpris. Il vocifère. Sa voix faible s’élève dans la salle à force d’user de ses cordes vocales. «Vous ne gérez plus la justice, mais la politique de Apr. J’avais énormément de respect pour vous. Mais je suis déçu. Il n’y a plus de justice dans ce pays. C’est la force qui règne».
Mame Diarra Fam : «Vous tripotez, tripatouillez, gommez, serrez, effacez…»
«Mais les peuples sont plus forts que l’injustice», a appuyé Mamadou Diop Decroix. «Un professeur de votre trempe ne doit pas accepter ce qu’on te fait faire», a pilonné à son tour Mame Diarra Fam. «Xana ya moom Dakaar. Comment peux-t-u dire que Karim ne peut pas revenir au Sénégal. Karim ne payera rien. Parce qu’il ne doit rien à personne. Vous tripotez, tripatouillez, gommez, serrez, effacez. Et faites ce qui vous arrange et laissez ce qui ne vous arrange pas. Mais vous perdez votre temps. Vous serez balayés en 2019», a poursuivi la députée libérale.
Marie Sow Ndiaye : «Si Karim arrive et que vous l’emprisonniez, je vais avec lui»
Marie Sow Ndiaye de revenir à la charge «Vous opposez la loi de la force à Karim Wade. Si Karim arrive et que vous l’emprisonniez, je vais avec lui», a défié. «C’est très sérieux. Entre 2012 et 2018, Macky a enfermé plus d’adversaires politiques que Wade et Diouf», a tambouriné de nouveau, Mamadou Diop de Decroix. D’après Marie Sow Ndiaye, Ismaïla Madior est responsable des «difficultés de la population». «Quel sens donneriez-vous, aujourd’hui, à la séparation des pouvoirs telle que vous l’enseigniez à l’Université ?», a-t-elle ajouté. Pour Ababacar Thiaw, les affaires Karim et Khalifa sont programmés. «On met toute une machine judiciaire en branle contre d’honnêtes citoyens aux fins d’arracher frauduleusement aux populations un second mandat», a-t-souligné, indiquant que la majorité est prête à tout «voter pour séquestrer davantage la liberté des citoyens». Tous les cas d’injustice servent à couvrir un régime aux abois. Les Sénégalais en ont marre».
Concernant les décisions de justice à l’international contre le Sénégal, dans les affaires Karim et Khalifa Sall, Ismaïla Madior a déclaré que le «Sénégal n’a pas de problème avec elles». «La justice fonctionne. Les Sénégalais n’ont pas de problème avec justice. C’est deux individus qui ont maille à partir avec la justice. Les magistrats se sont fondés sur la loi et leur intime conviction. On ne peut pas accepter que des gens veuillent chahuter la justice, parce que leurs camarades sont en prison. On n’acceptera pas les chahuts. On ne fait pas de réforme brutale, mais celles dont notre pays a besoin. Et ce n’est pas des politiciens qui vont ternir cette image de la justice sénégalaise», a-t-il menacé, soulignant au passage : «il y a eu trop de manipulations dans les arrêts rendus par la Cedeao et le Comité des droits de l’homme des Nations Unies contre le Sénégal». Pour Cheikh Bamba Dièye, «il n’y a plus de justice au Sénégal».
Albino MANTANE
«Vos étudiants ne vous reconnaissent plus. Ils sont perdus. Ils ne reconnaissent plus ce professeur admiré et adulé dans les couloirs et amphithéâtres de la Faculté de Droit. Ils ne savent plus s’ils ont affaire au professeur ou au politique. Ils vous invitent à revenir à vos valeurs antérieures prônées», a commencé la députée libérale Marie Sow Ndiaye. Avant d’ajouter : «j’ai mal parce que j’entends parler de vous en mal. Ismaïla Madior Fall, le tailleur constitutionnel. Ce que vous disiez dans les facultés est contraire à ce que vous dites et faites en politique».
Decroix : «Vous n’êtes pas à votre place. Vous êtes arrivé en politique hier et vous voulez devenir maître»
Les oreilles de Ismaïla Madior n’avaient pas fini de bourdonner que Mamadou Diop Decroix prend le relais. Et de quelle manière. «Vous fûtes un professeur. Peut-être que vous ne l’êtes plus. Vous n’êtes pas à votre place. Vous êtes arrivé en politique hier et vous voulez devenir maître», a-t-il asséné à son tour.
Ismaïla Madior Fall : «Je ne suis pas venu pour du matériel. Ma maison est plus grande que celle de fonction qu’on m’a donnée»
Mais Ismaïla Madior Fall, comme dans un amphithéâtre, reste impassible. Il attend son heure. Le voilà debout. Avec un brin d’humour, il lance : «je suis toujours professeur et fier des milliers de Sénégalais que j’ai formés. Je suis fier de retrouver et d’écouter d’anciens étudiants dans l’hémicycle. Je suis fier d’être garde des Sceaux et fier d’être aux côtés du Président Macky Sall, un réformateur», a-t-il rétorqué sous les acclamations des députés de la majorité. «Je n’ai rien gagné en tant que ministre. Je ne suis pas venu pour du matériel. Ma maison est plus grande que celle de fonction qu’on m’a donnée. Je suis fier d’avoir été aux côtés de Macky Sall lors du référendum et du parrainage. Je suis fier que le Sénégal va organiser des élections avec moins de candidats», a défié le garde des Sceaux. Mais Mamadou Diop Decroix n’est pas surpris. Il vocifère. Sa voix faible s’élève dans la salle à force d’user de ses cordes vocales. «Vous ne gérez plus la justice, mais la politique de Apr. J’avais énormément de respect pour vous. Mais je suis déçu. Il n’y a plus de justice dans ce pays. C’est la force qui règne».
Mame Diarra Fam : «Vous tripotez, tripatouillez, gommez, serrez, effacez…»
«Mais les peuples sont plus forts que l’injustice», a appuyé Mamadou Diop Decroix. «Un professeur de votre trempe ne doit pas accepter ce qu’on te fait faire», a pilonné à son tour Mame Diarra Fam. «Xana ya moom Dakaar. Comment peux-t-u dire que Karim ne peut pas revenir au Sénégal. Karim ne payera rien. Parce qu’il ne doit rien à personne. Vous tripotez, tripatouillez, gommez, serrez, effacez. Et faites ce qui vous arrange et laissez ce qui ne vous arrange pas. Mais vous perdez votre temps. Vous serez balayés en 2019», a poursuivi la députée libérale.
Marie Sow Ndiaye : «Si Karim arrive et que vous l’emprisonniez, je vais avec lui»
Marie Sow Ndiaye de revenir à la charge «Vous opposez la loi de la force à Karim Wade. Si Karim arrive et que vous l’emprisonniez, je vais avec lui», a défié. «C’est très sérieux. Entre 2012 et 2018, Macky a enfermé plus d’adversaires politiques que Wade et Diouf», a tambouriné de nouveau, Mamadou Diop de Decroix. D’après Marie Sow Ndiaye, Ismaïla Madior est responsable des «difficultés de la population». «Quel sens donneriez-vous, aujourd’hui, à la séparation des pouvoirs telle que vous l’enseigniez à l’Université ?», a-t-elle ajouté. Pour Ababacar Thiaw, les affaires Karim et Khalifa sont programmés. «On met toute une machine judiciaire en branle contre d’honnêtes citoyens aux fins d’arracher frauduleusement aux populations un second mandat», a-t-souligné, indiquant que la majorité est prête à tout «voter pour séquestrer davantage la liberté des citoyens». Tous les cas d’injustice servent à couvrir un régime aux abois. Les Sénégalais en ont marre».
Concernant les décisions de justice à l’international contre le Sénégal, dans les affaires Karim et Khalifa Sall, Ismaïla Madior a déclaré que le «Sénégal n’a pas de problème avec elles». «La justice fonctionne. Les Sénégalais n’ont pas de problème avec justice. C’est deux individus qui ont maille à partir avec la justice. Les magistrats se sont fondés sur la loi et leur intime conviction. On ne peut pas accepter que des gens veuillent chahuter la justice, parce que leurs camarades sont en prison. On n’acceptera pas les chahuts. On ne fait pas de réforme brutale, mais celles dont notre pays a besoin. Et ce n’est pas des politiciens qui vont ternir cette image de la justice sénégalaise», a-t-il menacé, soulignant au passage : «il y a eu trop de manipulations dans les arrêts rendus par la Cedeao et le Comité des droits de l’homme des Nations Unies contre le Sénégal». Pour Cheikh Bamba Dièye, «il n’y a plus de justice au Sénégal».
Albino MANTANE