Les députés ont adopté hier la Loi de finances rectificative 2021 à la suite de son adoption en conseil des ministres. Une occasion pour le ministre des Finances et du Budget de justifier ce projet de loi. A l’en croire, avec la pandémie qui est toujours présente, le gouvernement redoute une troisième vague. Avant d’expliquer les détails de cette réorientation budgétaire d’un montant de 200 milliards destinée à la santé, à l’emploi et l’énergie.
La Loi de finances rectificative (Lfr) 2021 a été adoptée par les députés, hier, après un débat marathon de plus de six tours d’horloge. Une loi défendue par le ministre des Finances et du Budget, Abdoulaye Daouda Diallo et arrêtée à 4544,6 milliards, comprenant 878,8 milliards pour le service de la dette contre 4589,2 milliards dont un service de la dette de 946,3 milliards au titre de la Lfi, soit une baisse de 44,6 milliards en valeur absolue et de 1% en valeur relative. Pour justifier cette Lfr, Abdoulaye Daouda Diallo révèle que le gouvernement avait misé pour la fin de la pandémie en fin 2020. Malheureusement, dit-il, le Covid est toujours présent et le gouvernement redoute une troisième vague. Un des paramètres qui justifie amplement cette proposition de loi. Dans cette présente Lfr, il s’agit d’une réorientation des allocations du budget initial 2021, à hauteur d’environ 200 milliards pour prendre en charge les nouvelles dépenses liées au programme de vaccination d’un montant de 40 milliards ; à l’emploi des jeunes, notamment avec le programme Xëyu Ndaw Gni d’un montant de 150 milliards ; au complément de financement du secteur de l’énergie pour 39 milliards. La Lfr revoit aussi à la baisse les prévisions de croissance. Le Pib en 2021 est de 3,7% contre une prévision initiale de 5,2%.
L’encours de la dette pourrait se stabiliser à partir de 2025 à 56%
Abordant la question de l’endettement, le ministre d’informer que tous les critères de convergence ont été suspendus. Parmi ces projets figurent le ratio de 70% de pourcentage de la dette publique sur le Pib. En effet, même si ces critères avaient été maintenus, le Sénégal serait encore en deçà de ce plafond, d’autant plus que le ratio de la dette publique rapporté au Pib se situe à 68,8%. Poursuivant, il révèle que cette dette est aujourd’hui étendue aux entreprises du parapublic pour 6%. Ce qui fait qu’au niveau central, elle est à 62,8%. Par ailleurs, il rappelle la dette obligatoire relative à la lutte contre la pandémie pour 3,3% en 2020. A l’en croire, si ces deux éléments n’étaient pas comptabilisés, on serait nécessairement aux alentours de 59%. Ce qui est loin, dit-il, du taux de convergence de 70%. Cependant, dans les prévisions, il annonce que l’encours de la dette rapporté au Pib pourrait se stabiliser à partir de 2025 à 56%.
de 60.000 fonctionnaires en 2000, à 91.000 en 2012 et dépasse 155.000 aujourd’hui
Revenant sur l’eurobond, le ministre a salué la crédibilité du Sénégal qui en est à sa sixième expérience. Ce qui, à ses yeux, veut dire que l’économie du pays se porte bien et que les investisseurs continuent de faire confiance au Sénégal. Revenant sur le programme Xëyu Ndaw Gni d’un montant de 150 milliards, Abdoulaye Daouda Diallo a rappelé que ce n’est pas uniquement ce montant qui est réservé dans le budget aux politiques de jeunesse. En effet, une trentaine de programmes de 700 milliards sont en cours d’exécution dans ce présent budget. Ce qui lui fait dire que le programme Xëyu Ndaw Gni ne vise qu’à renforcer le processus d’inclusion des jeunes. Evoquant le recrutement des jeunes, il n’a pas manqué de préciser que la vocation de l’Etat n’est pas de recruter. Toutefois, s’il s’engage dans cette voie, c’est qu’il est devenu impératif de faire plus d’efforts dans ce domaine. Ainsi de 60.000 fonctionnaires en 2000, la fonction publique sénégalaise est passée à 91.000 en 2012. Aujourd’hui, le nombre de fonctionnaires, dit-il, dépasse 155.000. S’agissant de l’état d’exécution du Budget, le ministre des Finances a révélé que le taux d’exécution budgétaire est à 49,7% à la date du 15 juin. Mieux, il révèle que le taux d’exécution budgétaire est connu chaque jour à partir de 18 heures.
M. CISS
TOURNÉE ÉCONOMIQUE DU PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE
ADD dit comprendre «le traumatisme de l’opposition»
Suite aux remarques des parlementaires de l’opposition sur les tournées économiques du Président Sall, le coût de ces déplacements, le recrutement d’agents de sécurité considérés comme des nervis, le ministre des Finances a mis les points sur les «i» sur ces différentes allégations.
Les tournées économiques du Président Macky Sall qualifiées par les députés de l’opposition de «tournées politiques» ou encore de «tournées de propagation du Covid», le ministre des Finances n’a pas manqué de faire taire ces considérations subjectives. «Je peux comprendre le traumatisme des parlementaires de l’opposition. Ils ont particulièrement été traumatisés par cette tournée économique du Président. S’ils sont en train de dénoncer cette tournée, c’est parce qu’ils ignorent le fonctionnement normal d’un Etat ; parce que les tournées font partie des attributions de toutes les autorités administratives, préfet, gouverneur ; mais aussi du président de la République qui décide de la politique de ce pays», fait remarquer le ministre des Finances. Si on décide de la vision d’une politique et qu’on demande à ses collaborateurs de la mettre en œuvre, il est normal, dit-il, qu’à chaque fois que c’est possible, de voir l’état d’avancement de ces travaux. C’est ce qui justifie ces tournées économiques.
Les tournées économiques ne figurent pas dans un chapitre budgétaire
A la question des députés de l’opposition de savoir si les tournées économiques du chef de l’Etat ont été budgétisées, Abdoulaye Daouda Diallo de répondre par la négative. «On ne peut pas prévoir le coût d’une tournée économique dans un chapitre budgétaire, parce que la nomenclature budgétaire du pays, comme de l’Umoa, ne permet pas de prévoir une telle dépense», indique le ministre. Cependant, il révèle qu’il y a des chapitres intitulés «Missions» dans les budgets des différents ministères où il est prévu des voyages dans l’intérieur du pays de toutes les administrations, y compris la présidence de la République.
ADD : «Abdou Mbacké ne donne jamais de bonnes informations»
Concernant les hausses alléguées par le député de Bokk Gis-Gis Cheikh Abdou Mbacké concernant certaines denrées dont le riz, l’huile, le lait, entre autres, Abdoulaye Daouda Diallo relève que le parlementaire ne donne jamais de bonnes informations. «Tous les prix de 2012 sont supérieurs aux prix pratiqués actuellement, en dépit de l’inflation qui devrait justifier que nos prix soient passés à 1,2 ou 1,3», indique le ministre, avant de livrer la comparaison des prix sur le marché.
Des agents de sécurité pour la Police et la Gendarmerie et non des nervis
Le ministre des Finances a été également interpellé sur le recrutement d’agents de sécurité dans cette présente loi de finances rectificative pour un montant de 4,8 milliards. Pour certains députés de l’opposition, ces agents de sécurité riment avec nervis, comme ceux qui accompagnent le président de la République dans ses tournées. Il n’en est rien, de l’avis du patron des Finances. Le recrutement de ces agents de sécurité concerne, dit-il, 3000 auxiliaires de police pour un montant de 2,4 milliards et 3000 gendarmes adjoints et volontaires pour un montant de 2,4 milliards. Cependant, il révèle que l’Agence de sécurité de proximité sera renforcée.
M. CISS