
Quel sort pour Khalifa Sall et Karim Wade ? Les deux candidats déclarés à l’élection présidentielle de février 2019, en démêlés avec la justice, pourraient être quasiment éliminés de la course aujourd’hui, jour où la justice sénégalaise, devant deux juridictions différentes, a décidé de fixer leur sort. Hasard ou pas, les deux hommes politiques ont des destins croisés.
La journée d’aujourd’hui sera cruciale, aussi bien pour Khalifa Sall que pour Karim Wade. Tous deux candidats à l’élection présidentielle, le hasard a fait que leur sort sera fixé aujourd’hui 30 août, s’agissant surtout de leur possibilité de briguer le fauteuil présidentiel. Destins croisés, dirait-on, pour les deux hommes politiques et adversaires de l’actuel président de la République. Selon une source fiable, il s’agit bel et bien d’un hasard que le dossier de Karim Wade soit enrôlé pour aujourd’hui. «Il s’agit d’une question de délai et de légalité. C’est pourquoi cela a été fixé à cette date. Il s’agit d’un pur hasard. Car, la personne qui l’a enrôlé avait complètement oublié que ce jour tombait avec le verdict en appel de Khalifa Sall», nous confie notre interlocuteur.
Les avocats de Khalifa Sall sans espoir
En tout cas, pour Karim Wade comme pour bon nombre de militants pro Karim et pro Khalifa, le hasard n’existe pas. Pour eux, cela a été fait à dessein. Ils veulent éliminer les deux candidats, en même temps, le même jour. Car, même si Khalifa Sall a des chances devant la loi d’avoir gain de cause en cassation, ses partisans sont convaincus que ses chances sont presque nulles. Quoi qu’il en soit, les avocats du maire socialiste n’ont pas bon espoir que la Cour d’appel relaxe leur client. «Qu’est-ce qu’on peut attendre de cette Cour ? Nous avons décidé de nous retirer du procès, donc on ne peut rien attendre de cette Cour. Ils n‘ont qu’à faire ce qu’ils ont à faire et nous verrons après», lance, dépité, un conseil du maire de la capitale sénégalaise. «Ce sera sans surprise. L’histoire du pays sera encore réécrite. C’est une affaire politique, ce n’est plus une affaire d’avocat. Je pense que c’est l’homme politique, Khalifa Sall lui-même, qui doit s’en charger», lâche encore un autre conseil du maire de Dakar.
C’est dire que, pour la défense, la condamnation de leur client est quasiment certaine. Le combat ne pourra se faire que sur un autre terrain. Dans cette affaire, le Procureur général avait requis la confirmation de la peine «pour ceux qui n’ont pas soutenu leur appel, notamment Khalifa Sall et Cie. S’agissant des deux percepteurs, Lassana Diabé avait requis la relaxe. Constitué partie civile, l’agent judiciaire de l’Etat avait demandé à titre de réparation 6,830 milliards de nos francs. Si le juge Demba Kandji suit le Procureur général et condamne Khalifa Sall à 5 ans de prison ferme, les chances du maire de Dakar de se présenter aux joutes électorales seront encore très réduites. En tout cas du côté des avocats de l’Etat, on refuse d’être prolixe. «On n’est pas Dieu. Le dossier sera vidé demain, nous espérons une condamnation et que notre constitution de partie civile soit déclarée recevable», laisse entendre un conseil de l’Etat du Sénégal.
Karim Wade a tout faux : son dossier sera jugé par le président Abdoulaye Ndiaye entouré de 5 autres magistrats, Ousmane Diagne sera au Parquet général
Autre adversaire politique de Macky Sall, Karim Wade n’en est pas mieux loti. Le candidat du Pds n’est pas non plus optimiste quant à la décision qui sera rendue aujourd’hui par la Chambre administrative. Pour cause, il estime que le Premier président de la Cour suprême est de connivence avec le régime, pour dire que son pourvoi est déjà perdu d’avance. Mais Karim Wade a tout faux. Même s’il est vrai que Mamadou Badio Camara est le Premier président de la Cour suprême, il n’est pas le président de la Chambre administrative. L’audience d’aujourd’hui sera présidée par le juge Abdoulaye Ndiaye, qui sera entouré de 5 autres magistrats. Du côté du Parquet général, c’est l’ancien procureur de la République Ousmane Diagne qui va représenter le ministère public.
Alassane DRAME