Si on n’interdit pas aux maires de Dakar et de Mermoz Sacré-Cœur des visites, celles-ci sont particulièrement filtrées. C’est presque après interrogatoire que le permis de visite est délivré. D’ailleurs, une histoire de faux permis agite actuellement la Cour d’appel de Dakar, car un des agents de cette juridiction a procuré le sésame à un conseiller qui voulait voir Barthélemy Dias. La Brigade des affaires générales (Bag) qui était chargée de l’affaire a mené une enquête en sourdine et a remis le procès-verbal au Procureur général qui doit décider de la suite.
Les dossiers de Khalifa Sall et de Barthélemy Dias sont des dossiers particulièrement sensibles. Au niveau de l’administration pénitentiaire, du juge de l’application des peines ou de la Cour d’appel, on accorde une attention particulière à ces dossiers. La preuve par le feu qui couve actuellement au niveau de la Cour d’appel de Dakar, pour un «permis de visite» qui a été délivré à un conseiller qui voulait rendre visite au maire de Mermoz-Sacré-Cœur. Il s’agit d’un faux permis de visiter, puisque, désormais, le sésame doit être délivré par le juge de l’application des peines. Mais, pour le cas d’espèce, c’est au niveau de la Cour d’appel que cela été délivré, avec le cachet du Procureur général. L’affaire est jusque-là gérée en sourdine entre le Procureur général et le Bureau des affaires générales de la Division des investigations criminelles (Dic) qui se trouve au Palais de justice Lat-Dior.
Selon des sources fiables, c’est un agent de la Cour d’appel, très connu au niveau du palais de justice, dont nous tairons le nom, qui l’a délivré au conseiller, outrepassant les instructions qui étaient de ne délivrer de permis ni pour Khalifa Sall ni pour Barthélemy Dias. Le Procureur général a interpellé tous les substituts généraux qui disent n’avoir pas mis le cachet. Après une investigation poussée et après avoir interrogé le conseiller, il a découvert que c’est cet agent qui l’a délivré, mais, avec l’aide d’une autre personne qui lui a mis le cachet. L’affaire a été ainsi confiée à la Bag, mais juste pour information. Selon nos sources, les éléments de la Bag ont fini leur enquête et ont transmis le procès-verbal au Procureur qui décidera de la suite à donner à cette affaire.
Climat de méfiance à la Cour d’Appel
Cette histoire a fini d’installer un climat délétère à la Cour d’appel, où la méfiance est de mise. Ce, surtout après le scandale des «ordres de mise en liberté» délivrés par Lamine Diagne. Jusqu’à présent, au niveau du juge de l’application des peines, la délivrance des permis pour le maire de Dakar et le maire de Mermoz Sacré-Cœur n’est pas automatique. Il faut presque passer un interrogatoire pour espérer décrocher le sésame. Après avoir fourni ses coordonnées et décliné les liens de parenté qui lient le demandeur au prévenu, on demande même au requérant son numéro de téléphone. C’est ce qui est arrivé à un proche de Khalifa Sall. Et pourtant, d’ordinaire, la présentation d’une simple carte d’identité suffisait à se faire délivrer un permis de visite. Mais, pour les deux maires socialistes, apparemment, la justice accorde une attention particulière aux visites qu’ils reçoivent.
Alassane DRAME