«Les Echos», dans sa livraison d’hier, avait donné les initiales des députés cités dans cette affaire de trafic de passeport diplomatique. Il s’agit en réalité du député Elhadj Mamadou Sall, par ailleurs président du Conseil départemental de Salémata, de son collègue Boubacar Biaye, président du Conseil départemental de Sédhiou et d’un ancien député de la douzième législature : Sadio D. Selon nos informations, ces derniers risquent gros. Si leur responsabilité est engagée dans cette affaire, il n’est pas exclu que l’immunité parlementaire de Mamadou Sall et Boubacar Biaye soit levée et qu’ils soient livrés à la justice.
Les parents des députés Elhadj Mamadou Sall et Boubacar Biaye doivent prier que cette affaire de trafic supposé de passeports diplomatiques ne soit qu’accusations gratuites et sans fondement. Sinon, ce serait la descente aux enfers pour eux. En effet, cités dans cette sale affaire d’enrichissement illicite sur fond de trafic de passeports diplomatiques, les députés Elhadj Mamadou Sall et Boubacar Biaye (par ailleurs, respectivement président du Conseil départemental de Salémata et président du Conseil départemental de Sédhiou) risquent leur avenir politique. Ils pourraient tout perdre. En effet, le chef de l’Etat a décidé, quelle que la personne citée, que toute la lumière soit faite sur cette affaire.
Ainsi, il n’est pas exclu de convoquer les députés pour audition. Et s’ils invoquent leur immunité parlementaire, les députés de la majorité vont la lever et livrer leurs collègues à la justice. Selon nos sources, le président de la République est intraitable sur le sujet.
Pour Sadio D., son cas ne va pas nécessiter la levée de son immunité. Député dans la 12e législature, il ne bénéficie plus d’immunité et par conséquent, peut être auditionné à tout moment.
À l’origine : une plainte de 2 Guinéennes qui date de décembre 2020
C’est suite à la plainte de deux ressortissantes guinéennes (la plainte date de décembre 2020) que l’affaire a éclaté. L’enquête de la police a permis de mettre la main sur E.D. Kondé, décrit comme le cerveau de cette affaire.
Interrogé, il s'est mis à table et a révélé qu'il travaille avec de hautes autorités dont des députés.
Poursuivant son déballage, E.D. Kondé révélera que ses collaborateurs députés le recevaient dans leur bureau. En complicité avec ces derniers, il confectionnait des certificats de mariage à leurs clientes pour l'obtention de passeports diplomatiques. Il mentionnait sur ces faux certificats de mariage que ses clients étaient des épouses de ces députés pour qu'elles obtiennent des passeports diplomatiques.
Une perquisition à son domicile a permis de mettre la main sur des documents compromettants contre des députés. Des bulletins d'indemnités parlementaires, des photocopies des passeports diplomatiques authentiques des députés incriminés y ont été saisis.
Madou MBODJ
L’arrestation suivie du placement en garde à vue du rappeur et membre du mouvement Y’en a marre Kilifeu, quelque heures seulement après l’arrestation du Guinéen E.D. Kondé, pour une affaire de trafic de faux passeports diplomatiques impliquant des députés de Benno Bokk Yakaar, a suscité bien des commentaires faisant un rapprochement entre les deux affaires. La vérité connue par «Les Echos» est que les deux affaires n’ont rien à voir, si ce n’est leur caractère délictuel. En vérité, l’arrestation du rappeur originaire de Kaolack fait suite à une injonction du président de la République demandant aux services de l’État de faire toute la lumière sur toutes les affaires de trafic supposé de passeport diplomatique.
Près de deux mois après les révélations sur son implication dans une entreprise de trafic supposé de visa et de passeport diplomatique, Kilifeu croyait sans doute en avoir fini avec cette histoire qui a donné un sacré coup à son engagement citoyen. Mais, en réalité, ce n’était qu’une question de temps. Et pour lui, l’adage qui dit qu’aucun crime ne reste impuni n’a jamais été aussi vrai.
C’est hier dans l’après-midi que le rappeur du groupe Keur Gui de Kaolack, Kilifeu, a été arrêté par les éléments de la Division des investigations criminelles (Dic). Selon des informations, le célèbre artiste et activiste sénégalais a été cueilli par des policiers avant d’être conduit dans les locaux de la Dic.
Cette interpellation ayant coïncidé avec l’arrestation du Guinéen E.D. Kondé, pour une affaire de trafic de faux passeports diplomatiques impliquant des députés de Benno Bokk Yakaar a suscité moult commentaires. Certains ont vite tenté de faire un rapprochement entre les deux affaires. Deux affaires pourtant pas du tout liés.
Selon nos sources, l’arrestation suivi du placement en garde à vue du rappeur et membre de Y’en a marre fait suite à une injonction du président de la République invitant les services compétents de l’État à faire toute la lumière sur toutes les affaires de trafic de passeport diplomatique.
Et le moins que l’on puisse dire, c’est que pour la réhabilitation de l’image du Sénégal à l’étranger, cette mesure est plus que la bienvenue. Pour rappel, en juillet 2018, l’Union européenne, dégoutée par la façon dont les passeports diplomatiques sont délivrés à Dakar, avait émis son souhait d’exiger le visa Schengen aux diplomates sénégalais. Et n’eût été l’Espagne qui avait opposé son veto, c’est toute la diplomatie sénégalaise et son fort rayonnement international qui allaient s’écrouler le temps d’une rencontre. C’était donc plus qu’urgent de sauver les officiels sénégalais en mettant fin au désordre causé par les passeports diplomatiques distribués au Sénégal à tort et à travers.
En effet, à l’instar des Etats-Unis, les pays de l’Union Européenne, y compris la France, voulaient adopter cette nouvelle mesure de restriction pour limiter les nombreuses entrées de faux «officiels» sénégalais en Europe.
Rappelons que l’administration américaine avait, elle aussi, adopté des mesures de restriction sur les passeports diplomatiques sénégalais. En effet, de nombreuses plaintes contre des Sénégalais détenteurs de ces passeports avaient été déposées par des hôpitaux et des cliniques américains. D’après ces plaintes, ces Sénégalais se faisaient soigner et quittaient les structures de santé américaines sans payer.
Le département d’Etat américain avait ainsi mené une étude sur certains proches de diplomates sénégalais auteurs de ces faits. Et le rapport avait révélé que «des épouses et des enfants de diplomates, titulaires de passeports diplomatiques africains (sénégalais), laissent les soins et consultations impayés dans les structures de santé américaines».
Pour remédier à cette situation, les autorités américaines avaient invité leurs homologues sénégalais à être plus attentives et vigilantes dans la délivrance de ces documents de voyage. Et «si rien n’est fait au niveau des autorités sénégalaises, nous serons obligés de refuser l’entrée dans le territoire des Etats-Unis, à tout Sénégalais détenteur de passeport diplomatique», avaient-t-elles averti. C’est dire qu’il fallait forcement mettre fin à ce désordre. Heureusement que l’autorité a sévi.
Sidy Djimby NDAO
Les parents des députés Elhadj Mamadou Sall et Boubacar Biaye doivent prier que cette affaire de trafic supposé de passeports diplomatiques ne soit qu’accusations gratuites et sans fondement. Sinon, ce serait la descente aux enfers pour eux. En effet, cités dans cette sale affaire d’enrichissement illicite sur fond de trafic de passeports diplomatiques, les députés Elhadj Mamadou Sall et Boubacar Biaye (par ailleurs, respectivement président du Conseil départemental de Salémata et président du Conseil départemental de Sédhiou) risquent leur avenir politique. Ils pourraient tout perdre. En effet, le chef de l’Etat a décidé, quelle que la personne citée, que toute la lumière soit faite sur cette affaire.
Ainsi, il n’est pas exclu de convoquer les députés pour audition. Et s’ils invoquent leur immunité parlementaire, les députés de la majorité vont la lever et livrer leurs collègues à la justice. Selon nos sources, le président de la République est intraitable sur le sujet.
Pour Sadio D., son cas ne va pas nécessiter la levée de son immunité. Député dans la 12e législature, il ne bénéficie plus d’immunité et par conséquent, peut être auditionné à tout moment.
À l’origine : une plainte de 2 Guinéennes qui date de décembre 2020
C’est suite à la plainte de deux ressortissantes guinéennes (la plainte date de décembre 2020) que l’affaire a éclaté. L’enquête de la police a permis de mettre la main sur E.D. Kondé, décrit comme le cerveau de cette affaire.
Interrogé, il s'est mis à table et a révélé qu'il travaille avec de hautes autorités dont des députés.
Poursuivant son déballage, E.D. Kondé révélera que ses collaborateurs députés le recevaient dans leur bureau. En complicité avec ces derniers, il confectionnait des certificats de mariage à leurs clientes pour l'obtention de passeports diplomatiques. Il mentionnait sur ces faux certificats de mariage que ses clients étaient des épouses de ces députés pour qu'elles obtiennent des passeports diplomatiques.
Une perquisition à son domicile a permis de mettre la main sur des documents compromettants contre des députés. Des bulletins d'indemnités parlementaires, des photocopies des passeports diplomatiques authentiques des députés incriminés y ont été saisis.
Madou MBODJ
L’arrestation suivie du placement en garde à vue du rappeur et membre du mouvement Y’en a marre Kilifeu, quelque heures seulement après l’arrestation du Guinéen E.D. Kondé, pour une affaire de trafic de faux passeports diplomatiques impliquant des députés de Benno Bokk Yakaar, a suscité bien des commentaires faisant un rapprochement entre les deux affaires. La vérité connue par «Les Echos» est que les deux affaires n’ont rien à voir, si ce n’est leur caractère délictuel. En vérité, l’arrestation du rappeur originaire de Kaolack fait suite à une injonction du président de la République demandant aux services de l’État de faire toute la lumière sur toutes les affaires de trafic supposé de passeport diplomatique.
Près de deux mois après les révélations sur son implication dans une entreprise de trafic supposé de visa et de passeport diplomatique, Kilifeu croyait sans doute en avoir fini avec cette histoire qui a donné un sacré coup à son engagement citoyen. Mais, en réalité, ce n’était qu’une question de temps. Et pour lui, l’adage qui dit qu’aucun crime ne reste impuni n’a jamais été aussi vrai.
C’est hier dans l’après-midi que le rappeur du groupe Keur Gui de Kaolack, Kilifeu, a été arrêté par les éléments de la Division des investigations criminelles (Dic). Selon des informations, le célèbre artiste et activiste sénégalais a été cueilli par des policiers avant d’être conduit dans les locaux de la Dic.
Cette interpellation ayant coïncidé avec l’arrestation du Guinéen E.D. Kondé, pour une affaire de trafic de faux passeports diplomatiques impliquant des députés de Benno Bokk Yakaar a suscité moult commentaires. Certains ont vite tenté de faire un rapprochement entre les deux affaires. Deux affaires pourtant pas du tout liés.
Selon nos sources, l’arrestation suivi du placement en garde à vue du rappeur et membre de Y’en a marre fait suite à une injonction du président de la République invitant les services compétents de l’État à faire toute la lumière sur toutes les affaires de trafic de passeport diplomatique.
Et le moins que l’on puisse dire, c’est que pour la réhabilitation de l’image du Sénégal à l’étranger, cette mesure est plus que la bienvenue. Pour rappel, en juillet 2018, l’Union européenne, dégoutée par la façon dont les passeports diplomatiques sont délivrés à Dakar, avait émis son souhait d’exiger le visa Schengen aux diplomates sénégalais. Et n’eût été l’Espagne qui avait opposé son veto, c’est toute la diplomatie sénégalaise et son fort rayonnement international qui allaient s’écrouler le temps d’une rencontre. C’était donc plus qu’urgent de sauver les officiels sénégalais en mettant fin au désordre causé par les passeports diplomatiques distribués au Sénégal à tort et à travers.
En effet, à l’instar des Etats-Unis, les pays de l’Union Européenne, y compris la France, voulaient adopter cette nouvelle mesure de restriction pour limiter les nombreuses entrées de faux «officiels» sénégalais en Europe.
Rappelons que l’administration américaine avait, elle aussi, adopté des mesures de restriction sur les passeports diplomatiques sénégalais. En effet, de nombreuses plaintes contre des Sénégalais détenteurs de ces passeports avaient été déposées par des hôpitaux et des cliniques américains. D’après ces plaintes, ces Sénégalais se faisaient soigner et quittaient les structures de santé américaines sans payer.
Le département d’Etat américain avait ainsi mené une étude sur certains proches de diplomates sénégalais auteurs de ces faits. Et le rapport avait révélé que «des épouses et des enfants de diplomates, titulaires de passeports diplomatiques africains (sénégalais), laissent les soins et consultations impayés dans les structures de santé américaines».
Pour remédier à cette situation, les autorités américaines avaient invité leurs homologues sénégalais à être plus attentives et vigilantes dans la délivrance de ces documents de voyage. Et «si rien n’est fait au niveau des autorités sénégalaises, nous serons obligés de refuser l’entrée dans le territoire des Etats-Unis, à tout Sénégalais détenteur de passeport diplomatique», avaient-t-elles averti. C’est dire qu’il fallait forcement mettre fin à ce désordre. Heureusement que l’autorité a sévi.
Sidy Djimby NDAO