Un des deux membres du Comité qui ont dénoncé très tôt la question des perdiems finalement abandonnée au sein du comité de suivi di Covid-19, Toussaint Manga, que nous avons joint, veut que la page soit tournée pour ne pas parasiter le travail de la structure. Toutefois, il n’a pas du tout apprécié que d’autres tentent de faire croire que ce débat ne s’est jamais posé. Considérant que le Général Ndiaye est animé de la volonté de bien faire et dans la totale transparence, le député incite les ministères concernés à jouer le jeu et à ne pas faire dans la rétention d’informations, ce qui porterait du tort au travail du comité. Comprenant la démission d'Habib Sy qui, avec lui, avait porté le combat contre les perdiems, il n’en partage pas cependant la raison. Lui préfère rester et dire non à chaque fois que de besoin, même s’il est mis en minorité, avec le système de vote comme mode de prise des décisions.
Autant il ne veut pas insister sur ce débat de perdiems qui parasite le travail du comité Covid-19, autant Toussaint Manga ne veut pas qu’on tente de nier les faits qui, insiste-t-il, ne souffrent d’aucune ambiguïté. «Il est temps qu’on finisse avec cette polémique. J’estime que nous avons l’obligation de dire la vérité. Il était bel et bien prévu qu’il y ait un perdiem dans le cadre du travail. C’était écrit noir sur blanc. (…) Il a été présenté un budget où il y avait une rubrique indemnité et il était à la charge des membres de dire si oui ou non elle allait être retenue», a martelé le député libéral. Toussaint Manga précise que le montant global qui était prévu pour cette rubrique était de 107 millions. Seulement, il n’y avait aucun autre détail sur la manière dont cette somme devait être répartie entre les membres du comité. Ainsi, souligne-t-il que le fait de dire que chaque membre devrait recevoir 3,5 millions n’est pas une présentation exacte des faits, du moment que rien n’a été dit sur la répartition de la somme.
«On devait discutait du règlement intérieur…Par digression, on a évoqué le budget et la question des perdiems»
Prenant le contre-pied de ceux qui veulent faire croire que ce débat de perdiems ne s’est jamais posé au sein du comité, le représentant de l’opposition parlementaire (Groupe Démocratie Liberté) d’expliquer que c’est lors de la première réunion, où le débat devait porter sur le règlement intérieur, que la question des perdiems s’est invitée au débat. «On devait discuter du règlement intérieur, mais on avait aussi dans le document le projet de budget. Et par digression, on a évoqué le budget et cette digression a amené à se prononcer sur la question des perdiems, parce qu’on a vu une rubrique en ce sens dans le budget. Et il était à charge des membres de dire si oui ou non on allait maintenir cette rubrique», explique-t-il. Non sans ajouter que lui et Habib Sy ont fait savoir qu’ils n’étaient «pas d’accord» et ont demandé que le comité «ne tienne pas compte» de cette rubrique, considérant que les membres du comité devaient travailler de manière désintéressée. Il rappelle d’ailleurs qu’à sa décharge, «le Président (Macky Sall) dans son discours avait appelé à ce qu’on travaille dans le désintéressement». Poursuivant, il note : «quand le débat a été soulevé, certains ont donné leur position qui était contre celle que Habib Sy et moi soutenions ; je ne vais pas donner leurs noms. D’autres n’ont rien dit».
«Le général a eu la clairvoyance de rallier notre position»
Mais heureusement, dit-il, le président, le général Ndiaye a abondé dans le même sens qu’eux. «Il a pris la parole pour insister sur le fait de ne pas prendre de perdiems. Il a exactement dit : ‘’nous devons travailler de façon désintéressée pour promouvoir la transparence, pour l’intérêt du peuple sénégalais’’», rapporte-t-il. Mieux, le général a fini par convaincre ceux qui voulaient que la rubrique soit maintenue de changer de position. «Le général a eu la clairvoyance de rallier notre position, pour dire que c’était la bonne position. Il a demandé que les gens aillent dans ce sens. Et finalement, les gens ont accepté», soutient Toussaint Manga. Qui précise : «à la 2ème réunion, le budget est venu et la rubrique indemnité n’y figurait plus». Dès lors, il s’insurge : «ce que je n’ai pas apprécié, ce sont les sorties des uns et des autres qui ont voulu réfuter l’existence de ce débat».
«Le Comité est en train de faire un bon travail. Si ce qui est prévu est respecté, il y aura la transparence»
Même s’il a tenu à rétablir la vérité sur cette affaire d’indemnité, Toussaint Manga regrette qu’il ait pris une tournure telle qu’il ait fait de l’ombre au travail que le comité est en train d’abattre. «La question des perdiems était juste une parenthèse. Le plus important est de faire correctement le travail de suivi…Notre raison d’être est d’éclairer les Sénégalais. Et j’estime que le comité est en train de faire un bon travail. Et si ce qui est prévu est respecté, il y aura la transparence», dit-il. Le patron de l’Ujtl d’ajouter qu’il voit «une volonté du général Ndiaye de faire dans la transparence». Dès lors, il incite les ministères concernés à jouer le jeu. «On peut vouloir faire, mais si les ministères ne lui facilitent pas la tâche, ça ne marchera pas. C’est pourquoi j’alerte les ministères pour mettre à disposition toutes les informations nécessaires. Il ne faut pas qu’il y ait une rétention d’informations», soutient le parlementaire.
«Si je ne suis pas d’accord, je dis non et je ne vote pas. Et je dis au peuple que je ne suis pas d’accord»
Sur la démission d’Habib Sy, Toussaint Manga ne fait que constater. Toutefois, il n’a pas la même position que lui. «Habib Sy pense qu’on ne doit pas délibérer par vote, mais par consensus ; parce que si on passe au vote, les autres sont beaucoup plus nombreux et vont faire passer leur position facilement», souligne Toussaint Manga qui, malgré cette situation qu’il reconnaît en leur défaveur, préfère rester et défendre ses positions. Et à chaque fois qu’il sera minorisé, il exprimera sa position et rendra compte aux populations. «Moi si je ne suis pas d’accord, je dis non et je ne vote pas. Et je dis au peuple que je ne suis pas d’accord», affirme-t-il. Et d’ajouter que pour sa mission au sein du comité, il a le «devoir de dire vérité» à son groupe parlementaire qui l’a envoyé, mais aussi à son parti et surtout au peuple sénégalais.
Mbaye THIANDOUM