
Le juge du tribunal correctionnel de Dakar s'est finalement penché hier sur le dossier de trafic présumé de migrants qui implique Djidiack Diouf, manager de Viviane, la dame Coudy Kane et leurs coaccusés. Jugés pour association de malfaiteurs etc., le procureur s'en rapporte pour la peine à la décision du tribunal pour ce qui est de Djidiack et la dame Coudy Kane. Mais pour ce qui est des 4 autres prévenus, il a requis 2 ans de prison dont 1 ferme.
Dans cette affaire de trafic de migrants présumé etc. qui a éclaté depuis 2020, le manager de Viviane Chidid Ndour, Djidiack Diouf et ses coinculpés, Mamadou dit Petit Mbaye Diouf, Abdoulaye Diouf Kébé et la dame Coudy Kane ont finalement fait face au juge correctionnel de Dakar hier, mercredi 26 avril 2023, contrairement à Babacar Diongue et Kaly Soumaré, qui n'ont pas déféré à la convocation du juge. C'est pour des faits d'association de malfaiteurs, faux et usage de faux dans un document administratif, fraude portant sur des titres de voyage, faux et usage de faux en écritures publiques authentiques, en écritures privées de banque et de commerce et dans des documents administratifs que ces prévenus sont poursuivis.
Pour ces faits objet de la procédure, un réseau de trafic de visas présumés faux a été porté à la connaissance des éléments enquêteurs courant décembre 2020. Pour avoir la certitude de cette information et pouvoir frapper au cœur de cette mafia, les agents ont organisé une rencontre dans un cyber-café et à laquelle certaines personnes arrêtées avaient pris part. C'est ainsi que le 5 février 2020, ils ont procédé à leur interpellation. C'est au cours des investigations que les agents ont saisi des passeports, des livrets de famille, des certificats de mariage, relevés bancaires, des registres de commerce, des polices d'assurance, des certificats de travail etc. Les réquisitions menées ont aussi montré que les documents étaient frappés de faux matériel et intellectuel. À titre d'exemple, il y avait même des registres de commerce qui ont été délivrés à des personnes qui ne sont pas des commerçants. Et même les constatations techniques ont révélé que lorsque les services compétents ont été contactés, ils ont dit que ces documents n'émanaient pas d'eux. Par ailleurs, les téléphones portables saisis sur Djidiack Diouf, Petit Mbaye et Kaly Soumaré ont révélé, selon les réquisitions, des échanges audios et photos de passeports. S'agissant toujours de Petit Mbaye, il a été trouvé sur lui une fausse pièce d'identité du nom de Cheikh Mouhamed Nazir Niass qui serait son cousin, dont il n'a jamais rapporté l'existence, selon l'accusation. Les investigations ont aussi révélé que dans ce dossier, plusieurs passeports et photos de passeports ont été découverts dans le téléphone de Petit Mbaye. Les enquêteurs parlent de 200. Pour ce qui est d'Abdoulaye Diouf Kébé, 68 passeports ont été retrouvés chez lui. Ce dernier a été enfoncé par Mamadou Corréa qui déclarait avoir reçu un document de ses mains.
Djidiack Diouf se dédouane
Parmi ces prévenus qui avaient bénéficié d'une liberté provisoire, les quatre qui ont comparu ont nié les faits. Si on s'en tient à la version du manager de Viviane, Djidiack Diouf, c'est Babacar Diongue qui l'avait à l'époque appelé en l'invitant chez Petit Mbaye. C'est une fois là-bas, dit-il, qu'il lui a confié que des amis basés en Italie voulaient organiser un concert avec Viviane. «C'est le promoteur du spectacle qui s'occupe des visas et billets d'avion. Je n'ai jamais remis de l'argent ou document à Coudy Kane», a-t-il confié même si l'accusation lui rappelle que 4 photos de passeports ont été relevées sur son téléphone.
Les autres prévenus aussi dégagent en touche
Trouvé lui aussi avec des passeports, Abdoulaye Diouf Kébé a adopté le même système de dénégations en soutenant n'avoir jamais sollicité les services de l'employée de l'ambassade d'Italie, Coudy Kane. Pour ce qui est de Petit Mbaye, il a confié avoir appelé Babacar Diongue lorsqu'une personne établie en Italie l'a sollicité.
Travaillant à l'ambassade d'Italie depuis 1986, Coudy Kane a, elle aussi, dégagé en touche, confiant que le dossier est à la discrétion du consul.
Appelé à faire ses réquisitions, le procureur a attesté qu'il est difficile de remettre en cause les documents saisis ou les constatations techniques des enquêteurs. Ces éléments techniques, précise-t-il, sont des preuves presque parfaites. Selon toujours le représentant du parquet, de simples dénégations pour remettre en cause ces constatations ne sauraient prospérer. Tout de même, le parquetier a soutenu que sur la fraude documentaire, on ne peut pas dire avec certitude que chacun des prévenus a falsifié un titre de voyage. Il a ainsi requis la relaxe sur cette infraction puisque, selon lui, ça ne ressort pas du dossier, même si des faux ont été retrouvés sur eux. Aussi, il a requis 2 ans de prison dont 1 ferme contre Abdoulaye Diouf Kébé, Petit Mbaye, Babacar Diongue et Kaly Soumaré contre qui, dit-il, le délit d'association de malfaiteurs est constitué. Il a aussi déclaré que le trafic de migrants est constant contre Abdoulaye Diouf Kébé et Petit Mbaye. Poursuivant, le procureur a expliqué que Babacar Diongue et Kaly Soumaré tombent sous le coup de la complicité de trafic de migrants. Enfin pour ce qui est de Djidiack Diouf et de l'employée de l'ambassade d'Italie, Coudy Kane, le parquet s'en est rapporté à la sagesse du tribunal.
Délibéré le 10 mai prochain.
Fatou D. DIONE