Elle avait pris date pour ce 19 avril et elle a fini par respecter ses engagements de manifester contre le parrainage. Même si ce n’est pas à la Soweto où elle avait invité le peuple à l’y rejoindre, l’opposition, du moins ses jeunes, a donné du fil à retordre aux forces de l’ordre. Que ce soit en centre-ville, à la Médina, à l’Université Cheikh Anta Diop ou encore Grand-Yoff, c’était partout des manifestations sporadiques de jeunes contre ce projet. Conséquence ; des dizaines de jeunes arrêtés. Les leaders Idy, Gakou, Thierno Bocoum, Kilifeu… interpellés.
Aux premières heures de la matinée, le dispositif mis en place ne permettait à personne de penser à manifester. Au centre-ville où devaient se dérouler les opérations, c’est un important et impressionnant dispositif qui avait été installé sur toutes les voies menant à l’Assemblée nationale. Partout c’était des patrouilles de la gendarmerie ou de la police. Il était quasi impossible de franchir le premier rideau de sécurité installé par les forces de l’ordre. Depuis le Bloc des Madeleines, en passant par le garage Lat Dior, jusqu’au rond-point Sandaga ou encore la place de l’indépendance, la police et la gendarmerie avaient tout bouclé dès l’aube.
Gackou, le premier interpellé
C’est peu après 9h que les choses ont démarré. Malick Gakou, qui venait d’arriver par on ne sait quelle magie, réussit à se faufiler entre les mailles du filet jusqu’à atteindre le Conseil économique, social et environnemental, à quelques mètres de l’Assemblée nationale, va vite se retrouver entre les mains des forces de l’ordre, avec Babacar Ndao, membre de son parti. Ils sont conduits au commissariat central.
Thierno Bocoum et Kilifeu arrêtés aussi
Ils ne seront pas les seuls. Thierno Bocoum, qui venait d’arriver au Rond-point Sandaga, au niveau de la la Pharmacie Guigon, va aussi vite se retrouver entre les mains des policiers. Malgré les jets de pierre et autres oppositions de ses camarades, il sera conduit à son tour au commissariat central. Kilifeu de Y en a marre, qui répondait aux questions des journalistes, sera aussi interpellé.
Idy arrêté, alors qu’il était encore dans la commune de la Médina
Mais le must, ce sera l’interpellation d’Idrissa Seck au niveau du rond-point de la Médina, à mille lieues du lieu que couvre l’arrêté de Me Ousmane Ngom. Le leader de Rewmi était en train de marcher tranquillement quand il a été interpellé par des éléments de la police de la Médina. L’information de son arrestation et l’appel de Déthié Fall vont comme qui dirait doper les jeunes, la plupart des manifestants qui étaient en centre-ville vont se replier sur la Médina pour faire sortir Idy. Mais ce sera sans compter là aussi avec les policiers.
Des grenades tirées dans l’enceinte de l’hôpital Abass Ndao
Ces derniers useront de grenades lacrymogènes à satiété. Dans leur volonté de freiner les jeunes qui leur opposaient de grosses pierres et certains des manifestants qui avaient pris refuge au niveau du centre hospitalier Abass Ndao, ils vont balancer des grenades à l’intérieur de l’établissement. Des informations feront part de la mort d’un malade, des suites de cette affaire. Mais, après recoupement de l’information auprès des autorités compétentes, le major dira que c’est vrai que les malades ont souffert à cause des lacrymogènes, mais il n’y a pas de pertes en vie humaine.
L’université manifeste à la tombée de la nouvelle de l’arrestation d’Idy ; Abdoul Mbaye et Thierno Alassane Sall échappent à l’arrestation
Tout de même, malgré cela, les manifestants continueront d’exercer la pression. Les étudiants au niveau de l’Université Cheikh Anta Diop, qui suivaient l’évolution de la situation depuis le matin, vont aussi, à la tombée de la nouvelle de l’arrestation du patron de Rewmi, entrer dans la danse. L’avenue Cheikh Anta Diop va vite être fermée à la circulation, à cause des grosses pierres que lançaient les étudiants aux forces de l’ordre. Abdoul Mbaye sera finalement le seul (des leaders qui étaient sur le terrain) à n’avoir pas été pris, avec Thierno Alassane Sall. Abdoul Mbaye était effectivement sur le terrain, précisément à Sandaga, mais, il ne s’est pas fait prendre. Quand la police a voulu le prendre sous le feu nourri des grenades, il a pris ses jambes à son cou et c’est au centre commercial Bara Mboup qu’il a trouvé refuge. Il y restera un bon moment avant de s’éclipser avec ses gardes du corps.
Madou MBODJ