«Insulter, calomnier, menacer n’est plus du domaine de la liberté d’expression, mais bien du domaine délictueux». Les propos sont de Thierno Bocoum, qui réagit suite aux dérives notées ces derniers jours sur les réseaux sociaux. Pour le président du mouvement Agir, la dignité humaine est sacrée et elle doit être respectée.
La liberté d’expression est différente du libertinage. C’est ce qu’a voulu faire comprendre Thierno Bocoum. Sur une publication, le leader du mouvement Agir a fortement dénoncé comment le web est d’une certaine manière devenu un catalyseur de la violence et la colère. «Quand dans notre pays, de plus en plus, des commentateurs sont obligés de s’aplatir pour ne pas subir insultes et menaces, des journalistes n’osent plus faire correctement leur travail, des lanceurs d’alertes sont confinés à des sujets et à des arguments sous peine d’être traités de corrompus, des leaders d’opinion titubent sur les plateaux par peur de révéler leurs propres convictions».
Pour Thierno Bocoum, la situation aujourd’hui au Sénégal devient alarmante. Surtout quand la vie de certaines personnes est menacée.
«Insulter, calomnier, menacer n’est plus du domaine de la liberté d’expression, mais bien du domaine délictueux. S’aplatir, surfer sur la vague, se résigner n’est plus du domaine du choix, mais de celui de la contrainte», soutient-il.
Avant de poursuivre : «et quand, surtout, ceux-là abdiquent parce que laissés à eux-mêmes sans protection et craignant même pour leur propre vie, il y a de quoi alerter».
Pour Thierno Bocoum les agressions sur les réseaux sociaux ne doivent pas tomber dans un puits d'impunité. Et la liberté d'expression ne doit pas encourager à laisser proliférer les dérives. «Liberté ne signifie pas libertinage. Les victimes des réseaux sociaux se comptent par milliers dans notre pays et elles ne sont pas moins touchées que celles de la vie réelle confrontées à leur voisinage et à leur environnement social. Ceux qui n’ont pas une capacité de résilience leur permettant de multiplier par zéro les attaques virtuelles et de rester scotchés à leurs rôles respectifs doivent être protégés».
Rappelant l'article 7 de la Constitution sénégalaise, Thierno Bocoum soutient que la dignité humaine est sacrée. Et son respect et sa protection sont une obligation légale. Pour l’ancien parlementaire, les opinions et avis sur nombreux sujets peuvent être différents. Toutefois, il est important de débattre dans le respect sans pour autant heurter par les insultes et injures. «Nous ne sommes pas forcément toujours d’accord avec les opinions des uns et des autres, mais nous devons nous battre pour qu’ils puissent avoir leur propre opinion, ainsi que ceux qui leur répondent, dans le respect strict de la liberté d’expression et de la dignité humaine».
Khadidjatou DIAKHATE