L’ancien ministre de l’Energie a bel et bien démissionné de son poste et n’a pas du tout été démis pour incompétence, comme le soutient le Premier ministre. La preuve, ce jour-là, en allant au palais, conscient des conséquences de son refus de signer le contrat avec Total, il avait rédigé et amener avec lui sa lettre de démission. Une démission à propos de laquelle Thierno Alassane Sall, qui était l’invité de l’émission «Le Talk» sur la Sen Tv, affirme avoir discuté avec le Premier ministre, la veille et avant d’entrer dans le bureau du Président, le 2 mai 2017.
Thierno Alassane Sall n’a pas quitté le ministère de l’Energie pour incompétence, comme l’a affirmé le Premier ministre. «Le Premier ministre sait bien qu’il ne s’agit pas de compétence ou d’incompétence. Il s’agit de trahir le Sénégal ou de ne pas le trahir, car vous contournez le texte de loi, le code et le décret d’application, pour amener un ministre à signer ce qui vous plait…», a martelé l’ancien ministre. Revenant sur les péripéties qui ont abouti à sa démission, le 2 mai 2017, Thierno Alassane Sall note d’abord qu’il a envisagé une première fois de démissionner, le 24 avril 2017 et avait même rédigé la lettre de démission, avant de se rétracter. Poursuivant, il explique comment, le jour de la signature du contrat avec Total, il a refusé de le faire d’abord devant le Pm, qui ne s’est pas privé de lui signifier la conséquence d’un tel refus. «Il (le Pm) a demandé à me voir en aparté et a voulu savoir si je maintenais ma décision de ne pas signer. Il savait déjà ma position puisqu’on avait longuement discuté la veille. Il me dit : ‘’Mon frère, comment est la situation ? Il faut signer parce que... C’est bon, il faut y aller!’’ Je lui réponds que ‘’je ne compte pas signer parce qu’il n’y a rien de nouveau par rapport à la dernière proposition que j’ai reçue ce matin. Les autres ont présenté une meilleure offre’’. Il revient à la charge et me demande si je connais le prix de l’inaction. Je lui rétorque que c’est le sachant que je suis venu avec ma lettre de démission, qui était sous enveloppe beige», a expliqué l’ancien ministre de l’Energie.
«Je respecte le Président, pour le moment, je ne vais pas raconter ce qui s’est passé dans le secret de son cabinet»,
Thierno Alassane Sall ajoute qu’après cela, Mahammed Boun Abdallah Dionne, qui avait par-devers lui un IPad à puce, a échangé des textos avec quelqu’un, avant de revenir à lui. «’’Monsieur le ministre, j’aurais aimé que vous soyez Premier ministre pour mesurer vos propos’’, me dit-il. Sur ces entrefaites, il est allé rencontrer le président de la République pendant 2 à 3 mn. Après cela, ils ont fait appel à moi», narre-t-il. Et il ne veut pas en dire plus. «Etant donné que je respecte le Président, pour le moment, je ne vais pas raconter ce qui s’est passé dans le secret de son cabinet», souligne-t-il, avant de laisser le chef du gouvernement avec sa conscience. «Ce que je refusais, quelqu’un l’a signé le soir même. Dans des conditions où il n’y avait pas encore de passation de service, le décret n’était pas encore publié... (…). Je considère que j’ai dit ce que je devais dire dans cette affaire. Ce jour-là, quand je suis arrivé à la Présidence, j’avais en main une enveloppe beige. Ma lettre de démission était à l’intérieur. Le Premier ministre le sait très bien. On en a discuté, avant d’entrer dans le bureau du Président. Je m’en arrête là», soutient-il.
Mbaye THIANDOUM